Le samedi 1er juin restera une date gravée dans les mémoires de toutes les Switchblade RollerGrrrls : nous avons joué et remporté notre scrimmage contre les Sans Culotte Paris Rollergirls (Team B+C) ! Cet événement était un double header. Il y avait donc un deuxième match et pas des moindres, mesdames et messieurs. Les PRG All Stars ont affronté la Team Unicorn (USA). Cerise sur le gâteau, c’était la première fois qu’une team américaine mettait un pied en France pour disputer un match. Un événement de folie, je vous dis !
Maintenant que je commence à redescendre de mon petit nuage, je peux convenablement écrire un "petit" review qui ne serait pas (trop) ponctué de "AAAAAAHHHHH" ni de "DERBYLOVEDERBYLOVEDERBYLOVE". C’est mieux pour votre confort de lecture.
Il est inutile de vous préciser que j’ai eu du mal à m’endormir le vendredi soir, tant l’excitation était grande. Le matin avant de partir, j’avais l’impression d’avoir 12 ans et de faire ma rentrée en 6ème. J’ai vérifié une vingtaine de fois le contenu de mon sac et j’ai mis mes plus beaux habits (non).
Quelques heures de covoit’ avec nos merveilleuses freashmeats/pompomgrrrls (avec atelier pompons et révisions de stratégies pour faire passer le temps dans la voiture) et nous voilà arrivées au gymnase des fillettes à Paris (ça ne s’invente pas). En attendant que la salle où se passeront les festivités se libère, on papote dehors sous le soleil et on croise quelques joueuses des PRG all stars (hiii !).
Aux alentours de 14h, on a enfin accès à la salle. On apprend qu’on partage notre vestiaire avec la Team Unicorn et qu’on va devoir se serrer. No problem girls, on adore les licornes chez les SRG. On s’installe, on se change et on va s’entraîner dehors sous le caniard. Oui. Le caniard d’au moins 20°. C’est qu’on n’était plus habituées au soleil, nous. Quelques petites foulées, squats, cardio hop hop hop, les SRG ont la frite (private blague). De retour aux vestiaires, on chausse les patins et je me dis que la prochaine fois que je remets mes baskets, notre match sera terminé et on sera fixée sur l’issue de ce scrimmage. Ma tension artérielle monte d’un coup. On retourne dans la salle, grande, belle, éclairée avec des gradins qui vont accueillir 700 personnes incessamment sous peu, au secours. On aperçoit nos freashmeats supportrices de choc : pompons, banderole, fanions, nœuds dans les cheveux, pancarte, femme sandwich, tout y est, WELL DONE !
On se met à rouler sur le track mais on est vite rattrapées par l’orga qui nous dicte d’attendre que l’équipe de secours arrive pour rouler, au cas où l’une de nous se blesse. Alors on attend et on attend et on attend. On se briefe, on se motive, le trac monte aussi vite que les minutes défilent mais je ne suis pas encore en train de me liquéfier. L’équipe de secours arrive enfin, on se précipite sur le rink pour commencer à rouler. Nos pompoms Grrrls sont dans les starting blocks et commencent déjà à nous acclamer. Quelle classe ! Quelques exercices de base, endurance, contacts, pack et c’est plié, on laisse la place aux PRG.
Et puis très vite, c’est l’heure du match. Mais tout d’abord, n’oublions pas ce sur quoi nous avons travaillé ces derniers jours : la choré d’entrée ! Car un bon match commence toujours par une présentation au top. On ne l’a pas toujours prouvé lors de nos précédents bouts, mais pour une fois on pense être à peu près au point. Les premières notes de Pump up the jam retentissent, ça y est, c’est parti, on ne peut plus faire marche arrière : le scrimmage commence vraiment. Et là on emballe tout le monde, on met le feu au dancefloor, au moins. L’honneur est sauf. Puis c’est au tour des PRG de faire leur entrée sur le track, avec leur énormissime drapeau chamarré en forme de culotte composé… de culottes. On aurait bien aimé qu’elles nous lancent le sous-vêtement que chacune d’entre elle avait dans la main, mais soit, on gardera ça pour l’afterparty.
