Genre : horreur
Année : 1983
Durée : 1h16 (director's cut) 1h23 (version internationale)
L'histoire : Après avoir purgé une longue peine, un psychopathe sort de prison. Mais, ses pulsions d'homicides ne sont nullement guéries et il ne tarde pas à repartir en quête de nouvelles victimes.
La Critique De Titi70 :
Attention, voici un gros film de malades, j'ai nommé Schizophrenia, Le Tueur De L'Ombre. L'histoire s'inspire de Werner Kniesek. Ce nom ne vous dit probablement rien, pourtant, le bonhomme est considéré comme un des plus impitoyable assassin ayant sévi en Autriche.
Fasciné par la personnalité du psychopathe, le jeune scénariste Gerard Kargl décide d'en tirer un long métrage. Mais, les producteurs, jugeant tout cela beaucoup trop houleux, refuseront de suivre le garçon qui investit alors tout son argent dans un film qu'il réalise.
Au fur et à mesure des années, le long métrage va se tailler une réputation d'oeuvre culte, et faire de nombreux adeptes, parmi lesquels le réalisateur Gaspard Noé qui considère, encore aujourd'hui, Angst (titre original de Schizophrenia) comme son film préféré et celui qui le marquera à jamais.
L'oeuvre se verra longtemps interdite ou censurée, selon les pays. Ce n'est qu'en 2012 et avec la sortie d'un DVD que le film pourra être enfin vu, mais, avec une interdiction aux moins de 16 ans amplement justifiée.
Dirigeant un casting composé d'inconnus, Gerard Kargl nous raconte l'histoire d'un psychopathe qui sort de prison après une peine de 10 ans. A peine dehors, celui ci compte bien recommencer à tuer et part en quête de nouvelles victimes. Il atterrit dans une demeure bourgeoise où vivent un couple âgé (dont l'homme est en fauteuil roulant) et leur fille.
Pas besoin d'en dire davantage au niveau du déroulement, vous imaginez bien qu'il va massacrer un par un les membres de cette gentille famille (en épargnant le chien de la maison).
Ce n'est donc pas tant de son scénario que Schizophrenia tient sa réputation, mais bien de sa forme. Premier élément, le spectateur suit en temps réel les agissements du psychopathe dont le seul dialogue se résume à une voix off nous détaillant, minute par minute, les pensées, envies, sensations ou souvenirs du tueur. En clair, l'homme nous explique ses motivations et ce qu'il projette de faire, nous faisant pénétrer dans l'intimité d'un sérial killer si profondément qu'aucun autre long métrage n'a jamais réussi à le faire jusqu'ici (vous pouvez oublier le Maniac de William Lustig, qui est une aimable comédie en comparaison).
D'ailleurs, le texte provient souvent du journal du véritable psychopathe ayant inspiré le film. Le long métrage distille dés les premières secondes une impression de malaise, renforcée par un second élément amenant également beaucoup au film, sa réalisation.
Car, le réalisateur est obligé de faire avec peu de moyens, mais fait preuve d'un incroyable talent. Tourbillonnant autour de son personnage central, ou faisant des contre plongées tout simplement incroyables, tout en restant dans un ton froid et clinique dont le film ne se départit jamais.
Limitant au maximum les dialogues et la musique, Schizophrenia reste une oeuvre dérangeante (pas besoin de faire dans le gore), détaillant la personnalité d'un véritable cinglé avec minutie et dont la plus grande des jouissances est de faire peur. A ce titre, notons la performance incroyable de l'acteur jouant le psychopathe. Le visage émacié et l'oeil glauque, le comédien demeure littéralement investi dans son personnage.
Au final, Schizophrenia est bien une oeuvre choc, qui ne plaira pas à tout le monde. Un film injustement méconnu, qui a influencé des réalisateurs comme Gaspard Noé (dont j'ai déjà parlé), mais également Mickael Haneke ou Shinya Tsukamoto, et qui s'avère une oeuvre essentielle pour tout cinéphile qui se respecte. En tout cas, ce film méconnu constitue pour l'auteur de ces lignes un vrai coup de coeur.
Note : 19/20