Mercredi 3 juillet a eu lieu le 17ème opus du partenariat Orange Observatoire et Terrafemina autour de la Télé LOL ou augmentée: que nous réserve la social TV ?. Vaste programme où Philippe Bailly (fondateur de NPA Conseil), Eric Scherer (Directeur Prospective de France TV) et Monique Dagnaud (sociologue au CNRS spécialiste des médias) ont livré quelques éléments de réponse. Récapitulatif.
Certaines de ces réponses peuvent surprendre : 67% des commentaires sur des programmes ont lieu APRES la diffusion et sur Facebook, (exit les LiveTweets qui ne représentent que 24% de ces commentaires). Facebook apparaît donc comme le grand gagnant même si Twitter reste le réseau de prédilection pour le live. En ce qui concerne l’expérience de la social TV, les chiffres varient selon le type de programmes : 38% des sondés sur un panel de 1052 internautes pensent que cela contribue à enrichir le contenu des programmes documentaires et des reportages, contre 35% pour les journaux télévisés et magazines d’informations, bien loin en tout cas des séries (où seulement 26% des sondés considèrent que l’expérience de la social TV vient enrichir le contenu) et des émissions de télé-réalité (11%) .
D’autres réponses elles, n’étonnent pas : oui, cette pratique de la social TV se fait plus massivement et naturellement chez les jeunes. Comme les générations antérieures ils sont conscients du caractère individualiste et voyeuriste des réseaux sociaux, mais ils s’en accommodent, l’acceptent et l’utilisent pour communiquer avec des liens faibles et élargir le spectre communicationnel. Il y a donc là selon Monique Dagnaud un « véritable clivage générationnel autour de la réception des réseaux sociaux ».
Autre constat qui n’est guère très surprenant non plus : la France est encore bien en retard. Si l’Eurovision est une des grandes réussites de France TV en matière de social TV (182 000 tweets pour 25% de part d’audience sociale) Eric Scherer nous apprend que c’est 100 fois moins que ce qui est observé aux US. Néanmoins, toutes les chaînes qui comprenant l’enjeu de la social TV (à l’heure ou 51% de la population possède un Smartphone et où l’on trouve en moyenne 6 écrans par foyer) sont en phase d’expérimentation, chacune dans son domaine. En effet, en réponse à une question dans l’assemblée : ‘Les chaînes publiques ne sont-elles pas les seules à s’intéresser, d’ailleurs timidement à la social TV ?’ Eric Scherer a défendu ses ‘collègues’ de TF1 et M6, qui expérimentent notamment en termes de téléréalité (rappelons notamment le succès de ‘The Voice’ mené par le très (ré)actif Nikos) quand France Télévisions expérimentera plus dans le sport (dispositif proposé pour le Tour de France ou Roland Garros).
Dans tous les cas, la social TV amène un changement de relation avec sa télévision ; certains positifs, d’autres moins.
Parmi les points positifs on trouve la possibilité d’établir un lien social numérique, de s’investir et selon Scherer, de prendre le contrôle, et de se défouler. La social TV a un effet cathartique, qui va inciter à la critique, aux blagues. Notons par ailleurs que selon Monique Dagnaud, cette dimension critique et cynique, si elle a été initiée au départ par le ton de Canal+ et par le secteur de la radio, ce sont les réseaux sociaux qui l’ont amplifiée. Pour elle, l’intérêt de la social TV ne réside pas dans la conversation mais dans l’enrichissement du contenu pédagogique et ludique. Néanmoins, il existe des points négatifs : certaines pratiques peuvent sembler chronophages pour l’internaute et posent de fait la question de la concentration : live tweeter par exemple c’est ne pas suivre dans sa globalité un programme car être à la recherche d’un moment, d’une réplique qui pourrait faire le ‘buzz’ au risque de perdre le fil du programme.
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