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[Critique] RAMPART

Par Onrembobine @OnRembobinefr
[Critique] RAMPART

Titre original : Rampart

Note:

★
★
★
☆
☆

Origine : États-Unis
Réalisateur : Oren Moverman
Distribution : Woody Harrelson, Robin Wright, Sigourney Weaver, Ice Cube, Ned Beatty, Anne Heche, Ben Foster, Cynthia Nixon, Steve Buscemi, Brie Larson, Robert Wisdom, Jon Bernthal…
Genre : Drame/Policier
Date de sortie : 3 juillet 2013

Le Pitch :
Connu pour ses méthodes expéditives et pour sa tendance à verser dans la violence, l’officier de police Dave Brown se retrouve au centre de toutes les attentions, le jour où il est filmé en train de tabasser un homme en pleine rue. Cristallisant les accusations qui pèsent sur la police de Los Angeles, Brown est pris pour cible et se retrouve rapidement dans l’œil du cyclone. Commence alors une longue descente aux enfers pour le policier borderline…

La Critique :
Les flics ripoux ont toujours profondément intéressé le septième-art. Surtout aux États-Unis, où nombreux sont les films qui traitent de ces représentants de la loi, rompus aux méthodes ambiguës et à la violence sèche. Des types peut-être antipathiques, mais porteurs de problématiques brûlantes au pays de l’Oncle Sam, tout particulièrement depuis 1991 et l’affaire qui vit Rodney King se faire tabasser par des policiers à la vue de tous. Ces hommes, plein de contradictions et parfois tout autant criminels que justiciers, intéressent aussi tout particulièrement l’écrivain James Ellroy, qui en a fait l’une des clés de voûte de son œuvre. Lui aussi réputé pour son caractère un poil hardcore, Ellroy a ainsi vu plusieurs de ses livres adaptés par le cinéma, à l’instar de L.A. Confidential, Le Dahlia noir et Cop, mais a aussi rédigé quelques scripts originaux. On pense alors au très bon Dark Blue avec Kurt Russell, à Au Bout de la nuit, avec Keanu Reeves et donc à ce dernier Rampart, que le réalisateur Oren Moverman a développé autour d’une idée de l’écrivain torturé.

La présence de James Ellroy promettait une œuvre sans concession et vertigineuse, ou, au moins sincère et âpre dans sa façon de décrire la descente aux enfers d’un flic rattrapé par ses forfaits en aucun cas conformes à la déontologie de l’uniforme. Hélas, à l’arrivée, c’est la déception qui domine. Certes Rampart ne ressemble pas à une œuvre formatée, mais n’arrive jamais à décoller véritablement pour devenir cette plongée en apnée dans les tréfonds d’une âme torturée promise par son pitch et son auteur souvent remarquable.

Pourtant, outre la présence d’Ellroy au scénario et d’un réalisateur prometteur à la barre (Oren Moverman a également signé The Messengers avec Woody Harrelson), Rampart possédait plusieurs éléments propices à un résultat plus enthousiasmant. Principalement du côté du casting qui en impose.
Comme d’habitude quand il tient la tête d’affiche d’un projet porteur, Woody Harrelson s’ouvre le bide et pose ses tripes sur la table dans un rôle complexe et fascinant. Loin du cliché du simple flic pourrave amateur de bastons illégales, de prostitués et de lignes blanches, Dave Brown, son personnage, est constitué d’autant de nuances favorables à une puissante caractérisation. Plus rare ces dernières années, Harrelson est un comédien pourtant remarquable, quand on veut bien lui servir un plat propice à des numéros dont il a le secret. Ici c’est le cas, mais le cadre… Ben justement il ne cadre pas. Rampart est trop mou, trop relâche pour rendre justice à son anti-héros sec comme un coup de trique. Les veines apparentes et la mine rougeoyante, Harrelson habite un peu vainement un drame urbain où misère sociale, violence et corruption font de la résistance face à l’espoir d’une rédemption qui pourrait changer pas mal de choses.
Les apports indéniables des autres comédiens, tels Steve Buscemi ou Sigourney Weaver, ne bouleversent pas la donne. Rampart se traîne et n’arrive pas à rendre viscérale la trajectoire de vie d’un homme brisé qui méritait mieux. Surtout au regard des autres trips du genre, comme, pour rester chez Ellroy, l’autrement plus convainquant et haletant Dark Blue.

Resté un moment dans les tiroirs de Metropolitan, Rampart a finalement trouvé le chemin de nos salles obscures par le biais d’une sortie technique. Il passera sans doute inaperçu et c’est compréhensible. C’est surtout pour Woody Harrelson que c’est regrettable. Lui, il se donne à fond. Il y va gaiement, sans en faire des caisses, le ton juste. Peu importe si les personnages qu’il croise ne semblent pas toujours avoir de but précis (Robin Wright par exemple pourtant superbe). Rampart enfile les fautes, les étrangetés de narration et c’est la bavure. Au bout du compte, le cœur n’y est plus, mais reste un comédien. Un grand comédien !

@ Gilles Rolland

Rampart-photo
Crédits photos : Metropolitan FilmExport


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