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L'auteur :
Jack Trevor Story (1917-1991) est un écrivain britannique extrêmement prolifique, qui publia des dizaines de romans sous psudonyme, touchant à divers genres. Il est le créateur de plusieurs séries policières populaires. Autodidacte, son oeuvre est marquée par la culture ouvrière et par les aléas de sa fortune personnelle, qu'il s'agisse de ses amours agitées ou de revers financiers. sa vie en dent de scie, sa désinvolture, son humour et son sens de l'empathie le rapprochent de son maître en écriture William Saroyan.
L’histoire :
Alors qu’il vadrouille en forêt par un beau jour d’été, Abie, petit garçon de quatre ans, bute sur le corps d’un homme étendu au milieu des fougères et des rhododendrons, en ce charmant coin de campagne anglaise. Harry est mort, et son cadavre est bien encombrant pour les membres de la petite communauté qui peuple la lande de Sparrowswick. Plusieurs fois découvert, caché, enterré, exhumé au cours d’une même journée, le défunt déclenche une série de quiproquos, et sera le révélateur des turpitudes secrètes des villageois, qui tous ont de bonnes raisons de craindre d’être accusés de meurtre. Mais l’incident, cause de beaucoup d’angoisse, encouragera également le rapprochement de quelques êtres, les situations aigues stimulant semble-t-il sentiments et passions...
En quelques phrases percutantes, Jack Trevor Story excelle à croquer une série de portraits particulièrement savoureux : le capitaine Wiles, balourd et piètre chasseur, la jeune mère d’Abie, sexy et sans complexes, Sam Marlow, artiste raté mégalomane, Miss Graveley, vieille fille en mal d’amour, ou encore Mark Douglas, promoteur immobilier et séducteur invétéré.
Ce que j’ai aimé :
Ce cher Harry, qui ne semble manquer à personne, va être enterré, déterré, réenterré dans une suite de gags burlesques servis par des dialogues enlevés.
Le rythme est rapide car les indécisions quant au sort de Harry fluctuent au fur et à mesure des pages et des rencontres : faut-il informer la police ? Le capitaine a-t-il tiré sur lui ou sur un hérisson ? Qu'a vu le petit Abie ?
Les personnages sont bien campés, drôles et déjantés : un chasseur de papillons décalé, une jeune veuve ravie, un artiste peintre de talent encore méconnu, un capitaine indécis, un vagabond amateur de chaussures, un chasseur de femmes...
« Mark Douglas était un amateur de blondes. C'était aussi un amateur de brunes, de rousses, d'albinos, de négresses, de mulâtresses, de sémites, d'Asiatiques et de réceptionnistes d'hôtel. Mark Douglas était amateur de tout ce qui portait jupe et ne jouait pas de cornemuse. »
Si le sujet principal reste la mort d'Harry, pourtant nous ne sommes pas dans un roman policier. Harry méritait sa mort, personnage peu sympathique, il est clair pour tous qu'il est mieux là où la mort l'a envoyé. Ce prérequis permet de jouer sur un autre terrain, point d'enquête, le but va plutôt être de cacher ce cadavre un peu encombrant.
« - Quelle a été votre réaction ?
- Mal au cœur, dit Jennifer laconiquement. Vous avez vu sa moustache et ses cheveux crêpés ?
Sam hocha la tête en signe d’assentiment.
- Seulement, dit-il, quand je l’ai vu il était mort.
Jennifer haussa les épaules.
- Il était exactement pareil de son vivant, sauf qu’il était vertical. » (p. 81)
Ce court roman jubilatoire a été adapté par Alfred Hitchcock en 1955.
Ce que j’ai moins aimé :
- Rien
Première phrases :
« Le petit garçon nommé Abie gravissait le chemin forestier qui menait à la lande de Sparrowswick. Son corps formait un angle aigu avec la pente raide et caillouteuse. Il serrait fermement une carabine à flèches sous son bras gauche. »
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D’autres avis :
Sandrine Jérôme http://litterature-a-blog.blogspot.fr/2013/04/mais-qui-tue-harry.html
Mais qui a tué Harry ? de Jack Trevor Story, traduit de l’anglais par Jean-Baptiste Rossi, Cambourakis, 2013, 9 euros