Fini la rigolade. Maintenant, on botte du cul. A mort. Place aux jams ! Dès les premières minutes, on accumule les points et on prend une avance presque confortable. Les PRG se défendent très bien, les blockeuses sont des rocks. Mais nos jammeuses obtiennent le lead presque automatiquement et nous pouvons ainsi mener la danse. Un premier passage pour obtenir le lead, un second passage pour obtenir les points, call off et on recommence. Il n’est pas rare que leurs jammeuses se retrouvent en prison en nous offrant ainsi de nombreux power jams. Du pain béni ! Les blockeuses PRG font aussi quelques allers-retours en prison laissant des petits trous dans leur défense. Nous, en face, essayons de faire le moins de fautes possible afin de garder l’avantage. On leur fait très rarement le cadeau d’un power jam et c’est tant mieux (et ça nous change) !
A la mi-temps, nous menons 100 à 60, ou quelque chose de cet ordre là. Nous sommes plutôt satisfaites sans non plus avoir l’intention de nous reposer sur nos lauriers. Nous savons que rien n’est joué dans le roller derby et qu’un revirement de situation est carrément possible. On se rebooste, on crie, on se motive et c’est reparti.
Seconde partie du match. Changement de banc, on se retrouve tout près du public qui est clairement pour les PRG et cela s’entend ! Heureusement, nos grrrls sont là et font presque autant de bruit que tous les Parisiens réunis. Elles ont été là, tout le long du match à scander nos noms, chanter, agiter les pompons dans tous les sens et putain ça fait du bien de voir une telle cohésion entre elles, entre nous. Pour rien au monde on échangerait nos grrrls ! Après avoir tout donné en première partie, nous commençons à fatiguer et les PRG tapent de plus en plus fort. On creuse encore l’écart des points, mais plus pour longtemps. Les PRG remontent, grignotent des points par-ci par-là, obtiennent de plus en plus souvent le lead sans nous laisser l’occasion de marquer un seul point. Nous subissons 2 power jams d’affilée et elles égalisent. Le stress se fait sentir sur le banc et nous trépignons d’impatience de débouler à notre tour sur le track. Les PRG ont l’espoir de gagner. Et il n’y a rien de pire qu’une équipe qui espère. Lors de l’avant dernier jam, elles mènent le score de deux ou trois petits points d’avance. C’est tendu, hyper serré, le public devient fou ! Les parisiens voient déjà leur équipe locale gagner. Hors de question de se laisser faire.
C’est le dernier jam, celui qui fera la différence. On envoie nos joueuses les plus en forme. Elles se mettent en place sur la ligne de jam, coup de sifflet de départ. Je n’ose même pas regarder, mon cœur bat la chamade. Et là, la jammeuse adverse fait une faute et va en prison ! C’est à la fois inattendu et inespéré. Nous ne voulons pas crier victoire trop vite, mais putain !! Jam Slap, notre jammeuse étoile passe le pack, grapille les points qu’il nous manquait pour mener à nouveau le score (nous explosons de joie), patine le plus lentement/prudemment possible histoire d’être sûre de ne pas faire de faute et le coup de sifflet de fin de match retentit. Hystérie totale chez les SRG ! Nous l’avons fait, nous avons gagné contre les PRG ! Score final : 177-166.
The Switchblade RollerGrrrls vs Les Sans Culotte Paris Rollergirls (il manque Coach :’( )
Une victoire pour fêter dignement la fin de cette saison, une victoire que l’on attendait depuis longtemps, une victoire qui fait du bien au moral de l’équipe. Ça y est, nous avons pu montrer de quoi on était capable. En plus d’avoir eu l’immense chance de participer à cet événement, nous avons remporté le match. Que demander de plus ? Nous sommes aux anges. Là, je peux le dire, j’ai ressenti ce qu’est le derbylove. Plein de câlins, des cris de joie, quelques larmes, des déclarations à tout va. On fait les traditionnelles photos de fin de match et il est temps de laisser la place aux grandes : PRG All Stars et Team Unicorn (USA). On retourne toutes guillerettes dans les vestiaires et notre joie éclate à nouveau, on a du nous entendre à l’autre bout de Paris. On en a rêvé et on l’a fait. Nous repensons à tout le chemin que nous avons parcouru au sein de cette ligue depuis un an. Il y a un an, l’avenir de l’équipe était plus qu’incertain. Jamais nous aurions pu concevoir que nous en serions là aujourd’hui. Et pourtant ! C’est une putain de fierté et un putain de doigt d’honneur à tous nos détracteurs, à tous ceux qui n’ont pas cru en nous. J’en connais qui doivent s’en mordre les doigts.
