Sans arme ni haine ni violence se distingue par un humour très "rouvesque", avec ses dialogues juste assez à côté de la plaque pour étonner ou attendrir, mais pas trop quand même histoire de ne pas sombrer dans le loufoque le plus total. On s'attache à ce personnage si singulier, ainsi qu'à celui de Gilles Lellouche, enquêteur venu pister Spaggiari jusqu'aux tréfonds (comprendre "hôtels quatre étoiles") de l'Amérique du Sud. Leur relation est au centre du film, et si la fin ne fait guère de doute (de la configuration traqueur/traqué naîtra bientôt une amitié possiblement sincère), on est presque ravi du confort assuré par un déroulement prévisible.
S'il ne semble pas tout à fait à l'aise avec la mise en scène, Rouve crée un style maladroit mais assumé, dont l'esprit fait penser aux comédies des années 70, l'obsession du gag en moins. Visiblement fasciné par cette époque (grosso modo fin Giscard début Mitterrand), il prend un plaisir visible à en reconstituer le moindre détail et à utiliser son côté suranné et rococo. Décors, costumes, postiches : de cette frénésie de couleurs et d'influences un peu moches (mais très appréciées en leurs temps) naissent une vraie poésie et un charme désuet. Transcendé par une BO très old school mais idéalement choisie (de Daniel Guichard à Julien Clerc), Sans arme ni haine ni violence atteint sans trop d'encombres son objectif séduction. Une comédie fine et délicieusement désenchantée. Cela semble être la spécialité des ex-Robins, et c'est tant mieux.
7/10