Avec : Tom Hanks, Tom Sizemore, Edward Burns, Barry Pepper, Adam Goldberg, Vin Diesel, Matt Damon, Giovanni Ribisi, Jeremy Davies, Paul Giamatti, Ted Danson, Nathan Fillion, Dennis Farina, Harve Presnell, Bryan Cranston, Leland Orser...
Genre : Guerre.
Origine : États-Unis.
Durée : 2 heures 43.
Date de sortie : 30 septembre 1998.
Synopsis : Alors que les forces alliées débarquent à Omaha Beach, Miller doit conduire son escouade derrière les lignes ennemies pour une mission particulièrement dangereuse : trouver et ramener sain et sauf le simple soldat James Ryan, dont les trois frères sont morts au combat en l'espace de trois jours. Pendant que l'escouade progresse en territoire ennemi, les hommes de Miller se posent des questions. Faut-il risquer la vie de huit hommes pour en sauver un seul ?
Bande annonce française
"James, mérite ça. Mérite-le."
Ça faisait un sacré moment que je n'avais pas revu "Il faut sauver le soldat Ryan". Pourtant ce film fait parti de mes Steven Spielberg préféré (l'ayant même vu deux fois en salles lors de sa sortie) mais son sujet assez dur fait que je ne veux pas trop en abuser. C'est ainsi donc après quelques années sans le voir et dans le cadre de mon cycle consacré au cinéaste que j'ai revu ce film récemment en blu-ray.
Et le plaisir est toujours intact. Je ne sais jamais trop quoi dire au sujet de ce film (pourtant il soulève de nombreux points) mais même après plusieurs visionnages, je trouve ce scénario écrit par Robert Rodat excellent. Très fort émotionnellement, on rentre vite dans le vif du sujet avec l'une des scènes d'ouvertures qui m'a le plus marqué au cinéma et ce fameux débarquement sur la plage d'Omaha Beach. Passé 25 minutes très intense où on prend part au combat entouré de milliers d'inconnus, le film nous plonge dans une autre guerre, une guerre morale où de nombreuses autres questions vont devoir être posés.
En partant à la recherche de ce soldat Ryan, on aura alors de cesse de se poser des questions sur la légitimité de cette mission, sur son bien fondé, sur le pourquoi de cette guerre, sur ceux que l'on envoie au front pour défendre des valeurs, pour défendre la liberté... Et c'est là que le film commence à devenir encore plus intéressant car si il nous plonge de façon très intense dans le malheur de parfait inconnu, par la suite on va devoir apprendre à connaître cette troupe, leurs passés, leurs idéaux, leurs raisons de se battre, leurs motivations, leurs rêves...
On à toujours le droit à des batailles sanglantes qui viendront parsemés leur avancée mais cette fois ci, bien que ce soit moins frappant dans la durée, on ne peux plus fermer les yeux. On sympathise avec les différents personnages. Qui à commencer cette guerre ? Pourquoi on est là ? Tout devient presque secondaire. Le spectateur fait partie de la mission s'en sans rendre compte, se pose les mêmes interrogations et n'as qu'une seule envie s'en sortir. On se sens si proche d'eux, de leurs raisonnement, de leur passé que la complicité s'installe tout en douceur et vient brutalement nous marquer lorsque l'un d'eux nous quitte.
D'un simple film de guerre, d'une simple mission de sauvetage, le long métrage devient ainsi un devoir de mémoire. On perds des êtres fictifs ici bien entendus mais la force est telle qu'on ne peut qu'imaginer ce qu'on du ressentir les survivants de cette guerre et à travers ce devoir de mémoire, c'est aussi une façon de nous amener à réfléchir sur notre passé pour ne pas commettre les même erreurs qui intervient. Le spectateur veut quitter cette guerre, veut s'en sortir et à l'instar d'un des moments fort du film, on se dit qu'après ça, après tant de sang qui ont coulé, on se doit de mérité cette paix, cette liberté et de profiter de la vie en faisant en sorte que ceux qui se sont battus pour cette liberté ne soient pas morts en vain.
Si l'histoire principale est fictive, elle reste cependant très crédible (de nombreuses familles ont du perdre des enfants) et c'est ainsi que l'ensemble fonctionne. On à une trame fictive ancré dans un réel assez déconcertant qui ne peut pas nous laisser indifférent. Pour ma part du moins, je ne suis pas resté insensible à tout ça et à chaque visionnage, ce film m'interpelle toujours autant. De temps en temps, le scénario nous glorifie de quelques pointes d'humour qui nous aide à tenir comme pour la troupe du Capitaine Miller mais le film reste suffisamment sérieux du début jusqu'à la fin pour nous faire rentrer dans ce film.
