Les Européens ont exigé des explications sur le programme d'espionnage américain, qui aurait visé les institutions de l'UE et des millions de citoyens européens, alors que, dernier épisode en date, le quotidien britannique The Guardian a affirmé dimanche que la France, l'Italie et la Grèce figuraient parmi les 38 "cibles" surveillées par l'Agence nationale de sécurité (NSA) américaine.
Face au déluge de documents communiqués via l'ancien consultant américain de la NSA, Edward Snowden, au cœur d'un imbroglio mondial digne des meilleurs romans d'espionnage, Bruxelles a averti même de possibles conséquences sur la négociation d'une zone de libre-échange transatlantique.
La colère monte et effectivement je pense qu’on ne peut pas négocier sur un grand marché transatlantique s'il y a le moindre doute que nos partenaires ciblent des écoutes vers les bureaux des négociateurs européens. La lenteur de réaction et la méthode « diplomatique » des américains laisse planer un bien curieux sentiment.
La France a elle aussi demandé des explications "dans les plus brefs délais". "Ces faits, s'ils étaient confirmés, seraient tout à fait inacceptables", a déclaré Laurent Fabius. Quand elle Christiane Taubira, est allée plus loin, en estimant que si Washington avait bel et bien mené les opérations d'espionnage décrites par le Spiegel, ce serait "un acte d'hostilité inqualifiable".
Selon le Spiegel, le programme était constitué non seulement de micros installés dans le bâtiment de l'UE à Washington, mais aussi d'une infiltration du réseau informatique qui lui permettait de lire les courriers électroniques et les documents internes. La représentation de l'UE à l'ONU était surveillée de la même manière, toujours selon ces documents, dans lesquels les Européens sont explicitement désignés comme des "cibles à attaquer".
L’Allemagne est "le pays européen le plus surveillé" par la NSA, avec 500 millions de connexions téléphoniques et Internet enregistrées mensuellement. Une journée normale d'espionnage concerne environ 15 millions d'appels téléphoniques recensés en Allemagne, contre environ deux millions quotidiennement en France. Nos deux pays sont considérées par la NSA comme moins fiables que le Canada, la Grande-Bretagne, l'Australie et la Nouvelle-Zélande... tous pays anglo-saxons.
Selon le Guardian, l'opération de surveillance de la représentation française à l'ONU a été baptisée "Blackfoot" et celle visant l'ambassade de France à Washington "Wabash".