La salle est d’un silence complet quand les dialogues s’installent, fusent, explosent, retrouvent le calme. Les adultes et les enfants du film sont remarquables, les situations justes et complexes à souhait. Le spectateur reçoit des informations que n’ont pas les personnages. Ainsi de cette tache de peinture qu’Ahmad (Ali Mosaffa) se fait dans la maison que Samir (Tahar Rahim) est en train de repeindre. Pendant une bonne partie du film, cette tache va apparaître à l’écran puisqu’Ahmad sera tourné de telle sorte qu’on la voie tandis que le personnage semble ne pas y donner d’importance. A la fin du film pourtant, cette tache aura eu son importance, d’autant plus que Samir tient un commerce en ville, un pressing, ce lieu où, en principe, on nettoie les vêtements, t-shirts ou robes…
Mais, sans dévoiler toutes les questions que pose le réalisateur, on peut dire ici ce qui fait le ressort du film (comme, d’ailleurs celui du précédent film du réalisateur, Une séparation) : chacun, dans sa vie, même agissant sans volonté de nuire, produit des effets sur la vie de celles et ceux qu’il côtoie. On peut en chercher les causes et les explications, on rebondira sur des réponses insatisfaisantes. Ainsi, Samir, qui envisage de se marier avec Marie (Bérénice Bejo), refait les peintures de sa maison quand Marie fait venir d’Iran Ahmad pour officialiser leur divorce. Samir (allergique à la peinture !) fait ce qui lui semble juste, ignorant que sa peinture fraîche tachera le t-shirt d’Ahmad, t-shirt que ce dernier portait peut-être quatre ans auparavant quand il vivait avec Marie. Ce qu’on fait dépasse les intentions qui ont décidé de nos actes. Faut-il revenir sur le passé ? Tout chercher à expliquer ? Est-ce que ça change le passé ? Sans doute non. Est-ce que ça change le présent ? « Moi, je veux avancer », affirme Marie.