Les bonnes nouvelles
continuent pour les nouveaux lecteurs de l'univers Dc. Je pense principalement
à ceux qui ont découvert Aquaman avec la série des New 52. S'ils ont pu faire
ample connaissance avec Arthur Curry, et découvrir un héros enfin "déringardisé"
et prêt à vivre de passionnantes aventures, dans le tome 1, ce second album est
l'opportunité idéale pour aller fouiner un peu dans le passé de Aquaman, et de
rencontrer un des ses grands ennemis. En l'occurrence, Black Manta, dont la
haine envers le fils d'Atlantis a des racines bien profondes, qui seront peu à
peu révélées au fils des pages. Un adversaire de taille et au look effrayant,
avec cet étrange casque et cette combi noire qui marque bien les esprits.
Arthur, lui, n'a pas toujours été un héros sans peur et sans reproches. Avant
d'être le paladin de la justice que nous connaissons, il a fait partie d'un
groupe de redresseurs de torts appelé "The Others" dont chacun des
membres est chargé de conserver un des artefacts du premier roi d'Atlantis, après
l'engloutissement de ce continent mythique. Des objets à pouvoirs qui ont le
don d'attiser la convoitise de Black Manta (et d'un mandataire inconnu qui tire
les ficelles en coulisses). Celui-ci n'hésite d'ailleurs pas à tenter de
supprimer un par un les dépositaires des objets sacrés, pour s'en emparer et se
rapprocher de son but ultime : la vengeance contre Aquaman, et au passage la
domination sur ce qui restera des terres émergées, après une gigantesque
catastrophe planétaire. Vous avez dit mégalomanie?
Geoff Johns continue
donc son travail d'orfèvre avec Aquaman, sur l'exemple de ce qu'il avait pu
faire voici quelques années avec Green Lantern. Une rédéfinition lente et
efficace du personnage, de ses motivations, son caractère, ses ennemis, le tout
avec une crédibilité et une autorité qui ne lui a pas toujours été accordé
autrefois. En quelques épisodes, Johns parvient aussi à mettre en scène des
alliés tirés du passé d'Aquaman, à une époque où le héros était tellement auto-centré
sur ses propres buts et motivations qu'il en était trop égoïste et insensible
pour vraiment mériter ce titre. Cette fine équipe est attachante et équilibrée
(entre autres un russe élevé pour être le spationaute ultime, une chasseuse
africaine affriolante qui n'est pas du goût de Mera, la compagne d'Arthur, un
ancien marine hanté par les fantômes de ses camarades d'armes tombé au
combat...) et sait atteindre sa cible, à savoir décrocher la compassion et
l'attention des lecteurs. Les dessins sont aussi pour beaucoup dans l'affaire.
Ivan Reis est incontestablement un des artistes les plus propres, lisibles, et
qualifiés pour ce genre de titre. Les planches sont dynamiques, et offrent
nombre de splash page réussies et saisissantes. Aquaman est en outre une série
ultra facile à lire, qui ne nécessite pas de connaissances particulières sur
les zones d'ombre de l'univers Dc, et évite habilement temps morts et épisodes
de remplissage. Vraiment le genre d'album sympa que je recommande à ceux qui
veulent suivre une bonne intrigue super-héroïque sans devoir se farcir des
lustres de continuity. Avec un personnage dont plus personne n'attendait rien,
et qui est (re)devenu ultra cool, bien plus que son pendant chez Marvel, Namor,
dont la dernière interprétation savoureuse remonte à celle de John Byrne, dans
les années 90. Aquaman remporte momentanément la bataille des mers.