J’ai découvert ces poèmes de Nicolas Dieterlé dans le dernier numéro (numéro 59/60 de juin 2013) de la revue Diérèse, qui lui est consacré, et dont je conseille la lecture.
Nicolas Dieterlé est né le 28 août 1963, il fait ses études à l’institut de Sciences Politiques et devient journaliste. Il pratique l’écriture poétique et la peinture mais il n’a jamais voulu montrer ses oeuvres, à deux exceptions près. Il s’est donné la mort le 25 septembre 2000.
Mes phrases sont comme les vagues de la mer qui battent les falaises. Érodant peu à peu mes désirs pétrifiés, elles les rendent à l’eau dont ils sont issus, la grande eau première.
Tout le paysage matinal baigne dans un bleu très doux qui s’assombrit un peu à l’horizon, là où les arbres dressent contre le ciel leurs ramures fines comme de la dentelle. En face de moi, le soleil encore bas ressemble à un feu blanc. Parmi les ramures lointaines une fumée se déploie lentement, sans fin, avec une sérénité bonhomme, et le regard est attiré par elle à cause de sa constance et de son caractère flagrant de signe. A gauche, les arbres les plus proches sont revêtus d’une fine toison rose, formée par les bourgeons en nombre croissant, et le soleil fait briller les branches légères qui oscillent très doucement dans un vent discret
Arbres en fleur, arbres en folie, neige distraite et conquérante, soleil rose
Arbres, pourquoi êtes-vous si indescriptibles ? Vous me faites mal à force d’être indescriptibles. Mais c’est un mal si doux
Avec la baguette des mots je tiens le monde à distance afin de l’aimer mieux
Les mots sont l’affleurement sur le papier, hors du silence de la page blanche, d’une eau qui me baigne de toutes parts et que je ne perçois pas directement. Les mots me la rendent visible, mais avec quelle déperdition !
Il faut que je vise moins le succès, la puissance, et de plus en plus le consentement et l’accord. Les arbres me l’apprendront. L’amour aussi. L’espace entre les collines. La minuscule proue sculptée d’un bourgeon