Au Maroc, et hors mariage, Magda tombe enceinte. Elle décide de traverser le pays pour rejoindre Nour, l’homme qu’elle aime…
Scénario et dessin dessin de Daphné Collignon. Public conseillé : Adultes, adolescents
L’histoire
Page 1 : Photographie d’une femme endormie…
Page 2 : « On raconte qu’un soir, dans un rayon de lune, un poisson s’endormit et se rêva sirène…Elle murmure son histoire »
Maroc, paysages de dunes et de mer. Forteresse des sables, ruelles du souk, Le pays s’éveille dans un océan de lumière et de calligraphies arabes. Attablées avec une amie, Magda se confie. Enceinte, sans être mariée, dans un pays ou la tradition complique tout, Magda est déboussolée. Elle décide de traverser le Maroc pour rejoindre Nour, l’homme qu’elle aime et choisir avec lui quelle sera leur vie future. Sur le chemin, une jeune inconnue, perdue et silencieuse apparait. Comme elle semble connaitre son amoureux, Magada décide de l’emmener avec elle…
Ce que j’en pense
Daphné Collignon vous invite à partager son voyage immobile. Introspection, variation personnelle autour du thème de « La petite sirène d’Andersen », carnet de voyage, BD, road-BD hypnotique qui lorgne vers l’art contemporain, « Sirène » c’est un peu tout ça dans le plus grand désordre.
Si vous cherchez une histoire bien structurée, passez votre chemin. « Sirène » est un rêve éveillé, lent et poétique, qui vous prend aux tripes et ne vous lâche plus. Voyage à travers le Maroc, mais surtout voyage intérieur à travers ses souvenirs, Magda (Daphné ?) nous fait partager son intimité avec une sincérité et un abandon total.
Dans « Sirène », on se perd avec délice. De silence en silence, de paysage en paysage, les dessins sensuels de son auteure envahissent l’âme par vagues successives jusqu’à briser vos murailles, votre pensée cartésienne. Ne luttez pas. Laissez vous submerger, comme moi, dans ce songe éveillé.
Mais “Sirène”, c’est aussi des questions. Amour, liberté, identité, choc des cultures, Tout se mélange et se répond. La jeune femme (sirène ?) interroge Magda. Belle, envoutante, elle met la féminité au centre du récit et lui rappelle les choix et la complexité d’être une femme d’aujourd’hui.
Coté dessin
« Sirène » est un ovni. La narration éparpillée, parcellaire, est à l’image des planches de Daphnée. Son trait hypnotique, d’une sensualité exacerbée, court des courbes des dunes au corps des femmes…
Alternant planches classiques de BD et illustrations pleines pages (comme un carnet de voyage) Daphnée fait des pauses. Voyeuse insatiable, emerveillée par la nature, elle croque un reflet, un détail… et fait voler en éclat nos repères comme Magda devant ses choix de vie.
Ses couleurs sensuelles, chaudes ou froides, font vibrer ses cases. Daphné dessine deux femmes aussi belles l’une que l’autre. Bouches charnues, corps pleins et ronds à la fois, elles symbolisent toute la beauté, douceur et la sensualité de la Femme.
Pour résumer
Daphné Collignon vous convie à un voyage. D’un regard, son héroïne, son double de papier, Magda, nous transporte dans un Maroc poétique, féminin et sensuel.
Plongez dans ce Road-BD onirique, introspectif et envoûtant, variation personnelle autour du thème de « La Petite Sirène » d’Andersen…