Une message d'espoir et d'encouragement de Jacques Garello : l'échec actuel du socialisme donne aux libéraux une fenêtre stratégique pour se lancer dans l'action politique.
Un article de l'Aleps.
Donc, l’idée d’une alternative au socialisme progresse. Elle prend pour première forme celle du rejet global du système UMPS, comme dit Madame Le Pen. Mais ce rejet est anti mondialiste, anti européen, de plus en plus xénophobe et dirigiste. Le message du Front s’est progressivement durci : c’est à l’évidence une bonne opération électorale, la démagogie dite de droite faisant écho à la démagogie de gauche, mais ce n’est pas un projet que des libéraux peuvent accepter. Les libéraux sont également contre le système UMPS : d’abord parce que c’est un système, fait de connivence entre énarques hauts fonctionnaires, politiciens et agioteurs, veillant à leur monopole d’expression médiatique et pratiquant la « centralisation démocratique ». Ensuite parce que la « droite » au pouvoir a accentué la collectivisation de la France, de sorte que le choix offert au peuple depuis quarante ans est entre socialisme de droite et socialisme de gauche. J’en déduis que le libéralisme a une fenêtre stratégique : c’est une solution qui évite le dramatique choix entre socialisme et populisme. La brèche est ouverte.
Mais la brèche n’est pas ouverte pour très longtemps. En effet, on s’agite dès maintenant au sein de l’UMP ou de l’UDI pour savoir comment on va se répartir les places au sein du pouvoir reconquis. Selon toute vraisemblance, l’opposition va regagner les positions perdues dès le printemps prochain, et autour et après les élections locales et européennes, les programmes passeront au second rang, toute l’énergie de l’opposition se consacrera au choix des hommes – ce qui veut dire à la lutte des clans. On en a déjà un avant goût, avec le duo Coppé-Fillon, coiffé par Sarkozy, et Madame Lagarde se voit déjà en premier ministre de son ami Nicolas. Tous ces gens de l’opposition n’ont cure du débat d’idées, de l’étude des problèmes et des programmes, et a fortiori n’ont cure du libéralisme. Dès qu’ils auront repris la première place sur la scène publique, c’en sera fini des vraies réformes. On nous assommera d’analyses chiffrées, de mesures sophistiquées, de promesses conçues par les « communicants ». Comme d’autres l’ont déjà dit – mais pas forcément pour prôner le libéralisme – c’est maintenant ou jamais.
Maintenant les Français commencent à s’inquiéter sérieusement pour le chômage. Maintenant ils commencent à craindre pour l’avenir de leurs retraites. Maintenant ils se demandent ce que va devenir l’école de leurs enfants. Maintenant ils protestent contre la désagrégation morale du pays, avec la dissolution de la famille, avec la montée de l’islamisme militant. Maintenant ils voient leur pouvoir d’achat baisser, les prélèvements augmenter.
C’est maintenant qu’il faut leur expliquer que la solution est libérale : en finir avec l’Etat Providence et la République des copains et des coquins, et remettre en honneur la liberté, la responsabilité, la propriété, et le droit naturel. Le détail du programme libéral est bien connu. Nous en rappelons ici régulièrement les principes et les modalités.
A-t-on les moyens de profiter de cette conjoncture si dramatique pour la France, mais si opportune pour la libération ? Il est vrai que la « boîte à outils » des libéraux n’a pas le riche contenu de celle de Monsieur Hollande. Nous n’avons ni subvention, ni accès aux médias. Mais la « Manif pour tous » n’a-t-elle pas été un spectaculaire succès ? Est-il plus difficile de diffuser les idées de la liberté que de réussir trois manifestations de plus d’un million de Français ? J’insiste sur le changement radical de ces derniers mois : le réveil de la société civile. C’est donc dans les profondes richesses humaines du pays qu’il faut puiser pour réussir l’offensive libérale. Encore ces richesses doivent-elles se révéler, s’articuler, en attendant de faire pression sur la société politique.
C’est la raison pour laquelle j’insiste sur l’opportunité des Forums des libertés. Pour la deuxième fois en 35 ans, il n’y aura pas d’université cette année pour des raisons contingentes. Mais pourquoi réserver à quelques privilégiés convaincus assemblés à Aix le bénéfice de la bonne parole et de l’amitié partagée ? Il faut organiser des mini universités dans la France entière : les forums sont la nouvelle formule que nous avons choisie pour la rencontre, l’information, le débat et l’engagement. Il y a des milliers de Français soucieux de la chose publique mais peu enclins à prendre la carte d’un parti. Ces forums, je le rappelle, doivent naître spontanément, localement, ils ne sont pas créés ni gouvernés par quelque centre parisien. Si l’ALEPS les propose (mais n’en dispose pas) c’est pour les accompagner, fournir à la demande documentation, conférenciers, sites et lettres.
J’ai bien conscience que d’autres initiatives, menées par d’autres libéraux, sont en train d’éclore. Je ne désespère pas non plus du nouveau visage du Medef, qui se donnera mardi prochain 3 juillet un nouveau président. Qu’il y ait plusieurs canaux de diffusion des idées de la liberté me semble attester de l’opportunité du message et permet de mettre en œuvre une saine concurrence. Pour ma part, comme mes amis administrateurs de l’ALEPS – souvent impliqués eux aussi dans d’autres structures – je demeure attaché à un libéralisme apolitique, ancré dans la société civile, choisi pour des raisons éthiques, humanistes aussi bien qu’économiques. Qui nous aime nous suive. Nous sommes plus riches de notre foi et de notre espérance que de nos deniers bien parsemés. Tous nos moyens humains, tout votre engagement, devraient pourtant suffire à faire découvrir aux Français les bienfaits de la liberté et les exigences de la responsabilité et de la dignité.
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