« Ce
matin t’étais mentholé, me dit-elle ! »
-….. ?
-Ton sperme
avait goût de menthe ! »
Cueilli !
T’es là tranquillou à la terrasse dégustant l’After eight qui accompagne le
petit noir « chez Fred » place du Palais de L’ombrière. (fiction,
bien sûr !)et tu ne vois pas venir le reproche, la suspicion, l'allusion au dopage.
J’ai franchi
le col du Tourmalet une ou deux fois.
L’Aubisque,
le Soulor, Hautacam, Iraty, Ascain, le col d’Ibardin aussi.
Jalabert et
consorts grimpent quatre parmi ceux-là dans
la journée.
La phrase me
surprend en pleine ascension.
« - la
prochaine fois je prendrais un mojito Tac-au-taquai-je.
Mon deuxième
cerveau en pilotage automatique se cale sur la trajectoire d’hier soir et je
revis la scène de la veille au ralenti : chez le glacier de la rue Sainte
Catherine (toute ressemblance avec des personnages, des lieux, des situations
existantes serait pure coïncidence), je me vois saisissant le cornetto biscuité
et sa boule de menthe/éclats de chocolat noir.
La
boulette ! Plus veinard que Jaja dont on examine les urines 15 ans plus
tard me voilà pris en flagrant délit de dopage dés le lendemain aux matines.
Le passé,
c’est dépassé!
10 ans plus
tôt l’ascension de tes sommets, mon amour, se faisait à l’enthousiasme et sans
substances exogènes.
Jaja,
fallait pas pisser dans cette éprouvette !
Tout comme « Queens »
aurait du raccrocher après la mort de Freddie Mercury et Iggy Pop devrait s’acheter un tee-shirt.
La voiture
en dépôt à Lourdes (histoire inspirée de faits réels) je roule depuis 15 bornes
avec une Janie Longo de passage alliée de circonstance contre le vent en
relais à toi, à moi !
A la
bifurcation ma partenaire d’un jour part vers Sainte Marie de Campan tandis que
je continue par Luz Ardiden. Il parait que par là c’est moins raide. Un but
identique, deux itinéraires !*.
Célibataire
contre le souffle d’un vent de terre, j’en « remet un ». Cliquetis de
dérailleur, la chaîne descend doucement d’un pignon et repose délicatement sur
le 12 dents en dessous comme la tête de ma fillote se repose désormais un
week-end sur deux sur mon épaule au
cinoche.
50*x 12 :
Trop vite, trop tôt je dois réviser mon ambition pour ce faux plat malgré son
faible pourcentage qui mène de Nestalas à Luz. Au pied de l’Ardiden « mettre du gros » car le mur à la
sortie de la ville me colle sur place.
A la fontaine
de Barèges je refais le stock de flotte. Le passage à 5% du jardin botanique, jusqu’à l’auberge de Louison me recharge la vigueur puis les derniers lacets avec du
8 et du 9% sans répit, la chaleur et le goudron fondu me colle aux pneus comme le doute accroche sa
poisse à mon mental.
Me voilà glissant sur la paroi verticale du temps et du Tourmalet.
(Tourmalet étymologiquement, c’est mauvais tour.)
49 ans
qu’est-ce que je fous là ? D’accord j’ai retrouvé les 60 kilos* de mes
vingt ans, et les jambes ? Et la tête ? Alouette !
Justement :
à vingt piges tu ne m’aurais pas fait grimper sur un vélo et encore moins sur
une montagne !
Les mains
soudées au guidon qui louvoie en limite d’équilibre « je sens tes
seins dressés comme des barricades et sur ma peau tes dents qui brodent des
croissants, bleutés comme tes cernes » et ça m’aide à ne pas mettre pied à
terre.
Un dernier
coup de rein pour les 13% des derniers cent mètres avant la bascule et l’orgasme
de « l’arrivée », la débandade de la descente.
Mais d’abord,
au frais dans l’auberge du sommet, une
garbure et un pichet de Madiran tandis que des champions d'un jour pose pour la pièce à conviction de la preuve de leur exploit personnel.
"Le dopage existe depuis l'antiquité. Il n’a pas
été inventé par Virenque, Armstrong, Ulrich, Pantani, Ricco, Rasmussen,
Vinokourof, Jalabert, Delgado, Indurain….désolé, il en manque dans la
série des pas vu, pas pris : Anquetil, Hinault, Robic, Bahamontés, Bartali,
Coppi…).Et
il ne s'est pas non plus arrêté avec eux.
(Par
respect pour un ami, Luis Ocaña ne figure pas dans cette liste de suspect.)
* les symboles c'est bon?Tout le monde est là?
*le 52 est resté sur les longues lignes droites
des Landes, je suis passé au plateau de 50 dents et c’est bien assez pour mes petites
jambes.
*mise à jour:10 ans plus tard, 59 ans, donc j'ai retrouvé mon poids de Depardieu en gardant ma taille de Mimie Mathy, ça calme, hein?