Écueil du second album évité pour les Californiens qui, avec Hummingbird ont réussi à faire coup double : conserver tout ce qu’on a pu aimer de leur premier opus tout en gagnant en maturité, en ampleur, en précision. Si certains pleurnicheront sur la perte de l’innocence et de l’énergie rafraichissantes des débuts, on est quant à nous ravis de cette évolution qui leur fait éviter tant le piège de la redite que celui de l’expérimentation vaine. Producteur de cet album, Aaron Dessner de The National n’y est sans doute pas pour rien, faisant gagner ici aux chansons des Local Natives une précision et une patine, qui loin d’annihiler leurs qualités intrinsèques, leurs confèrent une réelle plus-value en termes d’émotions et de classe. Et comme ces garçons-là restent tout de même de vrais garnements, la scène, à l’image du studio, reste un réel terrain de jeu. Et on a hâte de s’amuser avec eux.
On attendait franchement plus grand chose du Jon Spencer Blues Explosion. Après avoir dynamité les années 90 avec leur rock rageur, crasseux et sexuel, nourri au funk et au hip-hop, on s’était dit que le groupe avait définitivement été victime du bug de l’an 2000. Après l’ACME de 1998, des albums pas franchement jojo, et la vague impression que ces types-là avaient décidé de passer la main. Mais finalement, on n’est jamais à l’abri d’un miracle : Meat + Bone remet merveilleusement les choses en place et rend finalement la justice qu’il mérite à un groupe dont on avait presque oublié qu’il était indispensable. Humble et semblant débarrassé du poids de son passé, le Jon Spencer Blues Explosion nous livre un album bouillant, qui donne joliment la fessé à ceux qui se réclament du groupe tout en en restant au stade d’une bien pâle descendance, à commencer par les Black Keys et consorts.
Quinzième album et trente ans de carrière. Autant dire qu’à l’instar de David Bowie, on serait tout bonnement satisfait, sans émotion particulière, que Nick Cave vieillisse dignement, sans trop écorner l’image d’une discographie jusqu’à maintenant éminemment respectable. Mais le bonhomme a visiblement encore les crocs, et pond un nouvel opus superbe de noirceur, de tension et de retenue. Exit donc l’image du vieux sage encore digne. Nick Cave a toujours l’énergie d’un jouvenceau, mais sait comment la canaliser, à dessein.
Local Natives, The Jon Spencer Blues Explosion, Nick Cave & The Bad Seeds en concert du 5 au 7 juillet au Festival Beauregard, Hérouville-Saint-Clair (14).