Il y a très peu de temps encore — à l’échelle de quelques générations humaines — la voûte étoilée pouvait aisément s’assimiler à un rideau de théâtre antique. Lourd, sombre, percé de petits trous laissant deviner les feux de la rampe qui éclairent les acteurs, ce masque rigide dissimulait alors l’essentiel. La profondeur de la scène ; la mécanique des décors ; la mise en place de ceux qui assurent le spectacle ; tout cela relevant du secret et du mystère, ingrédients essentiels à l’entrée du public dans le monde du merveilleux.
En franchissant les limites de l’atmosphère avec des fusées, en marchant sur la Lune et en expédiant des robots à la surface d’autres planètes, la toile s’est déchirée et l’Homme — avec ses appendices technologiques — a pénétré une nouvelle dimension : celle de l’espace-temps. Ainsi, tout au long de l’été, le satellite européen Planck continuera d’observer et d’étudier l’Univers d’il y a 13,8 milliards d’années. Les télescopes spatiaux Kepler et Hubble, comme leurs homologues au sol, s’efforceront de dénicher de nouvelles planètes autour d’autres étoiles. Puisqu’il y en a partout — même autour de Proxima du Centaure, l’étoile la plus proche de nous — l’enjeu n’est plus de les découvrir, mais de caractériser cette population infinie d’astres. De fournir aux démographes exoplanétaires un premier recensement fidèle à la réalité d’une telle variété.
De la même façon, nous allons coller tout l’été, dune par dune, caillou par caillou, aux tours de roues des robots martiens. Au vieux et toujours vaillant Opportunity, qui après neuf ans de bons et loyaux services vient de découvrir les argiles les plus favorables au développement d’une vie sur la planète rouge. Et à Curiosity, la “Marsmobile” au moteur atomique, posée dans le lit d’une ancienne rivière dont les galets émoussés et les roches sédimentaires témoignent de la permanence ancienne de flots d’eau douce. Après des mois passés à fouiller un carré grand comme un stade, l’engin s’apprête à rouler vers le mont Sharp, des milliards d’yeux branchés aux signaux numériques de ses caméras…
Le rideau est tombé, mais le spectacle n’a jamais cessé. La magie du merveilleux ne s’est jamais évanouie. Au contraire. En imaginant que notre Univers n’est peut-être pas unique et que pourraient exister des mondes parallèles, l’imaginaire scientifique tisse un nouveau masque flou. Comme si la réalité ne pouvait qu’être cachée.
Alain Cirou
Directeur de la rédaction
En kiosque et téléchargeable en kiosque numérique : on peut commander la version papier ou télécharger la version numérique.
La version numérique est enrichie des liens vers les podcasts audio.
Ecoutez les podcasts sur l'Univers.