Assistantes maternelles, gardes d'enfants à domicile, un marché qui donne des signes de faiblesse
L'Observatoire de la FEPEM publie son baromètre des emplois de la famille et s'inquiète d'un recul "sans précédent" de l'activité des assistantes maternelles et d' une accélération de la baisse du volume horaire déclaré pour la garde d'enfants à domicile.
Assistantes maternelles, gardes d'enfants à domicile, un marché qui donne des signes de faiblesse
En avril dernier, nous publiions un entretien avec Marie Béatrice Levaux, présidente de la FEPEM, pour évoquer la contraction du marché des particuliers employeurs révélée par la publication par la Dares des chiffres de l'emploi dans les services à la personne en 2011.
Ledit rapport fait état d'une baisse du nombre d'heures rémunérées et du nombre des salariés chez les particuliers employeurs, des chiffres qui se sont stabilisés en 2012. La FEPEM conclut à une restriction des heures travaillées pour les employés. Mais ces chiffres ne concernent pas la garde d'enfant à domicile et l'emploi d'une assistante maternelle, service qui fait toujours l'objet d'études séparées et là, le constat est plus alarmant.
Même quand la conjoncture est défavorable, il faut toujours faire garder les enfants...
Si par temps de vaches maigres, les particuliers employeurs réduisent le temps de travail de leurs employés, c'est valable pour certains services, mais pas pour la garde des enfants. Par définition, le temps de travail des employeurs ne variant pas, leurs besoins pour qu'un tiers se charge de leurs enfants reste inchangé. Alors ?
L'Observatoire de la FEPEM vient de publier son cinquième Baromètre des emplois de la famille au titre éloquent : Menaces sur l'accueil des jeunes enfants. S'appuyant sur les chiffres de l'ACOSS (Agence centrale des organismes de Sécurité sociale, caisse nationale des Urssaf), la FEPEM constate « un recul sans précédent de l'activité des assistantes maternelles et une accélération de la baisse du volume horaire déclaré pour la garde des enfants à domicile ».
La nounou, le mode de garde préféré des familles
Assuré par les assistantes maternelles et les gardes d'enfants à domicile, ce service représente 463 000 emplois qui répondent aux besoins de 1,1 million de familles. C'est le premier mode d'accueil formel des enfants de moins de 3 ans en France et l'emploi direct y est très largement majoritaire, très loin devant le recours aux entreprises privées sous mode prestataire.
Selon l'ACOSS, le secteur des emplois de la famille connaît, à la fin de l'année 2012, un recul de l'activité qui s'accélère pour les gardes d'enfants à domicile et qui touche désormais aussi les assistantes maternelles. Les emplois de ces dernières, jusqu'ici épargnés par le ralentissement qui touche l'emploi direct à domicile, semblent être frappés à leur tour par la contraction du pouvoir d'achat des ménages.
Au quatrième trimestre 2012, l'accueil au domicile des assistantes maternelles enregistre pour la première fois une évolution négative qui se manifeste par une chute simultanée du nombre de parents employeurs (-0,8% par rapport au trimestre précédent), du volume horaire déclaré par ces derniers (-0,9%) et de la masse salariale nette distribuée (-0,6%).
Le recul n'est pas uniforme au plan géographique
Du côté de la garde d'enfants à domicile, la diminution enregistrée, depuis le deuxième trimestre 2012, du volume horaire déclaré, s'accélère en fin d'année (-1,7% au quatrième trimestre 2012 contre -0,7% le trimestre précédent) et s'accompagne pour la première fois d'une baisse du nombre de parents employeurs (-1% en glissement trimestriel) qui contribue à expliquer une évolution trimestrielle de la masse salariale nette, elle aussi, négative (-1,7%).
A l'exception des régions Bretagne, Franche-Comté, Midi-Pyrénées et Rhône-Alpes, qui connaissent une augmentation du volume horaire déclaré pour les gardes d'enfants à domicile, toutes les autres enregistrent un repli – particulièrement fort en Corse, en PACA et en Bourgogne, ou une croissance quasi nulle.
Pour une stabilité des mesures de soutien au secteur des services à la personne
Il est difficile aujourd'hui d'affirmer que les fluctuations d'activité observées en fin d'année sont liées à un ajustement des volumes horaires déclarés, à un changement de mode d'accueil ou à une modification des besoins. Néanmoins, le repli de l'activité a d'ores et déjà des conséquences manifestes sur l'emploi :
- - 300 000 heures déclarées en moins par les parents employeurs de gardes d'enfants à domicile, entre le troisième et le quatrième trimestre 2012,
- - 750 emplois équivalent temps plein (ETP) de gardes d'enfants à domicile supprimés sur la même période,
- - 2,6 millions d'heures d'accueil déclarées en moins pour les assistantes maternelles.
Au regard de ces chiffres qui pourraient annoncer une tendance de fond, la Fédération des Particuliers Employeurs de France s'inquiète. Elle souhaite une stabilisation des dispositifs de soutien à l'emploi d'un salarié à domicile qui s'inscrivent dans la durée. De plus elle souligne, à juste titre, que de nouvelles mesures restrictives auraient pour conséquence une destruction des emplois déclarés, un avis partagé par la FESP qui s'inquiète d'un glissement vers le travail illégal. Au-delà du secteur des services à la personne, c'est pour la FEPEM « une remise en question des choix de société autour du taux de natalité, du travail féminin et de l'égalité des sexes. »
Illustration : © AntonioDiaz - Fotolia.com
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