Amis Chrétiens, authentiques, qui avez tant fait pour nous, juifs dans les temps difficiles du délire nazi, beaucoup d'entre vous ont porté la fierté de l'Espèce à bout de cœur...
Amis musulmans, qui connaissez aussi le poids et la douleur d'espoirs déçus, le prix de la cassure et l'angoisse de l'attente.
Amis laïcs de toutes origines aux parcours souvent solitaires ou déçus, mais toujours engagés au service de la Lumière.
Vous tous sachez, que "Nous" portons le Témoignage vivant qu'il n'y a pas de cause désespérée et que l'Etincelle peut faire renaître l'irrésistible flamme de l'espérance dont l'Homme, fut-il solitaire, peut être le porteur victorieux
Telle est la grande leçon, "œcuménique", s'il en est, que porte l'exemple des "Justes" d'Europe, qui par la conjugaison de leurs courages singuliers ont, il y a plus de 60 ans, gravé le mot "Conscience "au fronton de l'Humanité, parfois prompte à nous délaisser.
Telle est aussi la raison qui m'a poussé avec quelques-uns, trop peu nombreux, à vouloir célébrer au Conseil de l'Europe, la pérennité de l'esprit de "Résistance", tous temps et tous pays ou systèmes confondus et cela dans le cadre d'un grand colloque associé aux célébrations des "Justes".
Or, depuis début 2007 que j'eus lancé cette idée, encouragé par quelques autres, à part quelques soutiens ou appréciations valorisants certes, les appareils marquent encore trop souvent le pas et confirment que trop souvent aussi, le Combat pour les "évidences" est le plus difficile à mener. Il y a dans cela quelque chose d'humiliant et de révoltant.
2009 approche, avec son cortège d'anniversaires, dont celui du Conseil de l'Europe, qui ne saurait se complaire, à cet égard, dans un verbalisme scintillant...On est en droit d'attendre de lui un hommage vibrant aux "Justes" d'Europe dans l'exemple desquels il trouve sa vraie et juste raison d'Etre.
Des "quatre piliers" du Conseil de l'Europe, souvent évoqués : Comité des Ministres, Assemblée parlementaire, Congrès des pouvoir locaux et régionaux, et Organisations internationales non- gouvernementales, seule, à ce jour, la Conférence plénière des OING a collectivement manifesté, à l'initiative de sa Présidente, le 15 avril dernier son soutien formel au projet que j'ai eu l'honneur de lui présenter.
Il convient "désormais" de passer résolument à la vitesse supérieure et, peut-on espérer, d'obtenir un soutien collectif et organisé des autres piliers concernés. Il y a des soutiens qui se manifestent, certes, mais encore trop peu nombreux pour provoquer l'ensemble des synergies politiques et administratives que requiert la cause des "Justes" au Conseil de l'Europe, et la mise en valeur intellectuelle de son exemplarité : je veux dire de son potentiel politique.
Le Conseil de l'Europe en 1949, et le Congrès de La Haye qui l'a précédé, ne sont pas nés de la Sagesse soudaine et moins encore spontanée, des peuples et de leurs gouvernements. Quelque part ce Conseil de l'Europe, que Winston Churchill évoqua lorsque les armes fumaient encore, s'est imposé dans le sillage d'une sorte de "sagesse déductive" par rapport à l'ensemble sanguinolant des erreurs européennes.
Les "Justes" d'Europe qu'il convient désormais de célébrer, à Strasbourg, collectivement, ont contribué avec humilité et un engagement résolu à ce grand combat de l'ombre : un combat exemplaire pour le passé, comme pour l'avenir.
Rien ne justifierait de la part de l'Europe, l'affichage d'une exemplarité de principe, intemporelle et cosmique, pas plus qu'un complexe d'immunité. Le terrain de son Histoire récente est trop miné pour cela.
Ni les morts, ni les survivants, ne comprendraient que le Conseil de l'Europe, en n'illuminant pas résolument le flambeau des "Justes", tarde, par trop, à être digne de ses propres sources.
Le 20 Avril 2008
Par Francis Rosenstiel, ambassadeur de bonne volonté du Conseil de l'Europe et président-fondateur du Forum pour l'Europe démocratique