Et l’on rentre chez soi, le corps et l’esprit pollués par les miasmes et les salissures de nos quotidiens et de nos cités. L’on rentre chez soi, ferme la porte à la gueule de nos problèmes, à la recherche de réconfort. Et l’on vire ses chaussures, retrouve le contact avec le sol, et l’on passe ses mains et ses bras sous l’eau, les savonne, se caresse la nuque à pleine main encore humide.
Et puis on se sert un verre, de ce que l’on aime, peu importe, mais frais, branche la sono, y glisse un disque, un sans surprise un presque usé. Et on s’installe, s’assied, s’allonge, sirote, lit ou rêvasse. On s’enfuit.
On s’est retrouvée, on se lève, se dirige vers la salle de bain, ouvre le robinet, fait couler un filet d’eau à la recherche de la bonne température, tout en se déshabillant, abandonnant ses vêtement à même le carrelage, se glisse sous la douche, laisse l’eau prendre possession de toute la surface de son corps, l’enduit du liquide savonneux au parfum de nos plus lointains souvenirs, de notre plus tendre enfance. Et d’un même geste lent et ample, d’une friction circulaire à la chorégraphie tout en volutes, on fait naître de la mousse douce et odorante de la racine des cheveux à la pointe des pieds, s’y enveloppe, insiste, toujours tendrement, tendresse que l’on adresse dédie à l’enfant que l’on fut, au bébé Cadum, le rêve de toute mère d’un autre siècle, ce bébé bien décevant qui a trouvé un refuge en nous pour notre éternité.
Alors, enfin, on se résout à se rincer, mais trop vite pour ne pas rompre le charme. Et on referme le robinet, s’enveloppe d’une serviette, y emprisonne cette odeur redevenue nôtre, cette senteur jusqu’à l’endormissement.
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