La semaine dernière, devant une commission parlementaire, Jérôme Cahuzac a, à plusieurs reprises, courtoisement mais fermement refusé de répondre au Président de cette commission, arguant qu’il lui fallait réserver ses réponses au juge d’instruction. Il était tout à fait dans son droit. Ce qui était moins normal, c’est de convoquer devant une commission parlementaire une personne mise en examen, ladite commission ne pouvant se substituer à la justice.
Mais nous constatons maintenant qu’il est possible de faire encore pis que nos honorables parlementaires. En effet France 2 a invité Bernard Tapie à s’exprimer sur son antenne lundi 1° juillet. Depuis quand un citoyen a-t-il le droit de paraître gratis à la télévision publique, à une heure où la publicité est interdite, quand toute entreprise soucieuse de faire parler d’elle se voit lourdement facturée la moindre seconde de publicité ? Est-ce que Anticor, par exemple, pourrait bénéficier des mêmes libéralités ? Surtout qu’il ne faut pas attendre de M. Tapie, dûment chapitré par son compagnon de garde à vue, son avocat, Maître Lantourne, qu’il commette quelque impair qui lui serait préjudiciable. D’autant plus que, en cas de difficulté, il pourra toujours, à l’instar de M. Cahuzac, se prévaloir de sa situation de mis en examen pour ne pas répondre.
A quoi bon donc le convier ainsi à une heure de grande écoute ? Tout simplement pour faire de l’audience. En outre, certains de nos compatriotes ont souvent tendance à admirer ceux qui réussissent à berner l’État, le syndrome de Robin des Bois. La différence d’avec l’archer de Nottingham, c’est que M. Tapie est aussi le miséreux secouru par ce même Robin. Avec la gouaille et la faconde qui sontsa marque de fabrique, et la stupéfiante pugnacité de David Pujadas et consorts, je crains que la tribune qui lui est ainsi offerte ne lui permette de se tailler un franc succès auprès des petites gens qui ont financé ses yacht, jet, villa et journaux J’ai toujours soutenu qu’un escroc qui ne serait pas sympathique ferait bien de changer de métier.