Cinéma, Comics et Super-héros … Nous en parlons souvent sur le Blog La Maison Musée. Avec Kick-Ass, un contre-courant total à notre dernière critique cinéma de Man of Steel; un virage absolu dans la manière de traiter l’univers Comics : porter à l’écran le moins super des héros. Un personnage adolescent qui, de son imagination, de son être, rêve et vit Bande-dessinée … Mais sans superpouvoirs et sans super aptitudes ! Mieux encore : Mattew Vaughn, réalisateur de Kick-Ass (2010) et de Layer Cake (2004), nous livre une adaptation d’un Marvel Comics inspiré du Comics éponyme. (2008 – 2010)
En route pour des impressions venues grâce à la diffusion inattendue, sur la TNT (!), d’un long-métrage violent, réaliste mais qui transparait une idée de rêverie, de fantasme(s) adolescents, de l’humour, de l’action … Avec un équilibre qui est loin de nous avoir déplu !
Réussir sans superpouvoirs? Pas de problèmes!
Kick-Ass n’est autre que l’identité "costumée" de Dave Lizewsky (Aaron Taylor-Johnson) un peu ce qu’est Batman à Bruce Wayne. La particularité de ce personnage fictif ? Un adolescent dans la moyenne, sans aptitudes physiques particulières, sans facultés hors du commun … Si ce n’est qu’une imagination débordante, et l’envie de dépasser le simple encart de ses bande-dessinées préférées : devenir lui-même un superhéros. Une combinaison de plongée achetée sur eBay, deux matraques, beaucoup de bonne volonté et de naïveté lui font endosser ce nom de "Kick-Ass". Pas la peine de traduction, l’ambition de ce Super-héros n’est autre que de faire régner l’ordre à coups de pieds dans le derrière.
Après un premier échec cuisant auprès des racailles raquetteurs de son quartier se soldant par un passage à tabac, une entaille de poignard et … Comme si cela ne suffisait pas, s’être fait écraser par une voiture, notre adolescent de 16 ans subit la rééducation, de nombreuses opérations et connait un regain de confiance dans son rôle : la nécessité de combattre le crime des rues Américaines.
Derrière sa deuxième intervention contre la criminalité, une complexification d’un scénario qui sert de base et de rampe de lancement au film et, par suite, de douce critique de la société Américaine et, par extension, nos sociétés actuelles. Autre scène traitée avec banalité – mais violence – : une bande de plusieurs musclés s’en prend ouvertement à un homme seul, près d’un restaurant. Heureusement, Kick-Ass veille. Bodybuildé comme un pince-oreille, notre héros en herbe subit au moins autant les coups que la victime … Et la seule aide des autres citoyens : filmer la scène avec les moyens modernes : téléphone portable; photos; et … Directement, sans aide de leur part, la volonté de saisir l’évènement qui fera le tour d’Internet, de YouTube.
Héros moderne, Star montante d’Internet, Kick-Ass devient grâce aux flux d’informations Web l’évènement qui produit des millions de Clics. Et, du coup, un exemple de courage, d’endurance (Il s’en prend des coups de poing !) et le modèle qu’il rêvait d’incarner. Très vite, il sera rejoint par d’autres émules "Héroïques" : Hit-Girl (Chloé Grace Moretz) & Big Daddy. (Nicolas Cage)
Sa sortie en salles a été marquée par certains avis voyant dans ce film quelque chose d’extrêmement violent. Soyons clairs : le sang est légion, les morts nombreuses mais … On ne tombe pas dans la même violence que Only God Forgives - on se rend compte de l’importance de la manière de filmer – tant les morts sont parfois grotesques. (Cf. Scène finale – Meurtre du vilain à la roquette; Entrée de Hit-Girl & Jambes coupées à la "Kill Bill".) Aucune censure mais, si vous voulez, le sang qui apparait à l’écran est lié à un univers Comics : tel pourrait être l’expression sanglante du film où un personnage implose dans un four géant. On se sent presque coupable de rire de cette explosion de "sauce tomate" tant le moment apparait approprié face à une "Mafia gaffeuse".
