Alors qu’une femme sur 7 va développer une dépression postnatale, un test sanguin donne l’espoir de pouvoir la détecter … à l’avance, c’est-à-dire avant la naissance de l’enfant. Ces premiers résultats, passionnants, publiés dans le Journal of Psychiatry Research, fournissent la preuve préliminaire que les variations de 2 gènes spécifiques, impliqués dans les réponses au stress, pourraient servir de base à un test sanguin, capable de détecter un risque élevé de dépression pendant la grossesse et post-partum.
De nombreuses mères ne reconnaissent pas qu’elles sont touchées par une dépression postnatale, malgré des symptômes reconnaissables, des pleurs sans raison véritable, une difficulté relationnelle ou une angoisse permanente avec le bébé ou la propension à se laisser aller. Bien que des événements stressants de la vie puissent déclencher des épisodes dépressifs, la dépression postnatale aurait une composante génétique. Donc, en synthèse, une prédisposition génétique pourrait être déclenchée par des réponses hormonales au stress.
Une hormone impliquée dans les troubles de l’humeur : Pendant la grossesse, le placenta produit une hormone, la corticotrophine (CRH), qui affecte l’axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien (HHS), un réseau biologique constitué d’un certain nombre de « glandes » et d’hormones qui régulent la réponse au stress. Une augmentation de la production de CRH pendant la grossesse entraîne des changements hormonaux qui affectent l’axe HHS. A la naissance, la baisse brutale des niveaux de corticotrophine provoque un déséquilibre dans l’axe HHS qui peut conduire à des troubles de l’humeur, à l’irritabilité, bref, au « baby blues ».
Chez la plupart des femmes, ce déséquilibre ne dure que quelques jours, mais chez d’autres, c’est une dépression postnatale qui s’installe.
De petites variations génétiques : Les chercheurs de l’Université de Warwick et des hôpitaux universitaires du NHS ont cherché à identifier et étudier de petites variations génétiques appelées polymorphismes nucléotidiques simples (SNP ou Single Nucleotide Polymorphism), déjà connues pour augmenter le risque de dépression postnatale. 140 femmes ont été testées pour ces SNP puis ont passé un test de dépistage de la dépression avant et après la naissance. Il s’agissait de 2 molécules de signalisation, liées à la production de la corticotrophine, 2 gènes dont les variations étaient déjà connues pour être corrélées à la dépression (GR et CRH-R1). Sur 200 femmes enceintes et des prélèvements sanguins effectués lors des visites prénatales, les chercheurs ont cherché à identifier les variations génétiques spécifiques dans les gènes GR et CRH-R1.
Sur 140 femmes ayant terminé l’étude,
· 34 femmes (24%) ont été considérées comme à haut risque pour la DPN.
· Les auteurs constatent qu’il existe une augmentation significative du risque de DPN chez les femmes ayant 2 des variants génétiques évalués (OR : de 2,2 à 4,9),
· Parmi les femmes avec des variations spécifiques à la fois sur les gènes CRH-R1 le GR, l’augmentation du risque de dépression post-natale est encore plus élevée (OR : 5,48),
· Selon les chercheurs, chaque variante contribue au risque indépendamment.
L’étude révèle ainsi 2 variations génétiques spécifiques associées avec des réactions de stress et un risque élevé de dépression postnatale. Des résultats préliminaires mais encourageants, qui pourraient donner lieu, après études plus larges, au développement d’un test sanguin de détection de la dépression périnatale.
Source:Journal of Psychiatric Research online June 3 2013doi.org/10.1016/j.jpsychires.2013.05.003Association of glucocorticoid and type 1 corticotropin-releasing hormone receptors gene variants and risk for depression during pregnancy and post-partum
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