Eddie Routh, tout comme Kyle était aussi un soldat, frappé par le syndrome post-traumatique de la guerre, syndrome qui les anéantira tous les deux.
À Ramadi, il avait tué d'une seule balle deux insurgés à motocyclette et il se faisait fier coq de ce fait d'armes. Ceci n'était pas passé inaperçu de l'autre côté non plus puisque sa tête avait été mise à prix en Irak et on offrait 20 000$ à quiconque l'assasinerait, on l'avait même baptisé Le Diable de Ramadi tellement sa légende précédait son équipe.
Malgré les exploits militaires, il a également assisté à l'horreur avec quelques têtes explosées d'une ou plusieurs balles alors qu'il est en pleine discussion avec la victime ou encore son coéquipier criblé de balles alors qu'il se tient à ses côtés. Avec le manque de sommeil et la fatigue qui s'en suit, il s'en culpabilisera beaucoup et les images lui resteront collées au cerveau. Il est alors plongé dans un présent éternel destructif mentalement. Sa fille en Amérique tombe au même moment malade et il revient donc aux États-Unis, non pas avant qu'un de ses bons amis ne saute sur une grenade et explose avec, pour sauver tout le monde autour.
La culture du tireur d'élite, du gars de droite, du bon républicain est de ne jamais montrer de "faiblesses". Bien qu'ils soient théoriquement entrainés afin de supporter de voir une tête éclatée sous leurs yeux, quand ça arrive pour vrai, c'est une toute autre histoire. La proximité avec l'horreur pour les tireurs d'élite les fait scruter l'intimité de leurs victimes, avant, pendant et après les avoir abbatues.
L'être humain n'est pas construit pour être imperméable à cette horreur-là.
Il oeuvre toujours comme présence rassurante et guide pour soldats en choc post-traumatique quand il croise la route d'Eddie Ray Routh.
L'armée est pathétique dans le suivi accordée au soldat Routh se contentant de le médicamenter, ce qui ne fonctionne pas du tout, il s'enlise davantage.
Routh se rend chez sa soeur et lui confesse que c'était probablement le seul moyen de s'armer contre lui-même. Être arrêté en envoyé en prison, encadré, lui paraît une bonne protection.
Le soutien psychologique des soldats de retour à la vie civile n'est pas armé pour les prendre en charge.
Le danger d'ostraciser tous ceux qui, bien que traumatisés, s'en sortiront est réel.
Une chose semble claire toutefois:
On ne guérit pas avec les armes.
Ça se passait aujourd'hui il y a 5 mois.