Voilà un auteur qui a la cote auprès des ados et des adultes et pour cause. Cat Carke parle sans tabous mais avec une certaine pudeur de sujets qui fâchent et qui tâchent. La relation avec la mort et le relationnel entre adolescent au lycée reste un sujet pour les moins « épineux ».
Cruelles de Cat Clarke
Broché: 419 pages
Editeur : Robert Laffont (6 juin 2013)
Collection : R
ISBN-10: 2221134095
ISBN-13: 978-2221134092Disponible sur Liseuse : OUI
Son résumé :
Alice King ne s’attend certes pas aux vacances de sa vie lorsqu’elle part avec sa classe pour un séjour dans la nature écossaise, mais elle n’est pas non plus préparée à la tournure plus que cauchemardesque que vont prendre les événements. Alice et sa meilleure amie Cass sont coincées dans une cabane avec Polly, l’associale de service, Rae, la gothique aux terribles sautes d’humeur et Tara, la reine des pestes. Populaire, belle et cruelle, cette dernière prend un malin plaisir à humilier les autres. Cass décide qu’il est grand temps de donner à Tara une leçon qu’elle n’est pas prête d’oublier. Va alors se mettre en marche une succession d’événements qui vont changer la vie de ces filles à tout jamais. Une irrésistible histoire de secrets coupables et d’amitiés troubles…
Mon Avis :
J’avoue ne pas trop être friande de ce genre, en fait c’est le second roman de cet auteur que je lis et aussi le second dans ce style que j’ose ouvrir.
Pourtant une chose est certaine, j’ai dévoré le livre d’une traite. Bien malgré que les sujets abordés soient loin d’être drôle et le personnage principal, de par sa jeunesse, sa vision des choses et ses choix peuvent agacer et m‘ont parfois assez remonté contre elle.
L’histoire se passe du point de vue d’Alice King. Nous y découvrons une jeune adolescente sensible qui semble foncièrement gentille avec la tête sur les épaules mais il suffira d’une mauvaise blague qui tourne mal pour faire d’elle la complice d’un meurtre. Rien que ça.
Meurtre par accident ou prémédité ? Alice et ses amies, investigatrices de ce mauvais tour et complices de cette mort, feront tout pour cacher aux autres ce qu’elles ont fait et ce qu’il s’est passé. La pauvre victime, qui selon leurs dires, était une sale prétentieuse tyrannique et imbue de sa personne, sera cachée dans un puits. Oubliée de tous tant qu’elles seront garder cet affreux secret. Un secret qui risquera de faire plus de mal que de bien. Le lecteur a l’impression alors de se retrouver dans un épisode de séries policières en vogue. Alors que chacun veut retourner à sa vie d’avant, tentant d’occulter cet épisode cauchemardesque, Alice se retrouve dans une bien mauvaise position : de l’une, le fantôme de Tara Chambers, la jeune fille qui est morte, la hante, ensuite le frère de cette dernière, Jack, semble se rapprocher dangereusement d’Alice.
C’est alors qu’Alice qui ment bon gré malgré à Jack le frère de Tara, se retrouve à nous dévoiler ce qu’il s’est véritablement passé; entre effroi et apitoiement, le lecteur tente de démêler la part de vrai et de faux. Tout comme dans le film Insomnia avec Al Pacino (film que j’ai adoré de part sa profondeur psychologique) qui perd le sommeil après avoir malencontreusement tué son collègue et tentant de cacher cet acte en essayant en vain de déculpabiliser.
Alice, essaie de se raisonner tout comme ses prétendues amies qui tentent de lui faire croire que la mort de Tara est un bien et non une fatalité. Mais voilà Alice n’est pas d’accord, elle culpabilise à mort et le fait d’avoir, de voir Tara n’arrange en rien sa conscience malmenée. C’est ainsi qu’avec stupeur, le lecteur commence à voir se dénouer le nœud de fils qui s’était formé autour de Tara. Et si Tara, la reine de l’école n’avait pas toujours été reine ni ce qu’elle semblait être ?
En même temps que nait une idylle entre Alice et le frère de la défunte, on se demande si l’adolescente ira jusqu’au bout de son déni, on ne peut s’empêcher de la plaindre et de la détester en même temps. Car si Alice se sait coupable d’une façon comme d’une autre, elle n’en montre rien aux autres. Nous assistons impuissant à sa prise de choix et décisions en nous demandant si elle finira par prendre la bonne. Quant aux adultes dans l’histoire et du point de vue de la jeune fille, ils semblent inconscients de ce qui trame et un peu à côté de la plaque aussi. Ils ne s’attendent franchement pas à ce genre de chose. On ressent bien le déni des adultes et leur impuissance face à des jeunes gens, des enfants encore, en pleins dans leur crise d’adolescence. D’un point de vu tout à fait objectif, c’est assez flippant même mais très réaliste. On ne peut pas s’attendre à ce genre de fait.
Une chose est sur, Cat Clarke maitrise parfaitement son sujet et semble bien connaître les attitudes et sentiments des adolescents de cet âge. De même que sa manière d’aborder des sujets comme la mort, le suicide et la persécution sans jamais tomber dans le pathos. Le sujet a beau être malsain, la note finale n’en reste pas moins positive et pleine d’espoir. Le fantôme de Tara donne l’impression (et pas que) d’être un des aspects du subconscient d’Alice, la malmenant pour lui rappeler ses devoirs envers elle et la société. Rien ne reste impuni, on peut oublier, faire semblant de mais un jour c’est face à la justice de sa propre conscience qu’il faudra témoigner.
Un roman loin d’être drôle et léger, bien au contraire mais qui a fortement fait impression sur moi. De manière plus que positive même! J’ai franchement adoré parce que le dénouement a été dans le sens où je voulais qu’il aille. Parce que même si je n’ai plus l’âge ni la moralité encore moins les espérances d’une jeune fille de seize ans, j’ai eu beaucoup de sympathie et d’empathie pour elle. Malgré tout ce qu’il se passe, malgré ses envies, ses choix parfois douteux. C’est ça la magie de Cat Clarke, nous faire apprécier une lecture qui devrait nous révolter ou nous faire soupirer d’agacement devant des jeunes filles qui ne comprennent pas encore l’enjeu, encore moins l’importance de la vie et de la mort.