Voici LE spectacle avec lequel il vous faudra conclure la saison, si toutefois vous parvenez à trouver un strapontin disponible avant le 7 juillet. Un ovni théâtral chorégraphique et cinématographique aussi magique que boulerversant, prodigieusement réalisé, mettant en scène des mains évoluant dans un monde miniature. C'est au Rond-Point que cela se passe, et cela s'intitule "Kiss & Cry".
Sur le plateau, une multitude de maquettes et paysages, petits décors plus ou moins bricolés, des caméras, et un écran géant sur lequel sera projeté le film tourné en temps réel par une dizaine d'artistes, danseurs, narrateur, réalisateur ou techniciens, recourant à d'innombrables et bluffantes astuces visuelles...
Que deviennent les gens quand on ne pense plus à eux, qu'ils sortent de notre vie ? Seule sur le quai d'une gare, une femme s'interroge, songeant aux cinq amours ayant jalonné son existence, explorant cet espace mystérieux peuplé d'êtres oubliés. Un beau sujet brillamment développé par Jaco Van Dormael (scénariste metteur en scène) et Michèle Anne De Mey (chorégraphe) qui ont su créer un univers unique, drôle, poétique, onirique, empli d'humanité, vecteur d'émotions intenses.
On ignorait à quel point des mains pouvaient être expressives, dégager sentiments, sensualité, grâce. On le sait désormais. L'étonnant ballet qui nous est donné à voir se révèle aussi fort, aussi riche, que si les danseurs faisaient parler leur corps entier. Par ailleurs, le soin apporté à l'esthétique de l'ouvrage sublime ces propositions enchanteresses. Au clap de fin la salle se lève, émue aux larmes. Nous aussi.
Foncez !
"Elle ne se souvenait que de ses mains" par WebTV_du_Rond-Point