Kick-Ass est aussi un équilibre non pas parfait mais bien maitrisé – hérité du Comics ? – entre un humour discret mais qui permet de rire de bons moments. Du début du film jusqu’à la fin, des moments discrets permettent un sourire facile : frôlant dans les blagues parfois adolescentes, parfois simples mais bien amenées, (Cf. Quiproquo de la confidente de Dave Lizewsky le méprenant pour un homosexuel fragile.) cette dimension du film est aussi un joli pied-de-nez à des Super-héros qui se prennent parfois trop au sérieux. Elle est parfois un hommage dans ses dialogues, mais elle est surtout une manière implicite de pointer du doigt "l’autre univers" Comics. (Cf. Red Myst chutant en sautant fièrement – "Celui qui n’a pas de pouvoir(s) n’a pas de responsabilité(s)" (Spider-man) etc. )
Là où le film excelle réside dans sa possibilité de pouvoir relier malicieusement de nombreuses références "Comics", "Jeux-vidéo", mais aussi cinématographiques. Il suffit de voir dans le costume de Big Daddy une forte inspiration du personnage "Batman"; ou dans la réalisation de Red Myst une forte ressemblance au fictif caractère d’un Robin … Revu dans un cadre toutefois minimaliste et réaliste. A un moment où de nombreux long-métrages font dans la surenchère d’effets spéciaux, Kick Ass joue la carte du strict minimum, sans réels trucages numériques. (Sauf, peut-être les effets de tirs; usage d’un Jet-Pack; lancement de la roquette; incendies …)
Sur une idée parfaitement originale; quelque chose de cohérent mais qui arrive à maintenir le rythme d’un univers – presque – réaliste. Et sur ce point, on revient directement à l’inspiration et l’adaptation d’une bande-dessinée originale mais parfaitement assumée. Cela se ressent surtout à la première mésaventure de notre héros : survivre à une voiture roulant à 90km/h; un coup de poignard donnant lieu à une hémorragie interne … Et y survivre. Réellement probable ?
Un Comics porté par des acteurs impliqués et une Bande Son adaptée.
Le film est indéniablement visuel, et, sans mal, arrive à reproduire à l’écran les différentes personnalités filmées. Kick-Ass est ainsi symbolisée par une manière très particulière d’une caméra "sauvage", comme portée à l’épaule et digne d’une vidéo à mettre immédiatement sur YouTube. L’idée étant que chaque fois où Kick Ass est filmé seul : l’impression d’une scène en direct à retrouver sur YouTube. Certains en seront agacés, d’autres y verront un respect total de la personnalité à la fois naïve, adolescente, maladroite du "héros".
Hit-Girl, quant à elle, est caractérisée par une caméra dynamique qui suit l’actrice époustouflante qu’est Chloé Grace Moretz qui, à l’époque du tournage à ses quelques 12 ans, monopolise l’écran. De par ses répliques, par son jeune âge et faisant preuve de la plus grande violence du film, elle est une marque indélébile de l’œuvre. Elle inspire notre héros et capte le spectateur par son intelligence, et surtout … Est une double influence : en trouvant l’inspiration "Kick-Ass", elle apparait comme une icône et parfaite coéquipière qui ne manque pas de cran et a été forgée par la volonté de son père Big Daddy.
Un Nicolas Cage qui m’a particulièrement bluffé dans ce rôle de "Héros" menant sa fille et lui-même dans une voie de Vendetta contre l’individu qui l’a contraint à la prison … S’il se prend rarement au sérieux, il y a un côté affectif rarement atteint dans la plupart de ses rôles (Benjamin Gate, Ghost Rider etc.) qui lui permettent de manier son savoir-faire dans le rôle action tout en y incluant des facettes émotives/père aimant sa fille.
Si bien qu’étant peu fan de ses nombreuses interprétations récentes (Hell Rider par exemple) voire de l’acteur lui-même, on y trouve un petit quelque chose entre sensibilité et père affectif qui permettent à Nicolas Cage de trouver un rôle important, sans trop faire dans l’action tout y incluant beaucoup d’émotions et permettant de placer l’une des musiques les plus intenses du film. (Piste issu du film "28 Jours plus tard")
Même si Red Myst apparait plus tardivement dans le film; sa présence à l’écran témoigne de l’essence même de sa personnalité : un "charisme" copié sur le succès de Kick-Ass. Il en résulte quelque chose de très passif, à l’image du caractère incarné : une succession de plans fixes. (Voiture et scène de la "Mystmobile" – Combats où la caméra bouge peu et se fixe sur le personnage …) Il est, des acteurs à l’écran avec le "Vilain" des films, peut-être les plus caricaturales et l’un des acteurs qui font ressortir l’un des aspects peut-être les moins "appréciables" du film : une forte tendance à un cliché et une présence qui tend le film à pencher vers l’univers "adolescent". Chose d’autant plus étonnante puisque Kick Ass, Hit-Girl et Big Daddy s’éloignent de leur interprétation de ce simple cadre et permettent aux personnages fictifs d’être des personnalités à part entière.
Ce mélange – bien amené – de points de vue est magnifié par la complicité d’une Bande-Son qui, excusez de la subjectivité, mais qui perçoit en chaque moment une occasion de ressortir l’aspect héroïque de scènes banales ou qui arrive à extraire d’évènements déjà émotionnelles l’essentiel des émotions à ressentir. Une forme de Bande Originale qui souligne et met en évidence avec brio les émotions importantes et aide, sans mal, à accompagner non pas à la manière exacte d’un film à la Tarantino, mais qui arrive par des compositions majoritairement originales de Danny Elfman. (Compositeur de prédilection de Tim Burton dans nombre de ses réalisations) Citons par exemple la scène impressionnante où Hit-Girl était censée supposer boire une tasse de Marshmallows avec son père; (Scène soutenu par la piste sobrement appelée "Marshmallows" …) la piste "Big Daddy" ou encore "Hit Girl Drives Home" (Très présente dans le film et normalement soutenue par une Bande-Son presque à son effigie !) ou encore Strobe …
La grande qualité de cette "Original Sountrack" reste sa capacité à accompagner à la fois les "héros" dans leur transformation progressive face à la réalité et à extraire d’eux le meilleur de leurs facultés. Et finalement, à devenir des "héros" de leurs sociétés en faisant preuve de peu de qualités – simples mais perdues – par l’attitude de l’individualisme. Ils deviennent, à leur manière, des icônes du XXIe siècle : l’endurance malgré la souffrance; la bravoure (L’inconscience parfois ? La frontière est parfois … Fine) face à la fourberie de l’adversaire ou le nombre … Ce sont des qualités déjà aperçues par d’autres héros mais qui, portées à l’écran par des acteurs jeunes ou qui, par leur apparence, font forte impression.
