Lorsque nous avons publié notre article sur l
Claudio
Avant c’était en général de l’eau de pluie qui alimentait les pozzi de la cité…. Ce serait sympa de développer cet article…. combien de temps les travaux ont duré? Par où passent les canalisations qui alimentent la ville? Par quelles sources et quelles nappes phréatique sommes nous approvisionnés?… J’avoue ne pas trop le savoir…. Toi, le champion des synthèse, pond-nous un bel article là-dessus….
Bien à toi
Pour une cité comme Venise, l’eau potable, a paradoxalement toujours été un problème majeur, qui a nécessité, pendant des siècles, des quantités incroyables d’efforts et d’ingéniosité, l’eau de la lagune étant impropre à la consommation, et l’utilisation des nappes phréatiques trop complexe.
Pour se procurer de l’eau, les premiers habitants conservaient l’eau de pluie. Mais, il fallut bien trouver une solution, à mesure que la population grandissait à Venise. On installa donc, à partir de 1200 des puits, mais ils sont très particuliers.
Ils étaient l’œuvre des Pozzèri, les puisatiers, qui faisaient partie de la corporation des maçons. Lors d’un recensement effectué par les Autrichiens en 1858, on a compté 6.046 puits privés, 180 publics et 556 souterrains.
Comment fonctionnaient ces puits à filtration naturelle ?
Sur les places où vous trouverez la margelle d’un puits, vous verrez que sur les côté se trouvent deux ou quatre bouches en pierre istrienne, appelés pilelle.
Il faut savoir que sous chaque cour de palais, sous les campi et les places de Venise, dès qu’un peu d’espace était disponible, on a construit de grands réservoirs dont les parois étaient enduites d’argile, et plus tard de brique cuite.
Ils pouvaient atteindre une profondeur de 5 mètres en dessous du niveau de la mer. Parfois, pour atteindre une profondeur suffisante de la fosse, on a surélevé le sol de quelques décimètres. Ce type de solution peut être très clairement vu sur le le Campo San Trovaso, le Campo Sant’Angelo et la Piazzetta dei Leoncini, en face du siège du Patriarcat. Cela avait également l’avantage de mettre la citerne hors d’atteinte des marées hautes.
Au centre, une cheminée affleurait le niveau du sol, et était coiffée par la margelle du puits (la vera del pozzo), souvent relevé de quelques marches.
Tout autour, le reste de la citerne était comblée avec des galets dans le fond, puis du gravier, et enfin, tout le reste du volume était rempli de sable fin.
Campo San Nicolò dei Mendicoli, 09/2003
Quand la cavité était entièrement comblée de sable fin, en surface, on incurvait légèrement le sol, pour diriger l’eau de pluie, d’abord dans des rigoles (les sigillo), ensuite vers les siphons de pierre (les gatoi) où elle disparaissait. L’eau était amenée dans des conduites (les cassoni) qui déversaient l’eau dans le sol. Pour limiter les pertes, sous les regards on construisait une sorte de cloche en brique, ouverte vers le bas, pour transmettre autant que possible l’eau de pluie directement sur le filtre à sable et limiter l’évaporation.
Toute la zone entourant le trou d’homme était également élevée en pente pour favoriser la récolte des eaux de pluie.
La zone autour du puits et au dessus de la citerne était recouverte d’une couche de maçonnerie sur lequel on posait les pavés de la chaussée se fondait au reste du pavement. Parfois, les limites de la citerne sont marquées avec de la pierre d’Istrie.
L’eau de pluie était ainsi filtrée lentement par le sable, atteignait la caillasse et s’infiltrait dans le puits par des ouvertures laissées dans la brique, au fond.
Comme nous l’avons vu plus haut, lors du recensement autrichien, la plupart des puits étaient privés, mais leur usage était contrôlé par des magistrats de la République (“Magistrato della Sanità” et du “Collegio della Milizia da Mar” d’après Tassini), qui avaient en charge, outre l’entretien des puits existants, la gestion de nouveaux puits et leur financement. Lors des héritages, ou lors de cessions immobilières, l’usage des puits et l’accès aux citernes faisaient l’objet d’âpres négociations, et étaient dûment stipulés sur les contrats.
La construction d’un puits était une opération très coûteuse en raison de la complexité de la procédure, la quantité de matériaux et des accessoire, les difficultés techniques : une excavation de cinq ou six mètres conduit à devoir travailler au-dessous du niveau de la lagune, il fallait utiliser structures de confinement spéciales et réaliser une étanchéité à toute épreuve pour éviter l’infiltration de l’eau saumâtre de la lagune.
C’est pour cela que de nombreux généreux donateurs ont fait figurer les armes de leur famille sur les margelles des puits,
Les puits publics étaient fermés à clé. Ils n’étaient ouverts qu’à certaines heures de la journée, pour mieux en contrôler la ressource. Alors les porteuse d’eau (Bigolante ou Pagote), toutes originaires des mêmes villages du Frioul, ou de l’île de Pago, venaient s’approvisionner en remontant l’eau avec des sceaux (voir notre article sur
Cependant l’eau des puits ne suffisaient pas à tous les habitants, et la République était obligée de se faire livrer de l’eau provenant du fleuve Brenta par de gros bateaux.
La Vera da pozzo (au pluriel vere da pozzo) est l’équipement d’utilité publique indispensable à l’approvisionnement en eau potable de la République de Venise jusqu’à la construction de son premier aqueduc à la fin du XIXe siècle (voir notre article à paraître demain).
Sources :
. Images didactiques – Venice Backstage Insula spa