Un test un peu plus court qu’à l’accoutumé avec au menu le dernier né de chez Furutech division Casque, « alias Alpha Design Labs ». Paru au premier trimestre de cette année 2013, ce fermé a vocation à accompagner vos escapades urbaines ou campagnardes, comme à flemmarder avec vous et votre canapé un dimanche pluvieux.
Restait à savoir si avec un tarif constaté supérieur à 200€, le petit nouveau parviendra à se faire une place au soleil.
1. Spécifications
- Design acoustique : fermé mais aéré
- Drivers : néodyme de 40mm de diamètre
- Sensibilité: 98 dB SPL (1mW) à 1 KHz
- Réponse en fréquence: 20Hz ~ 20kHz
- Puissance d’entrée: 200 mW (max.)
- Impédance nominale: 68 ohms à 1 kHz
- Coussinets : Similicuir
- Connecteurs : mini-XLR amagnétique traité α (Alpha) plaqué Rodhium
- Poids: 245g Approx. (sans câble) 310 g Approx. (avec câble)
Notons ici les deuxs points saillants du H118. En premier lieu le jack qui nous offre un connecteur mini xlr, assez rare à ce niveau de prix, et le connecteur bien soigné qui devrait lui garantir une bonne tenue sur la durée. La conception est par ailleurs symétrique, petite attention audiophile ou argument marketing ?
2. Qualité de fabrication
De plus en plus exigeants, les utilisateurs de casques font désormais bien attention à la qualité de fabrication des produits, dont ils attendent :
- Une capacité à résister aux contraintes physiques issues d’une utilisation nomade.
- Un esthétisme valorisant le produit et lui accordant une personnalité à même de le différencier dans la jungle des casques nomades devenus de véritables objets de mode
Précisons avant de développer la section suivante quelques aspects de ma morphologie : je dispose d’une tête « moyenne », je ne porte pas de lunettes, et ma coupe de cheveux est plutôt mi longue. Ces éléments devraient vous permettre de moduler mes remarques relatives au confort de port et à l’ergonomie, en fonction de vos propres spécificités de visages ;)
2.1. Le bandeau et l’arceau
Le H118 pourra sembler peu confortable pour nos amis à têtes larges … tel que ne manquera pas de vous en convaincre la photo ci-dessous comparant un Grado SR-325 à l’oval assez élargi … et le H118 franchement resserré. Une fois posé sur la tête cependant mes craintes disparaissent, puisqu’il épouse son broncher le contour de mon crâne. Sans pression verticale excessive à déplorer.
Le dessous de l’arceau, un bandeau en mousse enrobé d’un simili cuir, vient reposer très légèrement sur le crâne, car la pression latérale du casque est suffisante pour absorber une partie du poids de celui-ci.
On remarque sur ce cliché que le ADL H118 est un contorsionniste à même de se glisser dans un sac à main, une besace ou votre une mallette de travail.
Les articulations semblent relativement robustes, abstraction faite du revêtement de surface, un plastique légèrement mat qui ne parvient pas à me convaincre … sans doute un peu trop « cheap » pour le prix du casque.
Point de vigilance en revanche, sur les parties coulissantes de l’arceau, permettant de régler la taille du casque. Un point faible classique des casques, mais qui ne fait pas ici l’objet d’une attention particulière par Furutech. Cela pourrait être à mon avis responsable de quelques casses après quelques mois/années de service.
2.2. Les earcups et les coussinets
La forme triangulaire des pads saute aux yeux lors des premiers contacts avec le casque. Choix curieux pour un casque, mais intéressant d’un point de vue design, la forme pourra altérer grandement la capacité d’isolation du casque.
En ce qui me concerne, mes oreilles de taille moyenne rentrent cependant heureusement encore une fois dans les mensurations « standard » qui ont du permettre d’étalonner le design du casque, et les coussinets viennent gentillement prendre place autour de mes oreilles, sans pression latérale excessive mais avec une isolation agréablement efficace.
Le casque est ainsi parfaitement utilisable dans le métro, le RER, ou un boulevard animé. A titre d’exemple, l’isolation est supérieure à des ATH ESW9 / ES10, V-MODA crossfade, Philips fidelio & consort. On est légèrement en dessous du niveau du Focal Spirit One ou du Sennheiser HD25. Le port est également très confortable.
2.3. Le câble
Il convient de rendre honneur dans un premier temps au design symétrique du casque, et au choix judicieux du connecteur mini-xlr, qu’on retrouve sur des casques sédentaires beaucoup plus chers, tels que les Audeze. Une impression de solidité se dégage ainsi de la connectique du casque.
Les câbles et les connecteurs, ont toujours été un domaine de prédilection de la marque Furutech. Le H118 affiche une copie pourtant mitigé, voulant probablement concilier le meilleur des mondes nomades et sédentaires.
En effet avec un câble de 2m, d’une souplesse toute relative (sans aller jusqu’à l’aspect « câble de téléphérique de certains Hifiman), le casque est plus adapté à l’usage sédentaire que nomade. Vous pourriez vouloir le changer, si votre vocation première est l’écoute « dehors ». Sinon, il vous faudra prévoir un petit sac capable de stocker le surplus de câble, puisqu’il en faut rarement plus d’1m20 entre le baladeur et son casque.