Film qui, à de nombreux aspects, tend un devenir une référence en tant qu’adaptation réussie d’un Comics qui tend à devenir "culte". On regrettera notamment, même si le scénario gagne à s’étoffer au-delà de la simple identité héros sans pouvoirs, un vilain peu charismatique même s’il ne manque pas de touches d’humour (Quiproquos en tuant un pauvre adolescent habillé en Kick-Ass; réactions face à des "Bodyguards" niais …) de dialogues remplis – et souvent – de grossièretés parfois inutiles … Seulement voilà : ressort une fois de plus cette tendance et ce fantasme un peu adolescent de devenir à son tour "Super-héros".
Au final … Qu’es-ce que Kick Ass ? Une excellente transposition, quoique dite encore "moins trash" que le Comics original, mais qui recèle de bonnes idées. Un rendu visuel certes qui est loin d’être à l’image de la caméra de l’incroyable rendu de Refn dans Drive ou dans Only God Forgives, mais suffisante à rendre hommage au support dessiné de Kick Ass. Un film qui, à de nombreux aspects, à des qualités à devenir une référence. Parce qu’elle se joue de l’univers Comics, sans inspire, s’en moque à de nombreuses reprises, tout en créant quelque chose de nouveau et permettre à de nouvelles références de devenir à leur tour une autre référence de héros. Elle permet à certains talents de se dévoiler, nous pensons notamment à Aaron Taylor Johnson, (Parait-il stupéfiant dans le rôle de John Lennon dans Nowhere Boy !) et surtout à Chloé Grace Moretz … Que nous aurons grand plaisir à (re)voir dans la suite de Kick Ass : Kick Ass 2 prévu dans nos salles Français le 21 Août 2013 !
Excellent divertissement, plus sérieux dans un regard porté par le Comics sur une société individualiste, intéressé à l’apparence et au plébiscite plus qu’à l’Homme en tant que tel. (Kick Ass est apprécié par ses capacités; Dave Lizewsky raillé par ses camarades de classe) Seulement voilà : le film n’atteindra, pour certains, pas l’excellence attendue dans ce sens où un fort côté "adolescents" dans les dialogues, dans le rôle de Red Myst ou dans celui du vilain, ressort. Une dimension qui stagne le film à ne pas atteindre les nues … Mais qui, incontestablement, recèle de bonnes idées. Il est, en tout cas, un coup de cœur sur le Blog La Maison Musée. Ce qui nous permettra de vous livrer, surement à la place de La Légende de Kaspar Hauser, annoncé déjà dans très peu de salles Françaises (Surtout les plus modestes …) une impression supplémentaire à notre saison prévue de "La Minute du Cinéma" !
Une anecdote ? Le film représente un budget de 30 000 000 de Dollars. Enorme direz-vous. Mais face à 200 000 000 de Dollars pour Man of Steel, soit 15% du budget … Kick-Ass permet de passer un moment de cinéma et, en même temps un beau divertissement. Comme quoi, le Budget ne fait pas toujours tout. Surtout pas la qualité.
On a aimé :
- Une excellente idée à contre-courant de la tendance "Super-héros".
- Un aspect visuel et une manière de filmer chaque "héros".
équilibre assuré entre humour/aventure/émotions.
- Une OST qui accompagne assez bien le film.
- La mise en évidence de certains talents à retrouver dans Kick-Ass 2 : Aaron Taylor-Johnson; Chloé Grace Moretz …
- Un film qui, au fond, ne se prend pas au sérieux et joue sur une carte critique.
- Une adaptation réussie du Comics Original.
– Nicolas Cage : très bon dans la rôle de "Big Daddy" !
- Des références jeux-vidéo, cinéma et Comics : réunies dans un seul film!
On a détesté :
- Une influence "adolescente" : certains clichés, certains acteurs. (Acteur jouant Red Myst qui a joué dans Supergrave – Vilain peu charismatique …)
- Des dialogues grossiers qui ne remplacent pas de réels dialogues.
- Violence qui pourra être jugée excessive par certains spectateurs.
- Le peu de réalisme du film, pouvant s’avérer être une critique.
- Incohérences de certaines scènes. (Coup de poignard sur le costume de Kick Ass … Aucun dégât une fois remis ?)