Naturellement, n’en r’venait pas…. S’enquérait soudain de votre présence. Quémandait alors l’indulgence de la foule silencieuse en tremblotant, perpétuellement, de la tête aux pieds : chair de poule qu’on éplume consciencieusement, et qu’on dépiaute, et qu’on écervelette gentiment, et qu’on écorche à tout va, et qu’on démembre et déchiquète. Et qu’on découpe. Harcelant, sans y croire, les barrières infranchissables de son plumard. De sa couche, se souvenant d’une image mais proprement incapable d’en dire plus. Paul-Henri, j’te remets pas… D’ailleurs plus très bien dans le bon ordre… Se mélangeant allègrement les pinceaux et les dates. Les couleurs et les chansons d’autrefois. Les prénoms. Celui qu’est là et celui qu’est pas là. Puisque sans te vouloir te contrarier mon garçon, c’est en soixante-seize et non à Pétaouchnoque que t’es né, mordicus, de mes entrailles. Quant à Julien, si j’m’abuse, l’était toujours le dernier de sa classe. Ou bien l’avant dernier en partant de la droite. Ou bien estomaqué, sur le banc de l’arbitre, à gauche du Saint-Père, non ? Et se référant alors à Bistouri, fier comme un pape, la clope au bec, embobineur de première, enjôleur de toute la ménagerie. Et résumant cette putain d’vie en une formule. Et larmoyant de n’avoir rien vu, et rien compris. Et pleurnichant de vous avoir envoyer paître quand il était encore temps. Et chagrinant chaque seconde, chaque glissade, chaque fois plus vite, et plus irrémédiable, et plus vertigineux, et plus vertical, et plus précipiteux, et définitif. Puisqu’au moins tu devrais m’écouter quand j’te parle. Puisque inaudible au possible. Puisque, juste, imperceptible, un mouvement des lèvres craquelées. Puisqu’un demi frémissement de la paupière droite. Puisqu’il faut bien extrapoler le silence. Puisque rien sous la caresse infini de mes doigts. Puisque rien sous l’interminable baiser de mes lèvres.