Man of Steel, réalisé par Zack Snyder, écrit par David S. Goyer et Christopher Nolan.Basé sur le personnage Superman, créé par Jerry Siegel et Joe Shuster.
Je cherchais un synopsis potable sur internet, incapable moi même de pondre quelque chose pour Man of Steel qui ne sonne pas trop creux. Un synopsis, pourquoi donc ? Après tout, c'est de Superman qu'on va parler, donc on peut bien se passer de synopsis, non ?
Man of Steel est le sixième film adaptant les aventures du superhéros aux collants bleus et à la cape rouge mais également le sixième film du réalisateur, Zack Snyder, qui ne m'a pour le moment pas déçu une seule fois. Il avait frappé un grand coup avec 300 qui s'était rapidement imposé comme une référence culturelle impossible à éviter, de part son visuel particulier mais surtout de ses quelques scènes devenues cultes. J'avais trouvé le film sympathique mais il collait trop à la bande-dessinée de Frank Miller, et j'aurais aimé ne pas juste avoir un copié-collé des planches. Snyder avait ensuite adapté le comics Watchmen, que je ne connaissais vraiment pas du tout à l'époque. J'avais adoré en allant le voir au cinéma. L'univers sombre et ses héros déchus m'avait fasciné. Avec Legend of the Guardians: The Owls of Ga'Hoole, le réalisateur touchait au cinéma d'animation. Ce film est, visuellement, un chef d’œuvre, qui surpasse énormément de films d'animation de ces dernières années. Il est dommage que l'histoire un peu trop classique ne lui permettent pas une meilleure renommée. Mais il est clair que si l'on veut initier quelqu'un au genre, c'est le film à prendre en référence. Snyder avait ensuite réalisé Sucker Punch, un excellent film un peu glauque mais tellement jouissif pour tous les geeks qui peuplent cette planète. Batailles de géants avec des katanas dans un temple japonais, bataille steampunk pendant la seconde guerre mondiale, braquage de train face à des robots tueurs et enfin affrontement avec un dragon et une armée d'orques. Le monsieur à tout compris. On peut reprocher pas mal de choses à Sucker Punch, mais c'est terriblement efficace et on passe un bon moment.
J'attendais donc Man of Steel avec impatience. J'étais confiant envers Zack Snyder, vraiment fan de son travail sur tous ses films, et l'arrivée de Christopher Nolan à la tête du scénario ne m'inspirait que du bon. Après tout, c'était le bonhomme qui avait réussit à mettre Batman sur un piédestal avec trois films magistraux. Personne ne s'en doutait lors de la sortie de Batman Begins (boudé à l'époque alors que c'est une vraie réussite, sur bien des points). Sa trilogie Dark Knight a marqué les esprits et mis une sacré claque à Marvel qui s'efforce (avec brio) de construire son univers cinématographique et ne parvenant vraiment à rivaliser qu'avec son The Avengers (merci Joss Whedon), malgré les récents succès de The Amazing Spiderman et Iron Man 3. On pouvait donc s'attendre à ce que ce nouveau Superman s'inscrive dans la même ligne que la trilogie Dark Knight même s'il a été annoncé que l'univers des deux franchises ne se croiserait pas. En effet, le projet de faire un film Justice League (donc regroupant tout un panel de superhéros, dont Batman et Superman) se ferait sans Christian Bale. Toutefois, connaissance la patte de Nolan, on pouvait espérer une continuité dans l'univers DC Comics.
Mais je parle de plein de trucs, mais pas beaucoup du film là ... Alors Man of Steel, est-ce une réussite ? Pour moi, c'est plus qu'une réussite, c'est le film parfait pour réintroduire le personnage de Superman dans un contexte actuel, moderne et surtout crédible. Et il fallait ça, car Superman Returns n'était pas vraiment un super film. Alors oui, à l'époque, on se contentait de ça car avoir un nouveau film Superman était une aubaine, comme pour Spiderman, mais il est clair que maintenant qu'Hollywood a compris que les superhéros ça rapportait du blé, ils allaient bien faire les choses. Man of Steel, c'est un énorme blockbuster au même titre que The Dark Knight Rises ou The Avengers. Cela ne l'empêche pas pour autant d'avoir un vrai fond et surtout de la matière pour que le tout soit consistant. C'était difficile, en un film, de revenir sur les origines d'un personnage emblématique sans se reposer sur le fait que tout le monde connait un peu son histoire. Ainsi Nolan décide de tout remettre à plat et de reprendre au début de l'histoire, sur Krypton.
J'ai d'ailleurs trouvé le montage très réussit, alternant différentes époques et lieux. Si on ne connait pas du tout Superman, c'est intriguant, mais si on est très familier avec toute cette histoire, on se délecte de cette construction progressive et sacrément habile. J'aime également la façon avec laquelle Clark ne devient Superman qu'à la toute fin du film. On nous épargne la scène "c'est un oiseau? c'est un avion? non, c'est Superman!" pour se concentrer sur l'humain, ou le kryptonien, avant tout. On voit un garçon qui souffre de sa différence, de sa supériorité et qui ne saisit pas encore sa place dans le monde, si bien qu'il en ait une. Et on retrouve ce même garçon, devenu homme, exilé, errant pour trouver un sens à sa vie. Et c'est là que Lois Lane est introduite. J'avais très peur, quant à Lois, car c'est un personnage tellement difficile à introduire. Pourtant, c'est ici fait avec relativement assez d'intelligence pour rendre la chose crédible. Une journaliste un peu tête brulée qui abuse de la position de son père (qui est Général dans l'armée, rappelons-le) pour se retrouver au cœur de l'action. Puis une rencontre qui change tout. Cette fois le secret n'est pas Superman, c'est Clark. Elle rencontre Superman et fait tout pour savoir qui il est vraiment. Cette inversion me plait vraiment, simplifie énormément l'intrigue et empêche d'avoir quelque chose de complètement grotesque. Leur histoire d'amour peut paraître un peu forcée, mais elle est réellement importante car pour la première fois, Clark voit la possibilité qu'un humain ne soit pas effrayé par ce qu'il est. Il voit la possibilité d'être accepté sur cette planète qui n'est pas la sienne. Et c'est cela qui déclenche réellement sa libération et sa transformation en Superman - ça et Zod qui a décidé de buter tout le monde.