Furutech aurait pu aller chercher un câble à torsade étirable pour compléter ce produit et faire pleinement honneur aux connecteurs employés. Retenons quand même au global que la solidité proposée devrait être parmi les références du fermé nomade.
2.4. Les matériaux et le design
Ce paragraphe me permettra une petite synthèse sur le « look’n'feel » qui se dégage du produit. Certains aspects mettent en confiance, que ce soit la qualité des earpads, ou la qualité des connectiques, tandis que l’aspect plastique des revêtements vient « ternir » l’impression de qualité du produit. Notamment sur l’arceau et les parties coulissantes du casque.
Il pourrait être intéressant de retenir un revêtement dans la mouvance du superbe travail réalisé sur le TMA par la marque Aiaiai, pour d’éventuelles « V2″ de ce casque à venir.
2.5. Le bundle
Le H118 vient dans une coffret ovale, permettant de stocker le casque lorsque celui-ci est replié. L’attention est appréciable, là ou les casques de la concurrence viennent souvent avec au mieux une housse de transport en tissu.
On notera que la forme de l’étui ne permet pas de stocker le casque et son câble branché. Il vous faudra donc le débrancher avant de le ranger … un petit détail qui aurait pu être mieux pensé.
3. Les performances audio
Il est rare d’être surpris dans le petit monde des nomades fermés. L’année dernière nous avait amené un joueur de plus dans la cour de recré avec le Focal Spirit One. Le H118 ne sera malheureusement pas le nouveau trublion de 2013, loin s’en faut.
3.1. La scène
En termes de scène sonore, pas de miracle. La forte isolation, l’absence d’évent, et sa conception fermée font du H118 un auditorium très confiné. A haut volume, la sensation peut devenir même assez vite oppressante pour les utilisateurs les plus sensibles.
En termes de placement, on est dans une « moyenne » par rapport aux performances offertes par des casques concurrents dans la fourchette des 150/250€. Les grandes lignes de paysages sonores sont correctement tirées, mais il faudra voir ailleurs pour les pointilleux.
Comme toujours dans ce cas, les morceaux simples à décoder en petites formations s’en sortent globalement mieux. Le jazz par exemple, les musiques classiques en formation « de chambre », le rock indé, …
C’est tout de suite moins bons sur des orchestrations plus imposantes ou des genres à tendance « fouillis » comme le métal.
3.2. La signature
La signature du H118 est sombre. On est ici même dans le « voilé », tel que pourra en attester la courbe de réponse en fréquence d’une part … et vos oreilles d’autre part.
En analysant la courbe on remarquera :
- Une première bosse dans le bas / bas médiums entre 50 et 150 Htz
- Une courbe assez linéaire jusqu’à 2kHtz
- Une baisse ininterrompue dans les haut medium jusqu’à 5kHtz
- Un pic de brillance autour de 8kHtz
- Presque plus rien après 10kHtz
Pas de surprise, le H118 sonne voilé dès la première écoute. Et pas d’amélioration à noter avec le « rodage », que l’on y croit ou non : après une semaine et du pink noise en 24h/24h rien ne se débouche. La comparaison est particulièrement flagrante en écoute comparative avec le Grado SR325. En passant d’un casque à l’autre on se demande ou sont littéralement passés les haut medium et les aigus sur le Furutech. Aucune magie dans les guitares ni dans les instruments à corde en général, c’est assez mat et cela manque de vie.
Le casque a tendance à surgonfler le bas de spectre sans être particulièrement rapide dans le domaine, ce qui rend « pataudes » pas mal d’interprétations sur des styles aux section rythmiques un peu musclées. Cela dit, le niveau de mid-bass est suffisant pour largement profiter de nombres de MAO / Electro modernes, et ressentir un certain impact « pas déplaisant ».
A l’autre extrême, on retrouve donc « brutalement » un aigu à 8kHtz, qui vient malheureusement se superposer avec les harmoniques de cymbales … qui sont du coup trop audibles, sans être convaincantes dans les textures proposées.
3.3. Autres
En terme de détail, le H118 n’est clairement pas un laborantin équipé d’un scalpel nanométrique, mais bien plutôt un lanceur de tronc écossais. Les textures sont reconstituées assez sommairement (trop pour ce prix disons le franchement) et pour peu que vous connaissiez bien vos disques avec « d’autres casques » plus performants, il sera vraiment compliqué de s’en satisfaire. Mention spéciale aux basses qui sont dans ce domaine beaucoup trop floues
En terme de réactivité et de rapidité, on notera que le bas de spectre n’est pas suffisamment maîtrisé pour respecter les micro césures de vos meilleures sections basses. Le casque donne globalement la désagréable impression de traînasser. Les équipes techniques auraient pu décidément y accorder plus d’attention compte tenu de l’argumentaire marketing développé autour du casque à teneur de « Les basses trop présentes sans qualité c’est le mal! »
4. Pour conclure
Le HD118 n’est pas un casque à même à lutter avec la concurrence dans le segment des nomades fermés entre 150 et 250€. Furutech devra vraiment revoir sa copie sur le plan sonore, tout en capitalisant sur les bons points de la construction du casque : bonne isolation et confort correct.
Preuve en est que la ruée vers le casque de nombres de constructeurs ne se fera pas sans casse.