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Geneviève Asse : la couleur du silence

Publié le 27 juin 2013 par Pantalaskas @chapeau_noir

« Il faudrait deux vies… »

Il y a quelques années déjà, Geneviève Asse, évoquant son aventure de peintre, me confiait : « Il faudrait deux vies… ». Sans le savoir vraisemblablement, l’artiste me faisait la même réflexion qu’Aurélie Nemours engagée, elle aussi, dans une aventure sans fin.
Comme Aurélie Nemours également, Geneviève Asse, pour ses quatre vingt dix ans,  se voit offrir une exposition au Centre Pompidou à Paris. Nombre de commentaires au sujet de cette exposition mettent l’accent sur le « bleu Asse ».  Il est vrai que Geneviève  Asse aura trouvé avec cette attirance pour un bleu indéfini l’espace qui lui convenait. Mais à la différence d’un « Bleu Klein » ou d’un « Bleu Monory », le peintre n’aura jamais fixé définitivement la longueur d’onde de ce bleu. J’évoquais , dans un article passé, « Geneviève Asse, le secret de la lumière » cette avancée progressive du peintre :

« Petit à petit, j’ai trouvé mon bleu. J’avais utilisé des bleus foncés et des bleus très clairs avant d’arriver à ce bleu personnel, qui mélange des gris et d’autres bleus ».

L’exposition du Centre Pompidou montre bien que ce bleu n’a rien eu d’obsessionnel et que la véritable recherche du peintre se situe dans sa volonté de saisir la lumière, de révéler cette tentative vers l’inaccessible qui remet dans chaque oeuvre l’artiste au pied du mur, comme s’il fallait tout recommencer à chaque nouvelle toile.

Geneviève Asse : la couleur du silence

Peinture 1969 Geneviève Asse

La grande et belle oeuvre de 1969 jouant sur cette recherche à l’intérieur d’un blanc qui n‘est plus blanc, mais pas encore bleu, pas vraiment gris non plus, prend ainsi toute sa place dans l’exposition. Même si le paysage s'est effacé assez rapidement dans son travail, il n'est plus besoin de situer l'oeuvre dans un paysagisme abstrait ou dans toute autre dénomination basculant entre figuration et abstraction. La recherche sur la lumière ne connaît pas ces frontières.

Carnets intimes

J'ai retrouvé avec plaisir les carnets que l'artiste me présentait lors de nos rencontres, ces carnets témoignant, au fil des ans, de ses essais, ses tentatives presque secrètes à la manière d'un cahier intime.

Geneviève Asse : la couleur du silence

Un paramètre supplémentaire intervient dans ce regard sur Geneviève Asse. Je garde, personnellement, le souvenir d’une femme particulièrement économe de mots et de gestes, préférant au discours le silence. Difficile d’imaginer que, derrière la sérénité de la personne, l’histoire fut parfois mouvementée, notamment  lorsqu’en 1944, engagée dans les FFI, elle participe à la libération de Paris, puis décide de s’enrôler dans la 1ère division blindée comme conductrice ambulancière. Si bien que ces « deux vies » évoquées plus haut ont déjà été vécues.
Dans le calme de l’atelier, dans la durée de son chemin, Geneviève Asse aura su trouver le sens de sa démarche, empreinte de spirituel sans pour autant de dimension religieuse. La couleur appréhendée par Geneviève Asse ne serait alors ni un bleu, ni un blanc, ni un gris mais peut-être la couleur du silence.

Photographies de l'auteur

«Genevive Asse , peintures»
26 juin – 9 septembre 2013
Centre Pompidou Paris


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