Krypton. Fabuleux travail. J'ai trouvé vraiment fantastique le travail sur Krypton. C'est peut être la première fois que la planète est si travaillée, où les détails, coutumes, pratiques semblent réelles. Tout a une cohérence, une crédibilité. J'ai beaucoup aimé le mélange mécanique et organique qui a un charme particulier. Cela change réellement du tout anguleux que l'on a généralement, avec des cristaux de partout, à croire qu'ils vivaient dans une carrière de diamants. Jor'El est génial, une splendide interprétation par Russell Crowe face à un Zod - Michael Shannon, époustouflant ! - en grande forme. J'ai trouvé tout ces personnages très bien interprétés, vraiment complexes. On comprend rapidement que tout n'est pas noir ou blanc. La décision de Jor'El de faire partir le Codex - qui est un peu la carte mémoire de toute leur civilisation - avec Kal est clairement une folie, et je peux comprendre Zod sur ce point. Après, est-ce que la guerre civile était la meilleure solution, pas forcément. On se demande quand même pourquoi tout le monde est resté sans rien faire pendant que la planète se cassait la gueule. Alors, les connaisseurs diront que c'est parce que les Kryptoniens n'avaient plus de vaisseaux spatiaux, celui de Kal étant le dernier, construit par Jor'El lui même. Passons. Les scènes sur Krypton restent sublimes et une des plus grosses réussites du film. J'ai particulièrement aimé qu'une grosse partie des éléments cultes de Superman soient intégrés de façon différente. Le costume en étant le meilleur exemple. Cette fois, ce n'est pas Martha qui parvient à coudre un super costume hyper résistant, ce n'est pas non plus le drap dans lequel bébé Kal était enroulé. C'est simplement une combinaison kryptonienne portant l'emblème de sa famille. Zod en possède une identique (sans les couleurs flashy). L'arrivée de Clark au Daily Planet est également un peu plus crédible, même si on se demande d'où il sort son CV. Nul doute que Lois est dans le coup.
Côté histoire, c'est relativement classique puisqu'on doit repartir des origines du personnage. On retrouve assez le schéma de Batman Begins d'ailleurs. On découvre le personnage en exil, puis on revient sur son enfance, son traumatisme (la perte du père) puis la maitrise de ses compétences. Arrive alors un ennemi surgit du passé qui est bien décidé à raser la ville/planète pour faire table rase et tout reconstruire. Le héros doit alors aller au front, combattre son ennemi pendant que ses alliés déjouent son plan : la machine à gravité dans Man of Steel, la bombe dans le train pour Batman Begins. Classique donc, mais tout aussi efficace. Visuellement, je me suis éclaté. C'est tout simplement un pur bonheur de voir Superman à l'écran. Il fait partie de mes superhéros préférés. J'ai toujours été sensible à ces personnages hyper-patriotiques - alors que je ne suis pas du tout américain, allez savoir ... - et c'est pour ça que j'adore Captain America également. En tout cas, c'est vraiment excellent et je dois avouer qu'Henry Cavill campe l'homme d'acier avec brio. Il avait déjà été envisagé lors de Superman Returns, ce n'est donc que justice !
Je pense que je pourrais parler de ce film pendant encore longtemps, et que j'ai peut être parlé de tout ce que je n'avais pas prévu, et inversement. Pour résumer, je trouve que Man of Steel est une vraie réussite. Le film parvient à raconter les origines de Superman sans pour autant bâcler l'arc narratif de Krypton en expédiant sa destruction et le départ de Kal. Le Général Zod est très bien introduit, de telle façon qu'on comprend ses motivations et même s'il est extrême dans ses actions, il est possible d'envisager son point de vue. Les interprétations des différents acteurs sont fabuleuses, et j'ai particulièrement aimé le casting secondaire qui regorge de visages que j'ai reconnu de la télévision et qui méritent de se retrouver au cinéma, surtout dans un film aussi gigantesque. Man of Steel parvient à faire un reboot de la franchise Superman, de faire table rase des films précédents, mais surtout de poser de solides bases pour construire le DC Cinematic Universe (la franchise de films futurs basé sur l'univers DC, à l'image de celui de Marvel développé récemment), tout comme l'avait fait Iron Man à l'époque pour Marvel. Il est clair qu'Iron Man a été le déclencheur de quelque chose et continue de pousser en avant Marvel. Espérons que Superman parvienne à faire la même chose. Pour le moment, le succès au box-office est là, et il n'y a pas raison que ça s'arrête. Étant plus familier avec DC que Marvel, je croise donc les doigts et me dit qu'un film Justice League n'est plus si inconcevable !