Stanley Kubrick d'Outre-Tombe

Par Hunterjones
Il aura été l'un des plus fameux artisans de son métier.
LE plus grand diront plusieurs.
Son souci de perfection lui aura permis de faire ce qu'il considérait de "petits films" (a Clockwork Orange) de très grands.
Stanley Kubrick aura au bout du compte tourné moins de 15 films en 48 ans de travail professionnel. Aucune merde, sinon les deux premiers plus inexpérimentés que mauvais.
Mais Kubrick était un infatigable travailleur. Un véritable passionné de son métier. Il ne cessait jamais de bosser et entre chaque projet réalisé se démenait en fou afin de tourner autre chose.
Voici 17 projets qu'il a mis en branle et qui n'ont, pour la plupart, jamais vu le jour.

Mais qui font rêver quand on connait son talent.
Rêvons...
The Burning Secret & Natural Child
En 1956, Kubrick a déjà tourné 4 fictions et souhaite tourner Paths of Glory ce que les studios lui refusent. Il présente alors une adaptation du roman de Stefan Zweig, The Burning Secret, racontant l'histoire d'un jeune baron tentant de séduire une jeune femme déjà mère en se rapprochant du fils de 12 ans de celle-ci, qui découvre peu à peu son stratagème et le fait dérouter. Toutefois les codes moraux des années 50 aux États-Unis empêchent un tel projet de voir le jour. Une adaptation de Natural Child de Calder Willingham, qui racontait les aventures amoureuse bohèmes de 4 adolescents à New York rencontre le même mur, pour les même raisons. Kubrick, son producteur James Harris, et Kirk Douglas enchanté par le scénario convaincront finalement les studios de tourner l'excellent Paths of Glory.

The German Lieutenant
Co-scénarisé avec Richard Adams et racontant le point de vue Allemand dans les derniers jours de la Seconde Grande Guerre. Toutefois on l'engage pour terminer Spartacus et le projet n'est jamais réèllement repris.
Downslopes/One-Eyed Jacks/Operation Mad Ball
Avec la guerre toujours derrière la tête, Kubrick co-scénarise avec l'historien de guerre civile aux États-Unis, Shelby Foote l'histoire de la vie tumultueuse de John S. Mosby. On pense à Gregory Peck dans le rôle de Mosby. Toutefois Kubrick travaille au même moment six mois avec Marlon Brando sur le western One-Eyed Jacks, réécrivant le scénario de Sam Peckinpah et comptant le remplacer quand Peckinpah n'est plus considéré pour réaliser le film. Toutefois c'est Marlon Brando qui s'imposera comme réalisateur, bien qu'il ne complètera pas sa tâche et ne tournera plus jamais en tant que réalisateur. Près de 6 réalisateurs différents auront participé à ce film échevelé et on crédite Brando comme réalisateur dans le but de stimuler les ventes, sans succès. Pendant ce temps, Kubrick a laissé tomber son idée de guerre civile et découvre la comédie de guerre Operation Mad Ball. Une comédie sur quelque chose d'aussi horifiant que la guerre...Kubrick est séduit. Il projette une série télé où Ernie Kovacs reprendrait son rôle et entame des recherches sur les bases militaires. Le projet ne se matérialisera jamais mais sera un prélude à ce que deviendra Dr. Strangelove: Or How I Learned To Stop Worrying And Love The Bomb.
The Passion Hotel/Blue Movie
Après Lolita, Kubrick s'était fait convaincre par son producteur qu'il devrait réexplorer le terrain de l'érotisme mais du point de vue féminin cette fois. L'histoire d'un groupe de collégienne dans une école unisexe s'improvisant professionnelles du sexe au service d'une école unisexe masculine n'a toutefois pas convaincu Kurbrick qu'il était l'homme de la situation.
I Stole 16 Million Dollars ou God Fearing Man
L'histoire vraie du prêtre Herbert Emerson Wilson qui deviendra le plus grand arnaqueur d'Amérique au début du vingtième siècle. Kubrick co-scénarise en compagnie de Jim Thompson et Cary Grant est supposé jouer la crapule. Mais le projet ne voit jamais le jour. On parle aujourd'hui d'en faire une série télé.
Napoleon
Après le succès de 2001, A Space Odyssey, Kubrick est déterminé à tourner la vie du petit caporal dont il connait absolument tout. Il s'entend pour que la Roumanie lui fournisse 40 000 soldats et 10 000 cavaliers pour les scènes de batailles costumés. David Hemmings sera Napoleon et Audrey Hepburn, Joséphine (celle-ci refuse gracieusement toutefois). Mais Sergei Bondarchuck lance War & Peace en 1968 qui sera un honéreux bide. Deux ans plus tard, le même Bondarchuk lance le tout-aussi Napoléonien Waterloo qui sera pire encore. Ceci refroidi les ardeurs du studio qui convainc Kubrick de faire autre chose. Il fera le "mineur" (selon lui) A Clockwork Orange en entendant de réaliser son "grand" film, un rêve qu'il ne souhaitera jamais abandonner vraiment et que Steven Spielbergh a annoncé en mars dernier, qu'il aimerait prendre en main comme il l'avait fait pour le travail de Kubrick sur AI Une partie du travail mis sur pied pour Napoleon sera récupéré pour le tournage de Barry Lyndon en 1975.

