Et se pencher sur un album photo, et s’y redécouvrir, s’y reconnaître avec peine, fraîche, souriante, étonnamment jolie. Et se retourner sur son passé, sur celle que l’on fut, dont plus aucune cellule ne constitue ce nouveau corps, cette carcasse devenue au fil des années si familière.
Et puis l’on plonge son regard dans celui glacé sur le papier, et on l’interroge, et l’on se souvient. On se souvient de ces espérances, de ses assurances, de ses certitudes. Et reviennent ses peurs, ses angoisses, et ses doutes, et ses rêves, et ses espoirs.
Et l’on revoit sa vie telle que l’on se l’était imaginée, se l’était tracée, lumineuse et linéaire, sans compromis, sans ligne brisée.
Et puis l’on se retourne et se surprend dans un miroir, si différente de celle que l’on pensait y découvrir. Et de croiser son regard, et y chercher sa présente vérité, y lire des regrets, et des remords, et ne pas s’y attarder. Et reculer d’un pas, percevoir une lumière, deviner une force, qui est celle de la vie. Décider que tout ceci n’est que détails et ne pas s’y attarder.