Les passages d'ouverture et de fermeture du film plus contemporain ont souvent été qualifié de mièvre de la part de certains critiques. Pour ma part, je les ai trouvés eux aussi très fort. Je n'y ait pas retrouvé la légèreté de Steven Spielberg ni même une quelconque once de facilité dans la sensiblerie, j'y ait juste vu une accentuation de ce devoir de mémoire que j'ai ressenti durant tout le film et de respect pour ceux qui sont tombés. On se recueille aussi et c'est suffisamment court pour ne pas tomber dans la surenchère à mes yeux si on fait peut être exception du dernier plan peut être trop patriotique mais que je peux comprendre là encore avec ce drapeau américain flottant de longues secondes avant que le générique de fin arrive. Personnellement, je ne suis pas très fan non plus des apports religieux au film mais là encore, remis dans leurs contextes, je peux aussi le comprendre.
Quant au casting, il est tout simplement incroyable. Au delà des simples têtes d'affiches, je prends toujours un certains plaisir à voir quelques apparitions d'acteurs qui ont su tirer leur épingle du jeu depuis et qui forme ici une excellente interprétation. Pour en revenir aux tête d'affiches, on à le droit à un Tom Hanks en tête qui en Capitaine John H. Miller est extrêmement convaincant. Pour ma part, il est même dans l'un des meilleurs rôles de sa carrière tant il excelle dans son registre. Pourtant au début, j'avoue que ce n'était pas gagné d'avance pour que j'y crois (à l'époque où j'ai découvert le film je le voyais surtout dans des films légers) mais très rapidement, il m'a convaincu. Sans aucune fausse note et malgré une distribution qui en impose en terme de charisme, il s'impose très facilement comme leader du groupe. J'ai beaucoup aimé sa façon de jouer dans son regard et le fait qu'il garde une part de mystère en lui comme une sorte d'évasion à cette guerre. Son personnage est très touchant et même lorsqu'il parait dur dans ses décisions, Tom Hanks réussit à le rendre sympathique.
A ses côtés, j'ai beaucoup aimé la troupe qui l'accompagne à commencer par Tom Sizemore en Sergent Michael Horvath lui aussi très convaincant en bras droit de Miller. C'est l'homme sur qui ont peux compter quoiqu'il arrive et le comédien réussi lui aussi à imposer son leadership dans la troupe sans voler pour autant la vedette à Tom Hanks. La hiérarchie se fait bien ressentir sans pour autant avoir besoin de l'appuyer. Edward Burns en Richard Reiben est lui aussi très bon. Il à une évolution qui me plait bien et même si je pense qu'on aurait pu nous en montrer plus sur ce personnage, l'acteur s'en sors très bien. Il rend son rôle lui aussi crédible même lors de la scène où il s'interroge sur le fait de libérer ou non un prisonnier de guerre.
Dans ceux qui sont un peu en retrait dans cette troupe mais que j'ai quand même bien aimé, on retrouve aussi Barry Pepper en Daniel Jackson. J'ai trouvé son personnage assez fun et très sympathique grâce notamment au jeu de son acteur. Pourtant au début, c'est peut être l'un de ceux pour qui j'avais le moins d'affinités mais à l'image du scénario, plus je le découvrais, plus il évoluais et plus son personnage me plaisait même dans ses maladresses. C'est un peu le chemin inverse qui s'est produit avec Adam Goldberg en Stanley Mellish que je trouvais sympathique au début et qui est devenu le personnage pour lequel j'ai eu le moins d'affection par la suite sans que je puisse vraiment expliquer pourquoi.
Giovanni Ribisi en Irwin Wade, le médecin, est pour sa part celui que j'ai trouvé le plus intéressant. L'acteur joue très bien et j'ai beaucoup aimé le regard qu'apporte ce personnage sur cette guerre n'hésitant pas à remettre en place ses camarades lorsque ceux ci dérivent un peu trop. Conscience posé du groupe, j'ai bien aimé son interprétation que j'ai trouvé plus fine, plus subtile et qui tombe moins dans la surenchère comme ça peut être le cas de Jeremy Davies en Timothy Upham. Ce dernier croit lui aussi faire les bons choix mais sa jeunesse et l'inexpérience de son personnage joue un peu en sa défaveur je trouve même si il apporte quand même de bonnes interrogations.
C'est toujours un plaisir aussi de retrouver Vin Diesel en Adrian Caparzo dans un rôle plus fin que ce qu'on est habitué de voir depuis chez l'acteur. C'est dommage d'ailleurs qu'il n'a par la suite pas exploité un peu plus cette facette de son jeu d'acteur car je trouve qu'il s'en sors vraiment bien. Loin du cliché du gros dur, il arrive lui aussi à nous émouvoir et on sympathise très vite avec lui. J'ai bien aimé aussi Matt Damon dans la peau du fameux soldat Ryan qu'il faut sauver. J'ai aimé le traitement de son personnage qu'on n'a pas tourné en ridicule et qui justifie le bien fondé de cette mission même si on aurait pu la faire pour d'autres hommes (comme dit dans le film, on est tous le fils d'une mère). Il arrive tardivement, c'est assez logique, mais il s'intègre très vite dans cette distribution et contribue lui aussi à sa réussite.
