METAL - Crimson Rain est originaire de la région d’Argovie, en Suisse alémanique, qui, selon leurs termes, est surtout connue pour ses paysages ruraux et ses hivers que pour sa musique rock. Et pourtant, force est de constater qu’après un premier EP sorti en 2011 (aussi long qu’un album) qui alternait les ballades et titres métal, le groupe est fier de présenter leur premier album de rock ascendant métal empruntant volontiers au progressif en « professionnel ».
Dans les verts pâturages de la Suisse se cache un groupe de metal, durcis par une vingtaine d’hivers (où ils ont bien travaillés leurs techniques et leurs gammes au chaud). Après un premier EP sympathique sans être exceptionnel, ce premier album marque une évolution certaine : plus étoffé, plus abouti, plus travaillé, plus dur aussi. Le groupe est en train de marquer son terrain de manière indélébile. Après une introduction rappelant le métal symphonique (les mélodies et rythmiques de cordes synthétiques), le son évolue rapidement vers du metal pur ! Les riffs sont travaillés et inventifs. C’est l’ "Endgame", mélange habile entre son saturé et lourd, composition mélodique, et rythmiques particulières (mesures asymétriques) dignes des grands groupes progressifs. Le groupe se complète parfaitement et son unité rend service à la musique. "Vigour of the Law", après un voyage sonore planant, reprend la même (bonne) recette que le titre précédant. "The Indignant", malgré ses onze minutes, n’a pas de quoi indigner son auditeur. Relançant l’intérêt, trouvant le juste milieu entre force brut et musique, leur équilibre force l’admiration. Passages planants, passages acoustiques, tout est fait dans une grande musicalité. "Leap of Faith" commence comme un titre assez calme, avant que le cri du chanteur vienne survolter le tout. La guitare s’emballe, et le morceau vire au metal, mais toujours dans une certaine subtilité. Oui subtilité dans le métal, car quand la musicalité le demande, le groupe se calme pour mieux s’exprimer, ou, devrait-on dire, pour mieux laisser exprimer la musique. L’album se termine sur une ballade, une vraie, sans variante de tempo. Une belle ligne mélodique conduit l’ensemble, et l’amplification sonore finale fait le même effet qu’un tutti orchestral dans les œuvres classiques, une vague sonore, une explosion finale qui nous rappelle le talent du groupe avant un dernier écho intemporel, laissant mourir la flamme sonore.
Premier album, huit titres, plus de quarante-deux minutes de musique. Et là, le terme « musique » est justifié. Le groupe se complète sur des compositions travaillées, se servant d’une grande palette sonore de notes synthétiques planantes au déluge de notes de métal. La prétention un peu visible sur le site du groupe se justifie amplement. On peut écrire des termes tels que « maîtrise », « réussite » sans se risquer.
Crimson rain Mankind is obsolete2013-07-03Andre Meyer