Enfin un bon thriller français !

Par Borokoff

A propos de La Marque des anges – Miserere de Sylvain White 

Gérard Depardieu, Joey Starr : quoi de mieux qu’un bon Kebab pour lier connaissance ?

A Paris, Frank Salek (Joey Starr), un agent d’Interpol, enquête sur un mystérieux et international trafic d’orphelins kidnappés. De son côté, Lionel Kasdan (Gérard Depardieu) est un flic à la retraite qui ne peut s’empêcher de continuer à exercer son métier et jouer les trouble-fêtes auprès de ses anciens collègues. Lorsque le chef de la chorale d’enfants d’une église fréquentée par Kasdan est mystérieusement assassiné – les tympans crevés – Salek découvre que le meurtre rejoint étrangement le trafic sur lequel il enquête. Bientôt, les deux flics aux grandes gueules et aux aussi forts caractères décident de coopérer et de travailler ensemble. Mais si leur entente fonctionne à merveille, l’enquête prend bientôt une dimension qui les dépasse, trouvant aussi bien ses origines dans les tortures commises par les Nazis pendant la seconde guerre mondiale que dans la dictature de Pinochet au Chili. Mais ce qui intrigue le plus Kasdan et l’inquiète, c’est que son collègue d’Interpol semble prendre très à cœur l’enquête, comme s’il y était personnellement lié, concerné même…

Contre toute attente, La Marque des anges – Miserere est un polar rythmé et bien ficelé, une série B sans prétention mais plaisante à suivre. D’abord parce qu’il est joué par un très bon duo d’acteurs et un Joey Starr qui confirme tout le bien que l’on pensait de lui, bluffant en flic à fleur de peau et aux nerfs à vifs. Un flic traumatisé, torturé par les souvenirs d’une enfance qui ne passe pas. On n’en dira pas plus.

Si l’on aime le fantastique et si l’on accepte les histoires tortueuses voire un brin invraisemblables de Jean-Christophe Grangé (c’est la quatrième adaptation d’un de ses romans au cinéma), alors il faut aller voir La Marque des anges – Miserere.

Gérard Depardieu, Joey Starr

La mise en scène du Franco-américain Sylvain White, tout en sobriété, évite les grands (et pseudo) effets visuels dans lesquels étaient tombés Chris Nahon (L’empire des loups), Kassovitz (Les Rivières pourpres) et Guillaume Nicloux (Le concile de Pierre). La Marque des anges – Miserere s’appuie sur un scénario solide, coécrit par Sylvain White et Laurent Turner. Un scénario qui a su aussi bien synthétiser la complexité et les nombreuses ramifications du roman de Grangé que creuser la psychologie des deux personnages principaux, issus de deux générations différentes, mais qui se rejoignent par un caractère intransigeant voire excessif qu’ils ont souvent payé au prix fort. De quoi se réjouir, surtout quand on ajoute au casting des seconds rôles prestigieux comme Thierry Lhermitte, Marthe Keller ou Corinne Masiero.

C’est à moi que tu parles ?

Du coup, les personnages en deviennent presque émouvants. Tout en embonpoint, Depardieu campe un vieux flic solitaire devenu une « légende » mais qui, à la retraite, s’ennuie ferme depuis que sa femme est morte, trois ans plus tôt. Un brin chagrin, il est touché par la détresse et la douleur secrètes qu’il ressent chez Salek, écorché vif et flic marginal aux accès incontrôlés de violence, ce qui lui a valu des blâmes et plusieurs menaces de mises au ban de sa direction.

Derrière sa surenchère de rebondissements, l’histoire de La Marque des anges – Miserere est assez passionnante dans la véracité historique et les fondements dont elle s’inspire. Le film tourne autour du Miserere d’Allegri (1638) et s’articule autour d’une histoire vraie et d’une colonie d’enfants fondée au Chili par un ancien dirigeant nazi, Paul Schäfer Schneider (1921-2010), qui créa la Colonia Dignidad, sorte de camp pour orphelins qui servait en fait de base retranchée à Pinochet pour faire torturer les opposants à son régime. On dit que Schäfer, par pur sadisme et par plaisir, adorait qu’un cœur d’enfants chante pendant les dites séances de torture…

Bref, si l’on oublie certaines grosses ficelles du scénario et de cette conspiration,  on sort de La Marque des anges – Miserere assez touchés voire émus par un Joey Starr dont les aspirations et le personnage rejoignent celui qu’il incarnait dans Polisse. Un acteur qui n’en finit pas de surprendre dans la seconde carrière qu’il a entamé. Une seconde vie, vous avez dit ?….

http://www.youtube.com/watch?v=IfuwqJ26ApU

Film français de Sylvain White avec Gérard Depardieu, JoeyStarr, Helena Noguerra, Marthe Keller et Thierry Lhermitte (01 h 45)

Scénario de Sylvain White et Laurent Turner d’après le roman éponyme de Jean-Christophe Grangé : 

Mise en scène : 

Acteurs : 

Compositions de Max Richter :