Après ce match, nous sommes plus que jamais soudées et prêtes à abattre des montagnes à la saison prochaine. Heureusement, la journée n’est pas terminée et nous avons à peine le temps de nous remettre de nos émotions que le match PRG/Unicorn va commencer. On s’installe dans les gradins pour enfin profiter d’un peu de repos et surtout de pur derby de haut niveau. Le bout commence par l’hymne national américain chanté par l’une des joueuses, moment solennel. Mais ici, nous sommes en France et le public commence à entonner la Marseillaise, qui résonne de plus en plus forts dans les gradins. Je n’avais jamais vécu ce genre de truc (le patriotisme et moi…) mais c’était étrangement transportant (ouais ok ça veut rien dire). Ce match prend les mêmes airs que le nôtre : les PRG mènent pendant un bout de temps, puis les Américaines reprennent du poil de la licorne et égalisent, jusqu’à mener de quelques points d’avance. Puis à la dernière minute, power jam en faveur de Paris qui remporte finalement le match ! On en a pris plein les yeux, ça c’est sûr. Kozmic Bruise et Pigeon ont été fabuleuses. Je les aime. Voilà. J’ai l’impression que cette heure de derby n’a duré que 10mn.
Paris Rollergirls vs Team Unicorn
L’orga de l’événement nous a prévu une petite surprise : l’élection de la meilleure jammeuse, de la meilleure blockeuse et de la personne la plus sexy de chaque équipe. Bien évidemment, Jam Slap remporte le titre de meilleure jammeuse, Freaky Chick celui de meilleure blockeuse et MOI BRUTAL BRUNETTE est élue personne la plus sexy. Mais oui mais oui, bien sûr, ceci ne peut être qu’une conspiration ! Je deviens rouge, balbutie deux mots trois quarts, récupère mon diplôme et pars en courant me réfugier dans un trou de souris. C’est un prix pour le fun, mais tout de même.
Et ensuiiiiite…. C’est l’AFTERPARTYYYY ! Let’s go pour le Corcoran’s Pub (je passerai sur nos difficultés de trajet, mouhaha). Le pub est peuplé d’amateurs de rugby qui matent un match. Ambiance. En plus on est les premiers arrivés, du coup… Bah on boit. Après quelques minutes, tout ce beau monde quitte le pub, les PRG et les Unicorn arrivent enfin. Des DJ installent leurs platines. C’est parti mon kiki, les SRG sont dans la place. On commence à danser (n’importe comment) et à discuter (de n’importe quoi). Une battle de danse s’amorce entre nous, ce qui nous fait bien rigoler. Et là, comme à notre habitude (c’est qu’on a un honneur à tenir) les SRG mettent tout le monde d’accord et ce qui était une battle entre derbypotes devient un véritable concours de booty shake intercontinental (désolée j’ai pas le mot, je voulais dire que les Américaines nous ont rejoint quoi). Grands écarts, booty shake de la mort, moonwalk, limbo, tout, absolument tout y passe, pendant près de 2h.
Hélas, 100 fois hélas, il est temps de partir. On rentre directos à Lille et les 2/3h de route vont faire mal. C’est complètement transportées par le derbylove que nous quittons le pub et montons dans la voiture. Big Up à Laetitia qui nous a ramenées chez nous saines et sauves.
C’était vraiment une putain de journée que j’ai passée là, à 1000 lieues de tout le reste. J’en ai dégusté chaque seconde, du moment où je me suis réveillée jusqu’à ce que je me couche. Tout s’est merveilleusement bien déroulé. Je suis tellement fière de ma team ! C’est trop de sentiments, comme qui dirait. Fière d’être une Switchblade RollerGrrrl, fière de faire partie de cette aventure, fière d’avoir participé à cet événement. Tout était parfait. Merci.
Crédit photos : Insane Motion & friends