Fort d’entrecasteaux, 27 Juin 2013.
Avec les beaux jours qui tardent à arriver on en oublierait presque que c’est le début de la saison des festivals d’été.
Comme l’an dernier on se laisse tenter par une des trois soirées du nouveau venu mais déjà très couru Rock Island, qu’on annonce complet samedi mais pas ce jeudi.
Si la tête d’affiche Tellier ne nous fait pas plus que ça rêver, on se languit de revoir Whomadewho et voir pour la première fois FM Belfast.
Après avoir jeté un œil sur la vue imparable de Marseille qu’offre le fort, les festivités commencent avec Mermonte.
Plus un collectif qu’un groupe rock lambda car on dénombre pas loin de 10 musiciens présents sur scène.
La musique de ces Rennais est idéale à écouter avec le soleil couchant, pour certains assis sur l’herbe.
Ils délivrent un genre de post rock symphonique qui rappelle par moment Tortoise, Yann Tiersen ou Arcade Fire.
On y entend quelques morceaux chantés de voix mixtes mais on retient davantage les envolées mélodiques, avec du xylophone, des claviers, une mini section de cordes élégantes et deux batteries qui donnent de l’ampleur à leur son.
Le public semble apprécier mais ne manifeste pas pour autant un enthousiasme débordant, ce qui n’empêche pas les musiciens de savourer leur plaisir d’ouvrir le bal.
Une belle mise en bouche en attendant des choses plus remuantes.
Elles vont arriver avec les excellents FM Belfast qui comme leur nom ne l’indique pas sont Islandais.
Apparus en même temps que d’autres brouilleurs de pistes, les Suédois I’m From Barcelona et les Australiens Architechture In Helsinki, ils partagent avec ces groupes déjà appréciés dans le coin un sens inné de la pop enjouée, en plus électronique.
Aimant déjà leurs disques et ayant eu de bons échos d’eux en live je pressentais un bon moment mais ça sera au delà des espérances, une vraie bonne idée de la part des programmateurs.
Au delà de leur musique extrêmement festive, il y a d’emblée un choc visuel en voyant ces doux dingues débarquer avec chemises à bretelles aux couleurs improbables.
Certains finiront en sous vêtements lors de la chanson "Underwear", d’autres enrubannés de cotillons de carnaval.
Un des membres (le barbu) nous gratifie de chorégraphies spectaculaires digne des meilleurs crew de danse hip hop.
Dès l’introductif "The New Year" il est difficile de ne pas avoir envie de danser avec eux, les beats synthétiques pulsent et la batterie claque.
Sur "I Don’t Want To Go To Sleep Either" le public est amené à s’asseoir et se relever pour une ola communicative.
Ils ne joueront pas leur reprise de Rage Against The Machine mais reprendront le fort à propos "Fight for your right to party" des Beastie Boys.
Typiquement le genre de concert qui emballe fans et néophytes, une prestation fun et généreuse qui place la barre haut pour les suivants.
Pas de bol pour qui les a déjà subi à deux reprises l’an dernier, c’est à Sebastien Tellier et son groupe mollasson de faire retomber l’ambiance, là où Whomadewho aurait parfaitement enchaîné.
Les chansons de "Sexuality" sont nettement plus nombreuses que celles de "My God Is Blue" ce qui est un moindre mal, mais le son est hélas atroce du début à la fin.
Même les fans les plus motivés au départ déchantent rapidement derrière leur smartphone, la farce ne prend plus vraiment, lui même n’y croit pas ou est trop éméché pour s’en rendre compte.
Les blagues graveleuses habituelles ne retiennent pas vraiment l’attention cette fois, et comme pressé d’en finir, il interromps le très demandé "L’amour et la violence" puis quitte les lieux après une ultime intervention fumeuse.
Flop prévisible mais il fallait bien une tête d’affiche pour attirer du monde un jeudi.
Malgré quelques concerts réjouissants à Marseille, le dernier pas plus tard que l’an passé, les Danois de Whomadewho n’ont pas encore ce statut là et on peine à comprendre pourquoi tant c’est un carton à chaque fois.
Un peu peur, avec des premiers morceaux joués un peu au ralenti, qu’ils ne soient d’humeur trop laid back cette fois mais c’est pour mieux surprendre après.
"Inside World", "Keep Me in My Plane", "Running Man", le "Flat Beat" de Oizo, les tubes sont au rendez vous et la foule revigorée, ça danse, ça crie, ça tape dans les mains, l’ambiance est à nouveau au top.
Décontractés et dopés au champagne et au pastis, nos chantres du disco punk livrent un set parfait, avec une montée en puissance qui trouve son climax au rappel avec la fameuse reprise du "Satisfaction" de Benny Benassi.
Ils s’adressent souvent au public et investissent à plusieurs reprises la fosse, et alors que les micros sont éteints et que le matos du dj de clotûre s’installe, ils rallongent leur set de deux titres à la demande générale.
On quitte les lieux avec une sublime vue nocturne cette fois, et on se dit qu’on reviendra probablement l’an prochain si Rock Island continue à proposer, en marge des stars des platines davantage prisées par leur cœur de cible, des groupes live de cette classe.