Depuis un peu plus d’un mois, je m’astreins à 1h30-2h de marche quotidienne. C’est un pis aller, mes articulations et leurs innombrables accidents m’interdisant toute activité plus dynamique. En ville, pas de marche sportive, mais une cadence soutenue m’amenant à une légère sudation au bout de 20 minutes. Au cours de ces escapades, je recherche les pentes les plus pentues, les escaliers les plus raides, bref je rentre avec les jambes lourdes et un coeur à 140.
Cet effort, qui m’a coûté au début, rompant de confortables habitudes casanières résulte de la conjonction d’un peu de lucidité quant à ce qu’était devenu mon tour de taille et d’un besoin, les beaux jours venus, de profiter d’un soleil encore parcimonieux.
Cette cadence soutenue me prive malheureusement du spectacle pittoresque de mes concitoyens pressés sur les trottoirs, nonchalants sur la Prom, courts-vêtus au soleil, photographes sur la Place Masséna: jeunes et vieux, français et étrangers, flâneurs ou affairés, débraillés ou compassés, bruyants ou silencieux, … Tout juste m’arrive-t-il de saisir quelques bribes de conversations dont certaines mériteraient d’être développées en sketchs.
J’ai redécouvert, après quelques jours de cet exercice, que ces vives virées me permettent de réfléchir, la tête s’emballant, les idées jaillissant, les corrélations s’effectuant, les images s’imposant… Ce qui, sans atteindre, vu le petit rythme, le plaisir pervers procuré par les endo-morphines, me ramène rasséréné à la maison et disponible pour ce blog.
Depuis quelque temps, le spectacle des promeneurs et badauds me manquant trop - suis-je devenu voyeur ?-, je me force, au retour, à une pause dans tel ou tel café du chemin, toujours au soleil. La 1664 que ce goût du spectacle des autres m’oblige à ingurgiter n’est pas la meilleure solution à mon léger surpoids, mais mon intérêt pour mes concitoyens vaut bien ce sacrifice.