Est-on en 1980, à la veille d'une longue stagnation du cours de l'or, ou en 1984, dans le roman de George Orwell ?
Par Charles Sannat.
Tout d'abord, nous ne sommes pas en 1980, éventuellement en 1984 !
Nous sommes, politiquement et démocratiquement parlant, en 1984. « On pouvait encore déchiffrer sur la façade de Ministère de la Vérité les trois slogans du parti. La guerre c'est la paix. La liberté c'est l'esclavage. L'ignorance c'est la force. » 1984 de George Orwell.
Mais quel est le rapport avec la police de la pensée? Tout simplement que tout est devenu biaisé, rien ne fonctionne plus comme cela devrait fonctionner, qu'il s'agisse des cours de bourse, des obligations, des taux d'intérêt, des statistiques, et bien sûr les cours de l'or, tout est désormais déconnecté de la réalité. Nous avons en face de nous une bulle de 600 000 à 800 000 milliards de dollars de produits dérivés, un endettement record jamais atteint, une impression monétaire importante et même massive dans certains pays, nous faisons enfin face à un concurrent redoutable dans les affaires : la Chine.
Le modèle chinois c'est quoi ?
Avec la chute du communisme et la dislocation de l'URSS en 1989, et face à la pression populaire dont les manifestations de Tian'anmen (du 15 avril au 4 juin 1989) furent l'expression la plus flagrante, les élites pékinoises ont décidé de faire migrer leur modèle.
Le modèle chinois est resté une dictature politique avec une liberté relative d'entreprendre. Nous sommes donc en compétition avec un pays low cost, où les salaires sont faibles, les droits sociaux inexistants, la police omniprésente, le contrôle de la population total, avec un régime de parti unique détenant tous les pouvoirs. Nous avons l'exemple même de la dictature capitaliste. Le système chinois est le plus performant au monde... Et la population la plus nombreuse : environ 1,5 milliard de Chinois...
Comment devenir compétitif par rapport à la Chine ?
En faisant la même chose. Liberté économique relative (surtout dans le cas de la France) et dictature politique, seule façon de raboter progressivement les droits sociaux acquis de haute lutte par plusieurs générations.
La France socialiste de Léon Blum de 1936 et son Front Populaire n'était finalement pas si différente de la Chine d'aujourd'hui. Ce que l'on appelle les acquis sociaux ne sont en réalité qu'un accident historique dans une Histoire humaine qui a toujours fonctionné avec une collusion importante entre un pouvoir politique qui se voulait plus ou moins fort ou absolu et un pouvoir économique qui a toujours cherché à payer le moins possible la main-d'œuvre et à s'affranchir au maximum de toutes contraintes.
Nos démocraties évoluent depuis les attentats du 11 septembre 2001, point de départ de la diminution systématique de toutes les libertés les plus évidentes (écoutes téléphoniques, passeports biométriques, patriot act aux USA et sa traduction en droit français d'ailleurs, renforcement de toutes les législations pour plus de contrôle des populations, surveillance d'Internet, nouvelles lois sur la trahison, sur l'emprisonnement sans jugement, ou encore réduction des libertés syndicales, etc.). Depuis maintenant 12 ans, c'est un festival de réduction des libertés partout dans le monde dit libre. Mais l'essentiel est sauvé, car votre télécran vous débite tout un tas de conneries quotidiennes que vous oubliez aussi vite, car les magasins regorgent de pleins de trucs inutiles que le matraquage publicitaire vous fait convoiter. Nous sommes rentrés dans une dictature politique de relative liberté économique, seule façon dans l'esprit de nos élites de résister à l'efficacité du régime chinois.
Quel rapport avec l'or alors ?
Nous ne sommes plus en 1980, année qui a vu l'explosion de la dernière bulle sur l'or, mais dans 1984 de George Orwell. Les drones nous survolent, tout ce que nous disons, pensons, est surveillé, enregistré, mémorisé, nos amis connus grâce aux réseaux sociaux, permettant aux gouvernements de cartographier un réseau familial, personnel ou d'influence, nous sommes manipulés, notre consentement fabriqué, notre pensée façonnée... par une véritable police de la pensée. Ce concept orwellien est devenu parfaitement réel.
Chaque opposant est taxé d'une phobie quelconque et achevé en étant taxé de complotiste... Il s'agit de tuer ni plus ni moins toute forme de pensée divergente ou en tout cas de la dénigrer suffisamment fortement pour qu'elle ne puisse pas devenir dominante. Par nature, l'or est avant tout une alternative politique à ce que l'on cherche à vous imposer.
Il y a donc un grand mouvement de convergence des différents systèmes économico-politiques vers celui qui est le plus performant... le modèle chinois. Demandez aux Grecs qui sont les plus en avance sur notre époque en Europe. Un Grec vaut désormais le prix d'un chinois ! Par extension, vous devez comprendre que nous serons tous Grecs demain... C'est-à-dire exploités au prix du Chinois.
Résultat ? Nous sommes en déflation, en récession, en dépression... Et cela n'a rien à voir avec ce qui s'est passé en 1980. Nous étions alors en pleine inflation liée notamment aux contrecoups des chocs pétroliers, aux indexations de salaires dans des économies qui restaient relativement fermées et nous étions à l'aube de la mise en place des premières politiques libérales jamais expérimentées depuis le New Deal de Roosevelt de 1933.