The Lord of the Rings
En 1969, les Beatles sont propriétaires des droits de la trilogie de Tolkien. John Lennon approche Kubrick pour le tourner en film. Toutefois Kubrick refuse devant l'énormité de la chose et étant plus intéressé par son Napoléon. De toute façon, la descendance Tolkien n'aimait pas du tout l'idée que 4 hippies de Liverpool soient propriétaires des droits de l'oeuvre. Le projet tombe (alors) à l'eau.

Perfume
Kubrick considère adapter le roman de Patrick Süskind qu'il avait beaucoup aimé. C'est Tom Tykwer qui le fera des années plus tard.
All The King's Men
Le film devait raconter l'histoire vraie des membres du service d'espionnage britannique MI6 qui avaient tenté de désorganiser le service d'opérations secrètes de Winston Churchill par jalousie. Le film aurait été une adaptation dramatique du livre de Robert Marshall racontant les faits. Projet tombé entre deux chaises.

Colette
 Kubrick veut tourner le vie de la romancière française. Ne le fera pas.
Aryan Papers/Wartime Lies
En 1976, Kubrick souhaitait traiter de l'Holocauste. Il commande un scénario original à Isaac Bashevis Singer qui refuse se sentant sous-qualifié pour le travail. Kubrick tournera The Shining 3 ans plus tard, puis Full Metal Jacket 6 ans plus tard. Au début des années 90, Kubrick adapte la production théâtrale Wartime Lies de Louis Begley, l'histoire d'un jeune garçon et de sa tante se cachant des Nazis. Le film porte alors le titre d'Aryan Papers. On pense à Julia Roberts ou Uma Thurman pour le rôle de la tante mais on va prendre Johanna Ter Steege, puis Joseph Mazzello dans le rôle du garçon. On choisit la ville de Brno en Tchécoslovaquie pour tourner des scènes devant représenter Warsaw en temps de guerre. Toutefois le film de Spielberg lancé et mondialement primé en 1993 lui coupe l'herbe sous le pied , et plus Kubrick investit son sujet, plus il s'en trouve déprimé et se convainc qu'un film voulant traiter de la vraie misère de cette sale guerre, ne saurait que donner le mal-à-l'âme. Il se concentre alors sur le développement de A.I., un film de science-fiction, pour lequel il reprend des éléments de scénarisation. A.I. ne sera jamais complété, sinon par Spielberg en 2001.
Foucault's Pendulum
Kubrick demande la permission à Umberto Eco afin d'adapter son roman, mais celui-ci, déçu de ce qu'on a fait de son The Name of the Rose, refuse. Il se ravise en disant qu'il accepterait si Kubrick le laissait scénariser, ce que Kubrick, à son tour refuse. Eco le regrettera au bout du compte.
 
Lunatic at Large
Le projet débuté dans les années 50 avec Jim Thompson raconte l'histoire d'un ancien employé de parc d'attaction à New York en 1956 éprouvant de très sérieux problèmes colériques et celle d'une séduisante jeune femme rencontrée dans une taverne et happée avec lui dans sa descente aux enfers. Le scénario était terminé et Kubrick satisfait et prêt à travailler quand il a été engagé pour tourner Spartacus. Il n'est jamais revenu à ce scénario original. Toutefois, on parle depuis 2010 d'en faire un film et Scarlet Johanson et Sam Rockwell seraient attachés au projet. Niiiiiiiiiiiiiiiiiiice...

La femme de Stanley Kubrick avait pour oncle, un cinéaste Nazi, Veit Harlan. Stanley a souhaité toute sa vie créer un film sur le cercle social de Joseph Goebbels. Le projet n'a jamais vu le jour.
Stanley Kubrick nous fera peut-être encore revivre tout ça*, malgré sa mort il y a déjà 14 ans.
*Sauf Lord of the Rings et Perfume bien entendu