CAJARC, CALVIGNAC, LARNAGOL, CÉNEVIÈRES,
SAINT-MARTIN-LABOUVAL, SAINT-CIRQ-LAPOPIE, BOUZIÈS
avecFredy Alzate, Chad Keveny, Damien Marchal, Natacha Mercier, Daniel Perrier, Yuhsin U Chang
vernissage 06.07.2013, à 14h00 suivi de la visite des expositions dans les villages, navette gratuite au départ de Cajarc à 15h, retour vers 22h, réservation conseillée
L’art contemporain s’installe chaque été depuis 2004, dans la vallée du Lot entre Cajarc et Saint-Cirq-Lapopie.
Le regard des artistes sur le contexte environnemental et culturel, leurs relations aux paysages et aux habitants, et au final, les œuvres présentées construisent un dialogue nourri entre patrimoine et art contemporain et dessinent une cartographie toujours renouvelée de cette portion de vallée.
Ainsi, plusieurs nouveaux lieux seront investis cette année, hors des sentiers convenus. La surprise et l’invention sont les attributs de l’aventure collective d’un tel programme où l’improvisation génère de la pensée et de l’imaginaire, où l’énergie et la générosité des artistes cimentent le tout avec une certaine grâce.
Pour cette édition 2013, comme pour les précédentes, il n’y a pas de thème collectif imposé. Il est question de mettre en résonance l’intérêt individuel des artistes et leurs champs d’investigation, avec la préoccupation d’un territoire à révéler. Au-delà de ses écueils de site touristique ou de l’immédiate appréhension de sa qualité esthétique et patrimoniale, il s’agit d’éclairer de biais ce contexte, de faire valoir une vision autre, instable et ouverte, un chantier prospectif, une histoire qui chemine…
Fredy Alzate (Medellin, Colombie) s’intéresse aux rapports entre nature et urbanisation. Les ponts de l’ancienne voie de chemin de fer qui jalonnent la vallée, jetant d’une rive à l’autre ces monumentales structures en acier, ont retenu son attention. Il propose une installation qui évoque à la fois leur fonction passée de passerelle et fonctionne comme un signal dans le paysage. Les dessins préparatoires de ces installations projettent l’œuvre dans une fiction transhistorique et transgéographique.
centre d’art contemporain, 134 avenue Germain Canet, 46160 Cajarc : http://www.magp.fr/
Chad Keveny (Dublin, Irlande / Toulouse) pratique la peinture comme mode de rencontre avec les gens. À Saint-Cirq-Lapopie, il a convié les habitants à poser dans son atelier, tout en échangeant avec eux sur la question du patrimoine. Dans «le village préféré des français», et plus largement dans l’environnement touristique de la vallée, l’appréhension de cette notion engendre des positions contrastées quant à l’identité du village. L’artiste situe sa pratique au croisement des histoires : celle plus officielle d’un territoire et celles plus subjectives des individualités.
Damien Marchal (Rennes, France) travaille sur différentes problématiques liées au son et aux influences qu’il peut avoir. Il réalise deux œuvres pendant cette résidence : dans une grotte, une peinture pariétale représentant le point de rupture acoustique de la pierre, et, au centre d’art, une installation architecturale qui représente la propagation aérienne de l’onde de choc des grenades incapacitantes utilisées dans des situations de conflit.
Le rapport à l’abri et au refuge sera donc l’axe pris pour ces deux productions qui serviront de référence graphique durant sa seule prestation sonore qui consistera en un concert de traceurs pendant le vernissage.
Natacha Mercier (Lombez, France) s’intéresse à la culture du tuning et à la Vanité. Son travail de peintre rassemblé sous le titre «Visibilité réduite» oblige à y regarder de près. A contrario de bien des a priori sur la parure ostentatoire du tuning, elle instille une interrogation sur : comment regarder la peinture ?
Dans le même sens, et pour appuyer le rapprochement entre préciosité et acte rebelle, elle customise un véhicule installé en pleine nature.
Daniel Perrier (Nantes-Paris, France) est passionné de cinéma et d’anthropologie . Il fait rejouer de mémoire une scène du film «Les 7 Samouraïs» de Kurosawa dans le village de Saint-Cirq-Lapopie, à des adolescents de la région. Au-delà de la reprise d’un récit quasi mythique, c’est l’occasion de relever des questions sur l’altérité et la peur, à même de stimuler la réflexion de chacun sur ces sujets toujours quotidiens.
Par ailleurs, Daniel Perrier invite un personnage saugrenu – que l’on pourrait bien retrouver à l’occasion d’une performance le soir du vernissage – à traverser les paysages de la vallée.
Ces écarts temporels et narratifs, invités dans le champ du documentaire ou dans les lieux de la fiction, pointent la prégnance du signe et du langage dans l’histoire des hommes et des œuvres, ici comme ailleurs.
Yuhsin U Chang (Taïwan / Paris) construit une sorte de grand vortex, avec des morceaux d’écorces collectées. Les forces en tension dans cette sculpture traduisent le principe d’une métamorphose. Elle investit aussi l’espace structuré d’une peupleraie pour une installation inédite avec de la laine brute issue de la dernière tonte des moutons de la vallée.
À chaque fois, l’artiste cherche à faire valoir le principe d’une transformation cyclique et inéluctable des matériaux et des formes, de l’inerte au vivant et inversement. Ce principe trouve ici matière à s’expérimenter à l’échelle du paysage.
Martine Michard, commissaire des expositions