Revue Brèves n°84, janvier 2008
L'Atelier du Gué, revue trimestrielle
Des auteurs libres, des lecteurs libres
"Un livre n'est pas un évangile à prendre en entier ou à laisser. Il est une suggestion, une proposition - rien de plus. C'est à nous de réfléchir, de voir ce qu'il contient de bon et à rejeter ce que nous y trouverons d'erroné." (Kropotkine, 1909)
Les livres relatant, commentant, louant, commémorant (etc.) Mai 68 pullulent dans les librairies (et pas seulement libertaires) et puisqu’on se trouve en plein revival rebelle, parlons aussi du numéro 84 de la revue Brèves (créée en 1976 par Martine et Daniel Delort - « doyenne des revues de nouvelles », comme l’écrit René Godenne dans La nouvelle de A à Z – éditions Rhubarbe), consacré aux « retourneurs d’idées » : les écrivains anarchistes de la fin du XIXe siècle. L’anarchie, un « mouvement qui va le mieux permettre aux écrivains de concilier engagement et liberté » (nous dit Caroline Granier dans sa lumineuse introduction), très loin de toute idéologie figée, du dogmatisme et de la langue de bois des politiciens (de droite ou de gauche), et les amener à transmettre et à s’engager par le biais de leurs écrits, prenant conscience du rôle « social » de l’écrivain mais aussi de son indépendance, vis-à-vis des pouvoirs en place ou de leurs pairs.
Il ne s’agit pas, en effet, d’un « mouvement » littéraire unifié, même s’il est possible de « cerner un ensemble de tentatives, de réalisations, dont…