Magazine Culture

Charrette ou presque...

Publié le 01 juillet 2013 par Geybuss

  Gwada2013 510

 Et bien ça y'est, me voilà  comme une vieille charrette au bord de la route, victime d'un procédé vicieux que l'on appelle en 2012 : La charrette. Bon pour moi, c'est "ou presque", car pas tout à fait ça, même si le résultat est le même.

Chômage jour 1, premier jour chez Paul Emploie.... Bon rassurez vous, ce n'est pas encore maintenant que mon équipe et moi (11 personnes) allons gonfler les stats du chômage. Car en cas de licenciement économique, et d'acception du CSP (Contrat de Sécurisation Professionnel.... tout à un programme à revoir plus tard....), je suis officiellement "stagiaire". Oui, tous les licenciés économiques depuis le 1er juillet 2012 ne figurent pas encore dans les courbes que l'on vous montre à la télé. Enfin, si, ceux du 1er juillet 2012 y entrent aujourd'hui en fait et ainsi de suite. Mais quand Pujadas me dit que le chômage s'est stabilisé en mai 2013, je ris sous cape.... Car ça fait un sacré paquet de gens ignorés par ces savants calculs et proposés comme vérité vraie aux braves citoyens que nous sommes. Enfin, bref !

De mon côté, c'est ma petite agence de voyages qui ferme. Petite agence, qui sous forme d'un centre d'appel à taille et à gestion très humaine par 2 patrons accessibles et sur le terrain à nos côtés, sous-traitait avec l'aide de 3 autres plateaux les appels d'un grand voyagiste français, un T.O.... Tour Opérator. Deux plateaux ont fermé l'an dernier, nous redonnant à nous un peu d'oxygène. Et notre tour est arrivé. Presque plus d'appels, puisque le T.O fait tout pour que les réservations se fassent via internet, afin d'avoir le moins de commissions à verser.... Et le client est trop content de cliquer pour voyager, sans se rendre compte qu'à chaque click ou presque, ce sont des emplois en moins, et donc des charges sociales supplémentaires sur sa future feuille de paie pour payer les futurs chômeurs. Pour quelques euros d'économie de parking (pour aller en agence) ou de téléphone (pour réserver par téléphone), s'en est fini du contact humain, du CONSEIL (oui, le touriste potentiel se prend pour un agent de voyages qui a fait des études et qui a des connaissances et des réflexes inimaginables... Bref, c'est encore une fois la mort d'une profession, sacrifiée par les dieux Internet et Rentabilité.... Sachant qu'au passage, on hésite pas à piétiner sur le mot qualité... Parce qu'en plus, avec les émissions débiles sur les voyages à prix cassés, tout le monde veut partir très loin pour 300 €..... sans prendre en compte la chaîne humaine professionnelle qu'un tel séjour comporte : depuis la femme de chambre en Tunisie jusqu'à moi au bout de mon téléphone, sans compter le pilote (qu'il vaut mieux payer correctement pour éviter qu'il soit Russe plein de Vodka au décollage), les mécaniciens avions qui évitent qu'un avion décolle avec des pneus lisses.....

Il en va ainsi du tourisme comme de la librairie ou d'autres domaines professionnels. A force de ne plus vouloir bouger son C.. pour quoique ce soit et d'exiger une immédiateté inutile en tout, à vouloir tout pas cher, on en vient à asphyxier notre propre société à bord de l'implosion. Quelque part, nous sommes tous responsables.

Attention, je comprends très bien que lorsqu'on habite à 60 km de la ville, on passe par le procédé internet. Mais pour bien des domaines, comme le tourisme, il y a le téléphone, et au bout du fil, il y a un emploi, une personne. Il y avait moi.

8 ans.... Huit ans moins 7 mois, puisqu'après deux ans dans ma petite entreprise rennaise, j'ai démissionné en février 2007 pour partir pour la vie en Guadeloupe...Après moult aventures, je réintégrais mon poste et récupérais mon casque en septembre 2007. Oui, mais chefs m'ont reprise, tellement j'étais bonne !

CHARRETTE OU PRESQUE...
 4 mois plus tard, je leur servais mon AVC sur un plateau et toutes les conséquences que vous connaissez. Mes chefs ont tout accepté de mon état, de mes absences, de mes difficultés. A une période, je n'avais même plus d'horaires... " tu viens quand tu veux et le temps que tu peux". Bref, quand la santé flanche, et bien je peux dire qu'avoir des patrons pareils, c'est de l'or. Car ce sont de sacrés soucis en moins et toute l'énergie se concentre contre la maladie et non contre des patrons obtus pour être polis.

Bon, en même temps, j'étais une bombe commerciale avec une sacrée connaissance terrain. J'étais très douée pour faire rêver mes clients et pour les téléporter déjà sous les cocotiers ou sur les chemins du Népal, avec conseils +++  pour une fois sur place.

Alors même si ce boulot était pour moi un enfer cérébral, je pense que je n'aurais jamais réussi à le quitter, parce que malgré une "maison mère" devenue ignoble et efficace, voire anti-vente (si , si) avec le temps, ce boulot, je l'aimais et mon équipe de travail, et bien elle était comme une famille. On pouvait s'engueuler, mais on s'aimait, on se complétait. Et quand on a ça, pas facile de partir malgré des conditions difficiles (horaires décalés...) Alors ce licenciement va m'obliger et me permettre, sans regrets, sans mauvaise conscience, sans m'accuser des futurs mauvais choix possibles, de me réorienter vers un travail qui sera moins épuisant pour mon cerveaux pas encore tout à fait remis de ses émotions... Lequel ? Aucune idée pour l'instant. Je vais prendre mon temps, parce que je le vaux bien, et puis parce qu'après une telle aventure professionnelle et une fin si répugnante, il va me falloir un sas de décompression....

Quant à l'ignoble maison mère, marque pour laquelle j'avais postulé par idéal, et bien je lui souhaite bien du plaisir, façon de parler. Au siège, depuis un an, charrette de 480 personnes puisque fusion de plusieurs marques du groupe (bizarre, on en parle pas à la TV, pas assez industriel ni spectaculaire sans doute). Au fil des ans, nous avons tout accepté. Travailler jusqu'21h, travailler le dimanche, scinder notre équipe en deux pour effectuer différentes missions...) Pressés comme des citrons nous l'avons été, pigeons nous fumes et en vieilles chaussettes, nous finissons jetés. En rompant tout contrat avec ses sous-traitants actuels (spécialisés et formés exclusivement à la vente de cette marque) et en en choisissant un autre non exclusif et donc bien moins spécialisé et formé, mais beaucoup moins cher.... elle dit adieu à la qualité. Que l'hémorragie de la clientèle se poursuive, tel est sans doute son désir... C'est vrai, à l'époque actuelle, c'est bien trop con de vouloir conserver des clients !

Quant à moi, et bien cela en est fini des voyages au 4 coins du monde pour quelque temps... celui de retrouver un travail... qui quoiqu'il en soit, ne me permettra pas de bénéficier des mêmes avantages ni de gagner d'un coup 1000 € de plus par mois ! Donc histoire à suivre !

Pour vous, ne vous inquiétez pas, j'ai de la réserve. J'ai encore plus de 15 ans de tropiques, d'eaux turquoises, de déserts, de temples, de montagnes, de rizières and co de retard dans mes billets. Donc ce blog vous emmènera encore au bout du monde, de temps en temps !

CHARRETTE OU PRESQUE...
 (D'ailleurs, cette charrette qui illustre ce billet vous conduit déjà à Marie Galante !
CHARRETTE OU PRESQUE...


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Geybuss 1558 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazine