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Ferme familiale en péril au Québec

Publié le 03 juillet 2013 par Raymondviger

Un enjeu de société au Québec

Avenir précaire de la ferme familiale

L’été est arrivé, le gazon pousse à toute vitesse en mai et en juin dans nos banlieues résidentielles où nous cultivons de moins en moins de légumes à la maison, puisqu’ils ne coûtent pas très cher à l’épicerie. Pourquoi cultiver un rang de radis, alors qu’on peut acheter l’équivalent bien frais, en saison, pour un dollar ou deux ? Et tant mieux pour les fermiers, si on les aide à gagner leur vie.

Normand Charest – chronique Valeurs de société – dossiers Famille, Économie, Environnement

ferme élevage économie
Mais quelle image nous faisons-nous de la ferme, si nous sommes des citadins ? Probablement celle de notre enfance, des jouets, des puzzles de bois et des livres pour tout-petits. Une maison, quelques bâtiments, des vaches, des poules, un tracteur. Une belle vie familiale, exigeante mais saine, des travailleurs vigoureux vivant au rythme des saisons.

Toutefois, en y regardant de plus près, on réalisera que ce n’est pas toujours le cas, et que ce genre de ferme est de plus en plus difficile à maintenir. On nous dit même que la ferme familiale est en péril. Pourquoi cela ?

De la ferme artisanale à l’entreprise

Voici un résumé très simplifié de la situation. La ferme familiale représentait autrefois une économie de subsistance, c’est-à-dire qu’on y produisait d’abord ce dont on avait besoin pour soi : pour se nourrir, s’habiller, se loger (les légumes, la viande, la laine, le sucre d’érable, le bois de chauffage, etc.) et on vendait les surplus pour payer ce qu’on ne pouvait produire soi-même.

On comprendra que cela n’est plus possible depuis longtemps, depuis que le cultivateur a remplacé ses chevaux par de la machinerie qu’il doit acheter comme tout le monde. Or, pour payer cette machinerie, il a dû augmenter son nombre de vaches, par exemple, puis acheter de la machinerie pour les traire, et acquérir d’autres terres pour le fourrage et ainsi de suite.

C’est ainsi que le travail artisanal du fermier s’est transformé en entreprise, ce qui peut signifier des millions de dollars d’investissement. Dès lors, la ferme n’appartient plus au fermier, mais plutôt au banquier. Et comme la marge de profit de cette entreprise est parmi l’une des plus basses, le fermier ne s’enrichit jamais. Et comment son fils pourra-t-il racheter la ferme familiale, le temps venu ?

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Le Devoir a préparé un excellent dossier sur l’avenir de la ferme familiale, que l’on peut consulter sur son site Web. Et l’Office national du film (ONF) nous présente l’exemple réel d’un jeune fermier dans la quarantaine, surendetté, qui perd sa ferme et doit « réinventer » sa vie, comme on le dit dans la présentation.

Un enjeu de société qui nous concerne tous

La ferme familiale est menacée au Québec, ainsi que tout le mode de vie qui l’accompagne. Que feront ces populations de la campagne pour gagner leur vie ? Et par quoi remplacerons-nous ces fermes ? Par des mégafermes industrielles et impersonnelles ? À moins que nous comptions de plus en plus sur l’importation pour nous nourrir, comme nous le faisons déjà pour nos vêtements et tous les objets usinés ? Que nous restera-t-il, éventuellement, pour subvenir à nos besoins de base ? D’autre part, nous perdons graduellement nos terres agricoles, et rien ne peut stopper le dézonage, semble-t-il. Un avenir sombre pour notre agriculture ?

Heureusement qu’il y a, à l’opposé, de petites exploitations artisanales qui se développent autour de produits spécialisés se vendant plus chers. On pense aux fromageries, aux vignobles, aux producteurs de viandes biologiques ou de gibier. Ou alors aux serres, à l’agriculture urbaine, etc.

Cela représente une partie de la réponse, surement, mais il faut faire plus, pour le bien de notre société entière, et pas seulement pour la classe agricole. Nous avons pris pour acquise l’existence de la campagne traditionnelle où les citadins aiment bien se promener en vacances. Personne ne souhaite que ces lieux disparaissent. Mais pourtant, ils sont menacés, souvent, par l’extension des villes, l’étalement des grands centres commerciaux (avec leurs immenses stationnements remplaçant les pâturages) et le développement domiciliaire.


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