Changement de locataire à l'Hôtel de Roquelaure ce 3 juillet. Brèves réflexions.
Mon avis sur les motifs du départ de Delphine Batho ne présente bien sûr pas d'intérêt. Et je me garderai aussi de donner un avis sur ceux qui chantent déjà les louanges de son successeur dans l'espoir d'en obtenir quelques faveurs. Le nouveau ministre le sait sans doute déjà : ses courtisans d'aujourd'hui seront ses détracteurs de demain, avec toujours la même énergie.
A mon (petit) niveau, je peux uniquement témoigner que Delphine Batho s'est investie dans la préparation des Etats généraux de la modernisation du droit de l'environnement, ce compris sur des points très techniques. Pourtant, il n'y avait pas de bénéfice politique à court terme à retirer d'un exercice juridique trés peu relayé par les médias non spécialisés. J'ai pu constater au cours de réunions préparatoires en sa présence, qu'elle était attentive aux contributions reçues, aux revendications des fonctionnaires de son ministère et aux compte-rendus des membres du comité de pilotage. Le 25 juin, hors de toute caméra de télévision, elle est restée presque toute la journée avec les 200 participants, alors que s'enchainaient des discussions sur des sujets trés techniques et cependant essentiels. Sur le nucléaire, l'aéroport de Notre Dame des Landes ou l'ouverture à la concurrence des concessions d'hydroélectricité, j'ai pu écrire ici mes désaccords. Mais force est de constater que sur le dossier des gaz de schiste, de l'enregistrement des élevages ou de l'éolien, Delphine Batho a pu aussi prendre des positions fermes dans un contexte difficile.
Même s'il aurait été préférable qu'il entre à l'hôtel de Roquelaure dans de meilleures circonstances, plus sereines et apaisées, Philippe Martin présente les qualités requises pour occuper efficacement les fonctions de ministre en charge du développement durable. J'ai pu m'en rendre compte, il y a plusieurs années alors qu'il feraillait contre l'Etat pour simplement donner la parole aux habitants de son département sur l'opportunité d'autoriser les mises en culture d'OGM. Un combat que le Président du Conseil général du Gers a mené jusqu'au Conseil d'Etat, lequel a fini, par arrêt du 30 décembre 2009, par lui donner raison sur un point important : le département a le droit d'émettre un voeu sur son agriculture.
Toujours sur ce même dossier des OGM, alors que je participais, lors du Grenelle de l'environnement à l'intergroupe sur les OGM, présidé par les sénateurs Jean-François Legrand et Marie-Christine Blandin, j'avais pu y entendre Philippe Martin, soutenant une position toujours aussi ferme sur ce dossier. A n'en pas douter, Philippe Martin, comme Laurence Rossignol ou Jean-Paul Chanteguet, sont au nombre de ceux qui, au sein du Parti socialiste et parmi les premiers, ont travaillé à ce que leur formation politique se saisisse de cet enjeu fondamental. Ils se sont tous trois illustrés sur des combats communs, notamment contre les gaz et huiles de schistes. Une journaliste me demandait hier matin si le lobby des gaz de schiste n'était pas en train de marquer des points, notamment au Gouvernement. L'arrivée de Philippe Martin démontre le contraire.
Au delà des considérations de personnes, s'interroger sur la place de l'environnement dans les politiques publiques actuelles est cependant la seule chose qui en vaille la peine. Chacun à son niveau peut contribuer au respect du principe de non régression. Ce qui supppose notamment que le ministère de l'écologie revienne au centre de l'échiquier gouvernemental. Car investir sur le développement durable c'est investir sur de vraies économies.