De la fessée et autres châtiments corporels pour adultes consentants

Publié le 04 juillet 2013 par Artetmanieres @ArtetManieres

Je ne sais pas trop ce qu’il se passe en ce moment mais on dirait fort que nous sommes en train d’assister au retour en force des châtiments corporels. Sauf que là, les fesses situées du coté des lanières sont aussi consentantes que la main qui tient le manche.

Les rossards noirs de la République

Petit retour en arrière. Pas trop loin quand même histoire d’éviter de vous faire laver la bouche avec du savon chaque fois que vous prononcez un juron ou que le bout de vos petits doigts souples et boudinés se pare d’une jolie couleur violette sous l’effet des coups répétés de la règle en fer de mademoiselle Bernard, votre instit’ de CE2. Vous y êtes ? Vous sentez la bonne odeur de la colle Cléopâtre …et du vêtement sacerdotal sous lequel il fallait passer pour garantir sa place de titulaire dans l’équipe-type des enfants de chœur de St Nicolas du Chardonnet. A cette époque, les contemporains avaient le bon goût de circonscrire (avec un « s » et 3 « r ») le bénéfice des brimades et autres mesures de rétorsion physiques aux seuls enfants, ce qui présentait deux avantages majeurs : plus petits, ils ne risquaient pas de se défendre et surtout, on achetait leur silence avec un sac de bonbon à 2 francs.

Petites fessées entre amis

Il faut croire qu’ils y ont pris goût puisque devenus adultes, les voilà constamment en train de présenter leur séant à la claque amicale histoire de créer des liens. C’est sûr qu’il n’y a pas mieux pour entretenir l’amitié qu’une bonne petite fessée entre amis comme dirait Alice ! Vachement plus convivial que les petits cadeaux et surtout source de plaisir immédiat, puisque notre époque est à la consommation instantanée. Une boîte de chocolat, il y a quand même des chances pour que vous ne l’avaliez pas en une fois alors que la fessée, ça se mange sans faim et quand y’en a plus, y’en a encore… Ça avait pourtant commencé plutôt sobre avec la classieuse et élégante mode du bootyshake popularisée par Beyoncé, Shakira et… Magloire. Personne n’arrivera à me faire croire qu’une telle débauche d’énergie n’appelle pas en retour une petite récompense amicale. Sauf qu’aujourd’hui, et ben ça fesse de partout ! Plus de limites. Julien Doré fesse dans le vide,  les fans de Beyoncé fessent leur idole, Paris fesse Tivité (désolé) et Delphine Batho fesse Enheim (re-désolé).  Pas moyen d’y échapper. La dernière fessée en date est encore dans toutes les têtes, même si ce n’est finalement pas trop là que ca se passe. Mettez donc 3 des plus grands fesseurs des USA, Thicke, Ph. Williams et T.I., en présence de jeunes femmes légèrement vêtues (voire pas vêtues du tout selon la version du clip qui a votre préférence). Collez leur une vraie bonne musique de fessée (ndla : toutes les musiques ne sont évidemment pas propices à la fessée mais à l’écoute d’un rythme idoine, vous sentirez immédiatement votre main entamer un mouvement de balancier devant vous). Et vous assistez à l’une des plus belles séances jamais organisée, même par Minnie et ses acolytes dans les coulisses de Disneyland. Blurred lines, c’est le coming out de la fessée dans le monde peau-lissé de la ménagère de moins de 50 ans. Et comme à la bonne époque de « Twenty fingers », même les enfants finissent pas chanter des trucs dégueulasses sous prétexte que c’est en anglais et que la musique est sympa. Et après on va accuser la télé, la démission des parents ou encore mai 68 pour expliquer que les gosses dévient…

The pl-ass to be

Du coup, parmi les lieux les plus tendances du moment émergent des endroits improbables qui explorent en profondeur ce qui se fait de mieux en matière d’auto-flagellation, à part le séminaire je veux dire. Le Cher a vu s’installer à Ass-igny ( !) la Mecque d’une pratique qu’il sera inutile de décrire lorsque je vous aurais donné son nom. La Fistinière, régulièrement visitée par des journalistes pour un pur travail d’investigation (mais bien sûr, et d’ailleurs les clients aussi viennent pour l’investigation), est en train de s’insérer doucement dans l’univers fermé des lieux où je n’ai pas du tout envie d’aller. A Paris, on peut même se faire du mal entre adultes consentants dans quelques caves aménagées pour l’occasion et dont l’équipement ressemble à s’y méprendre à une salle de sport, les menottes en plus. Pour celles et ceux qui rêvent d’un peu de dépaysement, un aller-retour à Londres vous offrira le meilleur des maisons de régression. Là, le fessier gentiment talqué par une professionnelle, vous pourrez tout à votre joie goûter les plaisirs d’un retour en enfance particulièrement prononcé. Et qui sait, vous aurez peut-être droit à quelques tapes sur la couche.

Finalement, ce qui semble aujourd’hui l’expression de la modernité n’est qu’une résurgence d’usages plus anciens mais plus discrets et si bien chantés par Brassens qu’on en avait oublié que quand même, ça fait mal au c** !

Gabriel de Calomnie