Croc-Blanc est une histoire qui a traversé les décennies et que l’on propose encore et toujours aux jeunes lecteurs. Il faut dire que nous avons là une des rares histoires accessible aux plus jeunes tout en étant d’une profondeur et qualité remarquable pour des ouvrages proposés à la jeunesse. Rappelons-là: dans le grand Nord, au coeur d’un hiver particulièrement glacial, la famine pousse une meute de loup à s’attaquer aux hommes et à leurs chiens de traineaux. Parmi eux, une louve rousse donne naissance à une portée dont seul survivra un petit louveteau gris. Mais lorsque la louve rousse retrouve par hasard une tribu indienne, le louveteau se rend compte qu’elle est à moitié chienne, et qu’elle est née parmi les hommes. Baptisé Croc-Blanc, le louveteau va apprendre peu à peu la protection, la loyauté, mais aussi la cruauté des hommes.
La version que nous avons là est abrégée et adaptée pour coller au format de l’album jeunesse. En grande amatrice du texte de Jack London, j’ai évidemment regretté certaines simplifications qui tendent à humaniser les animaux là où justement l’original maintenait une subtilité épatante. Ceci dit, c’est un peu le risque, lorsque l’on veut simplifier une histoire, d’en aplanir les subtilités et ce genre de perte est un peu inhérente au genre et inévitable. Néanmoins, j’ai trouvé que le texte reprenait assez fidèlement l’histoire, sans en trahir les nuances ni la froide réalité: même s’il s’agit d’une version pour enfant, on a conservé les récits des combats à mort livrés par les loups pour séduire une femelle ou pour obtenir la nourriture. La scène initiale où tous les chiens de l’attelage sont tués les uns après les autres ne perd rien de son efficacité. J’apprécie que l’on n’ait pas trop aseptisé cette histoire et sa vision de la vie sauvage, la sauvagerie humaine et animale étant l’un des thèmes fondamentaux de l’oeuvre.
Les illustrations, quant à elles, m’ont enchantée. Il s’agit de gouaches au tracé très doux et très agréable. Beaucoup d’entre elles jouent sur le camaieu de bleu, de gris et de blanc que forme le pelage du loup avec la neige et la nuit qui l’entourent et nous plongent dans un univers à la fois glacial et poétique. Mais ce que j’y ai surtout aimé, c’est qu’elles non plus ne faisaient pas semblant d’une histoire sans heurts: on nous montre clairement les bagarres, les blessures, et surtout, les taches rouges du sang qui ressortent sur la fourrure grise ou sur la neige blanche. On voit également l’image évoluer, reconnaissant clairement un louveteau sur les premières et un bel animal adulte sur les dernières. En tête de chapitre, on trouve également une vignette qui illustre l’épisode à la manière d’une petite bande-dessinée. J’ai bien évidemment regretté qu’il n’y ait pas davantage de ces petites vignettes qui rendent la lecture dynamique. A part une ou deux, les choix des scènes qui font l’objet de planches en couleur m’ont paru judicieux, puisqu’ils donnent lieu à de superbes plans, comme celui de la couverture ou celui-ci:
La note de Mélu:
Je me suis régalé encore une fois avec cette collection qui fait appel à des palettes talentueuses pour sublimer des histoires exceptionnelles. Un immense merci aux éditions
Un mot sur l’illustrateur: Vincent Boyer est un illustrateur que vous pouvez retrouver sur son blog où se trouvent également d’autres illustrations de ce livre.
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