Le reste du casting est excellent aussi en tout cas. je n'ai pas ressenti de fausses notes et chaque acteur m'a paru bien ancré dans son rôle. J'ai quand même aimé retrouvé avec un œil amusé (même si le sujet ne s'y prête pas) des acteurs comme Ted Danson en Capitaine Fred Hamill, Paul Giamatti surprenant en Sergeant William Hill, Bryan Cranston loin de son humour noir en Colonel du Département de la guerre, Leland Orser en Lieutenant Dewindt ou encore Nathan Fillion bien loin de la série "Castle" et dont l'apparition n'est pas inintéressante car elle démontre qu'on aurait pu avoir une fin beaucoup plus risible si on avait pas soigné le personnage du soldat Ryan malgré son arrivée tardive.
Côté mise en scène, je suis toujours autant épaté par le travail de Steven Spielberg qui passe une nouvelle fois très bien l'épreuve du temps. J'ai déjà évoqué les passages d'ouverture et de fermeture post-guerre mais entre le débarquement initial (plus de 25 minutes qui nous prends aux tripes comme si on esquivais aussi les balles) et le chemin de cette compagnie pour retrouver le soldat Ryan, Steven Spielberg utilise sa caméra avec une maitrise déconcertante. A chaque fois, on pense avoir tout vu avec ce cinéaste et à chaque fois, il sais se renouveler tout en gardant sa sobriété, sa simplicité et son efficacité.
Ça passe par les scènes de guerre bien sûr magnifiquement filmé et intense avec une crédibilité qui peut nous rendre malade sans pour autant que la violence soit gratuite. Ne tombant jamais dans le piège du voyeurisme inutile, Steven Spielberg ne fait qu'effleurer le gore juste comme il faut pour montrer l'horreur de la guerre sans pour autant tomber dans le spectacle risible. Au delà de ses passages, l'avancée de la troupe du Capitaine Miller est filmé avec un certain panache. Les plans s'enchaînent de façon très fluide, on ne s'ennuie jamais malgré la durée de plus de deux heures et demie et le montage s'avère efficace.
Certains plans sont d'ailleurs je trouve d'une très grande beauté. C'est un peu un paradoxe quand on voit l'horreur de la guerre mais certains passages sont vraiment magnifique à voir comme la scène finale au cimetière très émouvante ou encore celle de Tom Hanks face à un coucher de soleil où alors les scènes sous la pluie. Les angles sont en tout cas parfaitement bien pensé avec une photographie magnifique servi par une très bonne lumière qui sers parfaitement le récit. J'ai beaucoup aimé en tout cas les différents décors qui nous replonge dans ce monde en guerre ainsi que les costumes qui m'ont bien donné l'impression de "vivre" cette guerre sans tomber encore une fois dans le divertissement clownesque.
Visuellement en tout cas, c'est très réussi. Les effets spéciaux sont convaincants, on ressens les batailles, on ressens les blessures et même si je ne suis pas fan de la caméra qui bouge trop pour nous faire rentrer au cœur de l'action, ici elle est plutôt bien maitrisé, nous imprègne bien dans le récit sans pour autant nous rendre malade (exception faite encore des 25 premières minutes vraiment dure à supporter je trouve aussi bien dans le fond que dans la forme mais que je peux comprendre parfaitement et qui ne gâche pas mon visionnage du coup). Quant à la bande originale signé John Williams, je l'ai trouvé très bonne avec juste ce qu'il faut de lyrisme sans avoir à trop appuyer sur les violons. Une musique douce, très discrète, qui nous permet de mieux nous concentrer sur la violence physique et psychologique de ce récit.
Pour résumer, bien qu'il soit très dur émotionnellement, c'est toujours un plaisir pour moi que de revoir "Il faut sauver le soldat Ryan" qui compte toujours parmi mes films préférés de Steven Spielberg. Maitrisé de bout en bout, le long métrage bénéficie d'un scénario parfait, d'un casting impeccable et d'une mise en scène soigné. On y découvre les horreurs de la guerre, on s’interroge sur les tenants et les aboutissants de tout ça ainsi que sur la nature humaine et au delà de ça, ce film, bien que fictif, est un très bon devoir de mémoire je trouve qui ne nous laisse pas indifférent et qu'il est très intéressant de regarder. C'est donc un film très fort et intense que je recommande très fortement.