Dopage collatéral

Publié le 30 juin 2013 par Guillaumemeurice

« Il est impossible de gagner le Tour de France sans avoir recours au dopage » selon l’ancien champion cycliste Lance Armstrong, à qui l’on peut aisément faire confiance en tant que parfait connaisseur de l’un et de l’autre sujet. « Cependant, le dopage n’est pas la garantie ultime d’une victoire assurée » aurait pu ajouter son ex-collègue Laurent Jalabert, pour qui les résultats positifs semblent moins liés à la compétition qu’aux analyses d’urine.

Ainsi, s’il est désormais admis qu’aucun coureur du peloton n’est hors de suspicion quant à la consommation de produits dopants, quelle incidence cela peut-il avoir sur le résultat final ? En d’autres termes, si tous les cyclistes trichent de la même manière, le vainqueur n’en reste-il pas moins le meilleur d’entre eux ?

Un cycliste professionnel, dont le métier consiste à hisser les couleurs de son sponsor en première page du quotidien L’équipe, sait qu’il ne sera pas jugé pour son hypothétique vertu, mais bien pour ses facultés à franchir la ligne d’arrivée avant les autres. Dès lors, comment peut-il se passer des moyens nécessaires et des pratiques déjà adoptées par ses concurrents ? La société pardonnera une faute morale. L’employeur ne pardonnera pas une faute professionnelle.

Totalement galvaudé par l’argent et la logique de compétition, le sport de haut niveau a cessé d’être vecteur de valeurs essentielles et universelles. Il est même devenu précisément l’exact opposé. Les vainqueurs sont sacralisés et les autres définitivement oubliés. Qui se souvient des seconds au classement des sept tours de France gagnés par Lance Armstrong ? Personne. Mais tout le monde devine qu’eux non plus ne roulaient pas d’amour du beau geste et d’eau fraiche.

Et quelle importance puisque le public est toujours au rendez-vous ? Pour preuve la meilleure audience depuis 2005 obtenue par la retransmission de la première étape de l’édition en cours. Le téléspectateur n’est plus dupe mais force est de constater que cela ne l’empêche aucunement de vibrer au rythme des « exploits » de ses champions favoris. Qu’importe le flacon d’urine, pourvu qu’il ait l’ivresse.

Dès lors, il serait temps d’autoriser et de légaliser le dopage dans le sport professionnel. Le cycliste aurait alors pleinement conscience des risques engagés et entière responsabilité vis à vis de sa santé. L’hypocrisie cesserait en même temps que les frais engagés pour lutter contre le dopage. Cet ennemi invisible et insaisissable qui recule à mesure que l’on avance vers lui.

Et ainsi pourrons-nous proférer à l’endroit des héros éphémères du bitume estival : « Ami cycliste, ne te cache plus comme un vulgaire junkie pour t’injecter ta dose. Pique toi d’honnêteté. N’aie plus honte. Relève la tête, t’auras l’air d’un coureur. »

Guillaume Meurice

30/06/2013