Des différences fondamentales entre 1980 et 1984... pardon 2013
En 1980, le gouverneur de la FED décide de combattre l'inflation par tous les moyens (c'est un certain Volcker) alors qu'en 1984, pardon en 2013, la politique de son lointain successeur est de combattre la déflation par tous les moyens. Le paradigme est fondamentalement différent. En 1980, les taux vont donc être poussés au-delà de l'inflation pour obtenir des taux réels positifs... après inflation ! On va largement dépasser les 10 % sur les bons du Trésor américain.
Imaginez maintenant des taux d'intérêt à 10 % dans le monde... C'est impossible car nous serions tous immédiatement insolvables. TOUS. On le serait d'ailleurs tous déjà à 5 % !
Alors que se passe-t-il ? Une chose très simple. L'art de la manipulation, sous vos yeux. La police de la pensée, la police politique, de tous les pays « libres » unies pour vous amener tranquillement vers la tonte généralisée et inéluctable. Ce n'est pas une manipulation des marchés, c'est beaucoup plus grave que cela : c'est une manipulation de l'ensemble des peuples. Ce n'est pas nouveau. Cela a réellement commencé en 2001... en ce jour funeste du 11 septembre qui fût un point de départ et un prétexte. Je nous comprends. Nous avions peur et étions prêts à tout pour nous sentir en sécurité. Alors nous avons tout accepté au nom de la noble lutte contre le terrorisme.
Aujourd'hui, vous avez une banque centrale, la Fed, qui oriente les cours à la hausse ou la baisse par de simples déclarations, fortes au demeurant mais qui ne restent que des déclarations. Des simples successions de mots, comme « nous allons arrêter d'injecter de la monnaie, nous allons sortir progressivement des politiques non-conventionnelles ». Comme vous avez des « initiés » que l'on connaît parfaitement tous, sauf les autorités de contrôle qui ne contrôlent que le quidam moyen (qui lui est dangereux potentiellement si sa pensée n'était plus contrôlée), certains savent très bien quand vendre ou acheter, impulsant des mouvements à l'appui de déclarations donnant corps à une réalité qui n'en est pas une. Les marchés de l'or ne sont pas plus manipulés que tout le reste, c'est en réalité l'ensemble de la réalité qui est manipulée. Et nous voulons tous croire à une image beaucoup plus rassurante que la grisaille de la vérité.
L'or a ceci de différent par rapport à tout ce qui est manipulé qu'il est une alternative crédible, historique, mondiale, à toutes les monnaies, car depuis la nuit des temps partout à travers notre planète l'or est la monnaie.
Alors on fera tout pour vous faire croire que l'on est comme en 1980, dans l'explosion définitive d'une bulle sur l'or. L'or doit être détesté, combattu, il est mauvais, le mal absolu de ce monde orwellien, car l'or ne triche pas, l'or ne ment pas. Il est. Ou il n'est pas. Il n'est pas une illusion comme le papier monnaie.
Enfin, dernière petite remarque sur l'or.
Allez dans votre banque, trouvez un guichet et demandez à retirer 500 000 euros en espèces (on imagine que c'est sur vos comptes).On vous regarde, on vous rit au nez, et on fait une déclaration à Bercy pour mouvement très suspect sur le compte de M. ou Mme Michu. Pourtant c'est votre argent, pas de la fraude fiscale, vous avez déjà payé vos impôts, ce n'est pas de l'argent au noir... Puisque c'est à la banque. Personne ne s'en rend compte mais vous n'avez plus accès à votre argent. C'est terminé. Votre argent a été confisqué. Vous n'avez plus le droit de l'avoir avec vous.
Maintenant, venez me voir ou téléphonez-moi, et vous obtiendrez rapidement 500 000 euros (enfin l'équivalent) en monnaies sonnantes et trébuchantes, en pièces d'or ou d'argent qui, depuis la nuit des temps, conservent la valeur. Je peux vous les mettre à disposition où vous voulez, en Europe, ou hors d'Europe, en France ou ailleurs, parfaitement légalement. Grâce à l'or, vous pouvez encore avoir accès à votre argent.
Vous devez comprendre que, lorsque cette crise sera finie, les comptes bancaires auront été pillés, les monnaies ne vaudront plus tripette, nous serons des centaines de millions à avoir été ruinés, sciemment et consciemment, vraisemblablement à la sauce chypriote puisque nos mamamouchis européens se sont mis d'accord sur les modalités de saisies sur nos comptes.
Au bout du bout, quoi que vous entendiez, quoi que dise votre voisin pétri de certitudes rassurantes de type « la crise est finie, le Président l'a dit ! », quoi que vous raconte la police de la pensée, n'oubliez jamais... qu'il ne restera que l'or pour conserver de la valeur, pas gagner de l'argent, conserver de la valeur. L'or, les terres, votre potager et vos boîtes de conserve !
Nous ne sommes en rien dans une situation comparable à celle de 1980, nous sommes en 1984, et c'est en réalité infiniment plus grave, car la nuit vient de tomber... Mais comme disais Henri Frenay, un grand résistant,... la nuit finira.