Jeux d’enfants, jeux interdits, interdits tellement tentants qu’on y va, à la limite, au bord du bord. Vous croyez quoi ? Que les enfants ne sont pas sérieux ? Qu’ils vivent dans un monde protégé ? Regardez-les : il y a toujours quelque part, comme le chantait Jacques Brel, « un oiseau mort qui leur ressemble ». Ils essaient la violence comme s’ils en jouaient, comme s’ils pouvaient la dominer. Ils se font des films, ils voudraient tout expérimenter, ils s’imaginent zombies, et puis ils éclatent de rire. Erri de Luca, dans son livre Les poissons ne ferment pas les yeux, dit bien comment la violence voulue, reçue, lui semblait, à l’âge de dix ans, un moyen de faire sortir de son corps trop petit son être trop grand. Et il y a les autres, vers qui on va, qu’on voudrait toucher, qu’on n’ose pas toucher. Les autres, les bruits du monde, qui envahissent tes cauchemars. Si tu bouges, tu es mort ou alors tu prends ma place et c’est à toi de compter : un, deux, trois, soleil ! Je te passe le témoin.