« En dehors de l'intrigue elle-même, ce que j'aimais le plus dans Un voleur à Manhattan, c'étaient les références littéraires érudites qu'y glissait Roth, le genre de détails qui pouvaient sembler affectés pour certains lecteurs, mais pas pour le fils d'un bibliothécaire. Tout au long du texte, Roth utilisait un argot littéraire : il appelait un manteau "un gogol", un sourire "un cheshire", un parapluie "un poppins". Pour un train, il parlait d'un "highsmith" car il en était souvent question dans les thrillers de Patricia Highsmith, l'argent était des "daisies" car dans Gatsby le Magnifique, F. Scott Fitzgerald décrit la voix de Daisy Buchanan comme "pleine d'argent". À la fin de son manuscrit, Roth avait inclus un lexique de ces termes littéraires, mais je n'avais pas eu besoin de le consulter souvent ; le seul mot que je n'avais pas deviné était "canino", le mot que Roth utilisait pour un pistolet et qu'il avait tiré du patronyme d'un homme de main dans Le grand sommeil, un livre que je n'avais jamais lu. »
Eh bien voilà, pas d’bol, moi j’ai vraiment eu du mal avec ces références littéraires et la lecture de ce roman m’a paru absolument longue et fastidieuse…
J’ai pourtant énormément aimé l’idée de départ. Ian Minot, un auteur qui n’a pas encore percé, rêve d’une rencontre décisive qui l’aiderait à enfin être connu, et surtout publié. Il est surtout fou de rage que ses nouvelles soient sans cesse refusées par les éditeurs alors qu’il se publie des bouses mensongères, et notamment une fausse biographie qui fait un tabac alors que c’est un tissu de mensonges.
"Pour publier, il faut d'abord être connu". Ian va donc se laisser entraîner dans une arnaque littéraire assez hallucinante, dont il ne comprendra qu’à la fin les vraies retombées et les implications. Avec Roth, un éditeur qui n’édite plus et qu’il a rencontré par hasard (hasard, vraiment ?), ils vont créer une vraie-fausse autobiographie racontant une histoire tellement incroyable que personne ne se posera la question de sa véracité. Mais la vérité, la vraie, a bien des facettes que Ian n’a pas encore découvertes. Roth assure qu’une fois ce premier manuscrit publié, les nouvelles de Ian se vendront comme des petits pains, alors qu’elles ne trouvent pas du tout preneur pour l’instant, chez aucun éditeur.
J’ai beaucoup aimé également la description de ce milieu d’éditeurs et d’auteurs en vogue, et de son côté superficiel et complètement factice, bien loin de ce qu’on imagine de la littérature. Car bien sûr, qui oserait penser qu’arnaque et littérature peuvent faire bon ménage ? Et pourtant, chaque chapitre de ce roman reprend le titre d’un roman célèbre qui fut lui aussi une escroquerie littéraire, mais que nous (moi), pauvres lecteurs ignares de la littérature américaine, ne connaissons pas du tout. Heureusement, un glossaire reprend le tout à la fin du roman, avec des explications, comme il détaille également le vocabulaire plus qu’étrange employé dans le roman (glossaire que je n’ai découvert qu’une fois arrivée à plus de la moitié du roman… cela faisait donc un paquet de pages que je m’énervais sur des mots que je ne comprenais pas).
J’ai également aimé cette imbrication du livre dans le livre, les deux étant au final complètement mêlés, à tel point qu’on ne sait plus où commence la fiction et où s’arrête la réalité. Mais j’ai trouvé ce roman est très intello, et à mon goût réservé à une catégorie bien particulière de lecteurs au fait des coutumes littéraires et surtout ayant une connaissance de la culture américaine. Mais je suis une des rares à n’avoir pas aimé, alors que les avis sur la blogo sont plutôt enthousiastes…