Les ONG ont souligné plusieurs aspects alarmants de la crise humanitaire qui sont susceptibles de s’aggraver à l’approche de la saison des pluies :
- Plus de 60 000 enfants et familles souffrent d’une grave pénurie alimentaire.
- Plus de 200 000 enfants et familles ont été forcés de fuir leur domicile au cours des six derniers mois et ont besoin d’urgence d’un hébergement, de nourriture et de soins médicaux.
- La plupart des centres de santé du pays sont fermés depuis plus de 6 mois, et la population est privée des services les plus élémentaires.
- Près d’un million d’enfants n’iraient plus à l’école, et des centaines de milliers ont manqué pratiquement toute une année scolaire, les écoles ayant été fermées pour des raisons de sécurité.
- L’insécurité prévaut dans l’ensemble du pays. Les pillages, les viols, les meurtres arbitraires et les enlèvements ont semé la peur parmi la population. Le pillage des entrepôts contenant des marchandises destinées à l’aide a entravé la réponse humanitaire.
- Les enfants, et en particulier les filles, sont exposés à un grand nombre d’abus, notamment des violences sexuelles et fondées sur le genre et des mariages précoces.
- Compte tenu du manque de services élémentaires, la diarrhée et le paludisme sont susceptibles d’avoir de lourdes répercussions sur les 800 000 enfants de moins de 5 ans que compte le pays.
- Des milliers d’enfants font partie des groupes et forces armés. Le recrutement d’enfants se poursuit et il n’est pas rare de voir des garçons et des filles qui n’ont parfois que 12 ans assurer le fonctionnement des postes de contrôle et transporter des armes.
- Il n’existe aucune présence régulière de l’ONU en dehors de Bangui, la capitale, qui ne compte du reste qu’une quarantaine d’agents onusiens.
L’Archevêque de Bangui, Dieudonné Nzapalainga, déclare : « La crise humanitaire actuelle est la pire qu’ait connue le pays. Il est urgent que la communauté internationale apporte des fonds pouraccroître rapidement l’aide et ainsi sauver des vies. » Et d’ajouter : « Il ne faut pas que le monde ferme les yeux sur la crise en RCA. Ce pays est frontalier de six des nations les plus fragiles d’Afrique: il y a un risque fort de déstabilisation sur toute l’Afrique centrale. »
En mars 2013, après plus de trois mois de combats, la coalition rebelle de la Séléka a renversé le gouvernement, et le leader de la Séléka, Michel Djotodia, s’est proclamé Président.
Sarah Terlouw, directrice pays en charge de la RCA pour l’International Rescue Committee, ajoute à ce sujet : « Les capacités du gouvernement à fournir des services élémentaires à la population sont extrêmement insuffisantes. La communauté internationale se doit d’intervenir pour s’assurer que les Centrafricains ont accès aux services élémentaires que les habitants d’autres pays tiennent pour acquis. »
Les organisations lancent un appel à l’administration du Président Michel Djotodia pour l’amélioration de l’accès des agences humanitaires dans toutes les régions du pays, particulièrement dans les zones rurales. L’amélioration de la sécurité en RCA est cruciale pour permettre le rétablissement des services les plus élémentaires, tels que la réouverture des centres de santé et des écoles.
Les organisations demandent à la communauté internationale d’accroître le financement destiné à l’aide humanitaire. L’ONU estime que la RCA a besoin d’environ 97 millions d’euros d’aide, mais les dons reçus ne couvrent pour l’instant que 43 % de ces besoins.
Selon Jean-Philippe Marcoux, directeur pays en charge de la RCA pour Mercy Corps : « Avant le coup d’État, la situation humanitaire en RCA était déjà déplorable. Aujourd’hui, elle s’est encore aggravée. Les nations se doivent de donner des fonds maintenant, pour aider à remettre le pays sur pied. »
Pour Mike Penrose, directeur chargé des affaires humanitaires pour Save the Children, « la République centrafricaine est l’un des endroits au monde où il ne fait vraiment pas bon être un enfant, et c’est maintenant que les bailleurs de fonds doivent apporter leur aide. »
Alain Coutand, directeur des opérations régionales d’ACF, ajoute : « Bien que la situation soit dramatique, travailler en RCA est faisable et possible. Afin d’empêcher une détérioration accrue de la situation, nous devons redoubler d’efforts pour que l’aide ait un impact tangible sur la population. »
Arvind Das, directeur pays en charge de la RCA pour Merlin, déclare également : «Le personnel de santé doit retourner d’urgence dans le pays. Les besoins sont immenses et nous avons constaté à Merlin qu’il était possible de délivrer des soins de santé vitaux. A moins que les bailleurs et les ONG ne se ré-impliquent immédiatement en RCA, les taux de mortalité infantile et maternelle pourraient tripler. »
Notes à l’attention des rédactions :
- Liste des signataires
- Action contre la Faim (ACF)
- Cordaid
- International Medical Corps
- International Rescue Committee
- Mercy Corps
- Merlin
- Save the Children
- Secours Catholique- Caritas France
- War Child
Archbishop of Bangui, Mgr. Dieudonné Nzapalainga