Il faut donc voir Funny games. En revanche, faut-il voir Funny games U.S. ? La réponse semble être : non, sauf si vous n'avez rien de mieux à faire. C'est qu'il s'agit d'un très bon film, certes, mais bon Dieu, à QUI s'adresse-t-il ? Au public américain, selon Haneke. Une raison un peu idiote de refaire le même film au plan près. Funny games U.S. est bon, mais indéfendable : rien ne justifie en effet son existence. Parce que rien n'est ici meilleur que dans l'original. Parce que, même excellent, Michael Pitt fait regretter Arno Frisch. Parce que le gris de l'image et la langue allemande avaient tendance à renforcer l'aspect soride et inquiétant d'un film qui n'en avait certes pas besoin. En revanche, aucune plus-value ne vient empêcher qui que ce soit de douter de la futilité d'un tel projet. Pour que Funny games U.S. soit intéressant, il aurait fallu le parsemer de micro-incidents, de petites perturbations le rendant signgulièrement différent de son homologue autrichien (façon Gus Van Sant dans le très recommandable Psycho). Ici, si Pitt le gaucher remplace Frisch le droitier, il faut bien avouer que ce n'est pas très intéressant (et sans doute pas volontaire).
Haneke aurait dû faire sweder son film par Michel Gondry, pirater par David Lynch, retoucher par Matthew Barney. Il ne livre ici qu'une gigantesque pub pour Rank Xerox (pour des photocopies plus blanches que blanches), incritiquable en tant que telle, mais n'arrivant jamais à hauteur des gigantissimes chevilles de Funny games. Il conviendra cependant de reconsidérer lensemble du projet si Haneke continue à nous pondre des Funny games dans tous les coins du monde. Prochain rendez-vous, un troisième film avec Clotilde Courau, Yvan Attal, Louis Garrel et Vincent Desagnat ?
7/10