Magazine Beaux Arts

« Helpless » : la vie rêvée de Pierre Ardouvin (2)

Publié le 03 juillet 2013 par Pantalaskas @chapeau_noir
« Helpless »  : la vie rêvée de Pierre Ardouvin (2)

"Wish you where here" 2012 chaise à roulettes, résine, carte postale

L'absence

Dans ce cheminement d’installations où l'ambiance musicale colore cette scénographie d’une lenteur prégnante,  passé et mémoire  se mêlent dans ce qui pourrait ressembler à de la nostalgie. Encore faudrait-il pour cela une présence humaine. Et c’est l’absence de l’être humain qui est remarquable dans ce lieu. Cette chaise à roulette dans laquelle baigne une carte postale ? Cette île, plate-forme surélevée de quelques centimètres seulement, vêtue d’un linoléum « imitation plancher », avec pour unique décor un porte-manteau couvert de vêtements  ?

« Helpless »  : la vie rêvée de Pierre Ardouvin (2)

"L'île" Bois, linoléum, porte-manteau, vêtements, néons colorés 2007

Que s’est-il passé pour expliquer cette absence, voire cette fuite, cette désertion ? C’est peut-être ce vide qui donne à  la mise en scène une atmosphère quelque peu intrigante.

"Marcel"

On parle au sujet de Pierre Ardouvin de « Ready-mades augmentés ». Ceci pourrait justifier la présence d’une pièce qui semble en décalage avec le reste de l’exposition : « Marcel ».Pour cette année du centenaire du tout premier « Ready-made assisté » de Marcel Duchamp (La roue de Bicyclette sur son tabouret), l’apport de ce « Marcel » tournant de façon obsédante dans une lumière flashée  fatigante  pour les yeux,  pourrait signer l’appartenance de l’artiste à cet univers post-Duchamp. Mais dans l'oeuvre de Pierre Ardouvin l'objet n'est pas réduit à un concept artistique brut.

« Helpless »  : la vie rêvée de Pierre Ardouvin (2)

"Marcel" Système sonore et lumineux, métal, bois 2007

Ces objets s'enrichissent d'une charge affective, d'une poétique qui ne se refuse aucun moyen. Alors que d'autres sont allés fouiner dans les brocantes, les décharges publiques, les casses automobiles tous les matériaux susceptibles de contribuer à leur reconstruction mémorielle, Ardouvin, me semble-t-il, a fait le tri dans sa propre tête, fouillé dans les replis de sa mémoire les éléments susceptibles d'être agencés, reconstitués dans l'espace de l'exposition. Dans ce joyeux désordre, ne vous étonnez pas de voir cohabiter ces volatiles taxidermés avec le fantôme de l'arracheur de dents ou encore l'espoir de pacotille délivré par cette roue de la fortune obsédante. N'attendez pas non plus un témoignage rigoureux et indiscutable. " La nuit je mens" emprunté à Bashung pourrait être le leitmotiv de cet univers flottant entre mémoire et imaginaire, vérité et mensonge.
La vie rêvée de Pierre Ardouvin n'est pas une vie de rêve. Elle peut avoir la couleur du cauchemar, elle peut laisser planer le doute sur sa véracité. Qu'importe ! Une fois sorti de l'exposition, une fois quitté le Centre d'art, vous aurez encore en tête cette ballade de  Neil Young sur laquelle viendra se mêler le ricanement des mouettes du port de Sète :

« Les grands oiseaux qui volent à travers le ciel,
Jetant des ombres sur nos yeux,
Nous laissent
Désarmé… »

Photos C.R.A.C. Sète

Voyage à l'invitation du C.R.A.C de Sète.

Helpless - Pierre Ardouvin

Du 28/06/2013 au 22/09/2013

Commissariat : Noëlle Tissier
Centre Régional d’Art Contemporain Languedoc-Roussillon
26, Quai Aspirant Herber
34200 SÈTE – France


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Pantalaskas 3071 partages Voir son profil
Voir son blog